Carte du Canada avec drapeau de feuille d'érable
123RF

Il est tentant de bouder les actions canadiennes.

D’un côté, les Bourses américaines surpassent la plupart des autres marchés depuis quelques années ; de l’autre, le secteur énergétique canadien joue au yoyo en fonction de l’actualité du pétrole. Il y a de quoi douter des résultats du marché canadien.

Le Canada a certes ses défauts, mais ses mérites sont sous-estimés. Depuis 2009, l’indice composé S&P/TSX a surpassé aussi bien l’indice MSCI EAEO (Europe, Australasie et Extrême-Orient) que l’indice MSCI marchés émergents à cinq reprises et il a fait mieux que le S&P 500 et le MSCI Monde à trois reprises. Le Canada est un des marchés les plus performants de l’année, affichant un gain d’environ 14 % depuis janvier.

Il est important d’avoir un portefeuille diversifié et une bonne composante d’actions internationales et américaines, mais n’excluez pas le Canada!

Nous oublions souvent – notre modestie nationale en est peut-être la cause – que les entreprises performantes d’envergure internationale ne manquent pas chez nous. Shopify a vu son titre grimper de 1 142 % depuis son entrée en Bourse en 2015 ; la société montréalaise Dollarama affiche un gain de 1 381 % depuis 2009 ; Canada Goose a inscrit un bond de 126 % depuis 2017. Et la liste des actions canadiennes en forte croissance ne s’arrête pas là.

De tels placements conviennent à la plupart des portefeuilles, mais ils peuvent aussi être utiles si on anticipe un ralentissement de l’économie canadienne. En effet, Shopify et Canada Goose réalisent une partie de leur chiffre d’affaires à l’étranger et bien d’autres entreprises canadiennes, notamment des banques et des sociétés du secteur de l’énergie, ont des sources de revenus diversifiées à l’échelle mondiale.

Par ailleurs, le marché canadien ne se limite pas aux trois grands secteurs. Les soins de santé et les technologies offrent moins d’options aux investisseurs que d’autres secteurs, mais les sources potentielles d’alpha supplémentaire ne manquent pas. Par exemple, sur cinq ans, le rendement annualisé du secteur des soins de santé est compris entre -20 % et +184 %, et son rendement médian est d’environ 12 %. Ce secteur en forte croissance est donc porteur de valeur.

Le marché canadien ne fera pas d’étincelles. C’est un marché mature et composé de secteurs bien établis. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer son potentiel. À long terme, le bénéfice par action de l’indice composé S&P/TSX pourrait augmenter de 8 %. C’est moins que l’indice MSCI marchés émergents et que l’indice S&P 500, mais ce n’est pas mal du tout. En outre, ce marché est plus stable. Les marchés en développement peuvent enregistrer une croissance plus forte, mais ils sont beaucoup plus volatils.

Le marché canadien est loin d’être parfait et donne des motifs d’inquiétude. Par exemple, le nombre d’inscriptions à la cote de la TSX et de la Bourse de croissance TSV ne cesse de diminuer depuis 2011. Cette année-là, 1 122 sociétés ont été admises à la cote de la TSX. En 2018, le Canada comptait 803 sociétés inscrites. Le nombre de premiers appels publics à l’épargne a lui aussi diminué. En 2011, 19 sociétés ont été admises à la cote de la TSX ; au premier semestre de 2019, seulement deux entreprises se sont inscrites en Bourse.

Les sociétés de capital-investissement et de capital-risque sont responsables de cette baisse des inscriptions. De plus en plus d’entreprises en démarrage restent privées plus longtemps, tandis que les sociétés fermées retirent du marché une part de plus en plus grande de leurs activités.

Cela complique la vie des investisseurs, car cela réduit la diversité d’un marché déjà assez concentré. Si d’autres sociétés de technologie canadiennes décidaient de suivre l’exemple de Shopify et de s’inscrire en Bourse, notre marché connaîtrait une croissance supérieure à la moyenne. Heureusement, la situation devrait finir par changer. Les secteurs autres que les ressources gagnent en importance au sein de l’économie et des sociétés de technologie naissent chaque année.

Le marché canadien est plus performant que ce que la plupart des investisseurs aiment le croire, et la sélection des titres est la meilleure façon d’obtenir des rendements supérieurs à la moyenne. Étant donné la composition du marché et comme le choix de titres a diminué depuis cinq ans, il est impératif de choisir avec soin les sociétés dans son portefeuille.

Les occasions ne manquent pas : ensemble, la TSX et la TSXV représentent, entre autres, 84 actions liées aux technologies propres et aux énergies renouvelables, 157 sociétés du secteur des sciences de la vie, 211 titres technologiques et 114 sociétés du secteur des produits et services de consommation.

Le marché canadien a plus à offrir qu’il n’y paraît : de nombreuses occasions encore inexploitées, des titres de valeur intéressants et des secteurs souvent négligés. Investir chez nous reste une décision pertinente.

Maxime Lemieux est gestionnaire de portefeuille à Fidelity Investments.


• Ce texte a été publié dans l’édition de novembre 2019 du magazine d’Avantages.
Vous pouvez également consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web
.