Couple d'âge mûr planifie une randonnée

Selon un sondage effectué par le ­Financial ­Planning ­Standards ­Council (FPSC), 50 % des personnes âgées de 60 ans et plus ont au moins une préoccupation financière, tel le remboursement des dettes ou le manque d’­épargne-retraite.

Par ailleurs, 70 % de celles encore actives sur le marché du travail le sont pour des raisons financières. Toujours pour éponger des dettes ou bonifier leur épargne, mais aussi parce qu’elles aident leurs enfants financièrement.

Du point de vue des employeurs, le fait que certains employés retardent leur date de retraite peut être positif. Par exemple, un travailleur plus âgé compte plus d’expérience et a la capacité de servir de mentor. Certains employeurs cherchent d’ailleurs résolument à conserver ces employés expérimentés dotés de compétences uniques. Par contre, chez l’employé, la perspective est différente.

Quels sont alors les défis que pose cette situation aux entreprises, et quelles en sont les causes et les solutions possibles ? ­Un employé qui retarde sa retraite pour des raisons financières peut potentiellement bloquer la promotion à l’interne d’un jeune, qui voit alors ses options limitées. Avec la pénurie de ­main-d’œuvre que l’on connaît actuellement, les jeunes talents sont rares et les entreprises veulent tout faire pour les garder.

Notons que la productivité est moindre et le taux d’absentéisme plus élevé chez ces employés qui préféreraient faire autre chose que de continuer à travailler. Avec une moyenne d’âge des salariés plus élevée et donc le potentiel d’une consommation accrue de soins médicaux, il y a aussi une incidence sur le coût des assurances collectives.

Selon une étude effectuée par ­Prudential ­Financial en 2017, un employé qui retarde sa retraite d’un an peut entraîner un coût financier supplémentaire pour l’entreprise de plus de 50 000 $ ­US par année. Ce chiffre serait la différence moyenne entre la rémunération d’un nouvel employé au début de sa carrière et de celui qui prend sa retraite. Ce retard cause aussi une augmentation de 1 à 1,5 % des coûts directs et indirects reliés à la masse salariale.

À cause du manque d’éducation financière, la moitié des employés affirment être stressés par leurs finances. Avec le temps, les dettes s’accumulent, les choix financiers deviennent de plus en plus limités et la préparation à la retraite ne fait plus partie des priorités financières jusqu’à un âge très avancé.

L’employé peut ainsi se retrouver à sept ans de la retraite sans aucune préparation ; une des seules solutions viables est donc de continuer à travailler.

Toujours selon le sondage de la ­FPSC, la moitié des personnes âgées de 80 ans et plus comptent sur un régime de retraite d’entreprise. Ce chiffre descend à 41 % pour celles entre 60 et 69 ans. Plus frustrant encore : certaines entreprises offrent aujourd’hui des régimes à cotisation déterminée généreux aux employés, mais ces derniers n’en profitent pas.

Plus le processus commence tôt, plus les employés pourront prendre une retraite confortable. Pour sensibiliser les employés, un programme de ­mieux-être financier qui leur permet de prendre conscience de leur situation financière, d’améliorer leurs habitudes et de fixer des objectifs constitue une approche ­gagnant-gagnant. L’employé sera ainsi moins stressé et plus productif. Quant à lui, l’employeur réalisera des économies importantes. Il est important de choisir un programme qui offre des solutions multiplateformes, c’­est-à-dire en ligne, au téléphone ou encore en personne, pour mieux s’adapter à la réalité de chaque employé. Aussi, le promoteur doit offrir des solutions objectives sans vente de produits financiers.

Les régimes de retraite disponibles dans les entreprises doivent être mieux présentés aux employés. Souvent, ces derniers disent qu’ils en entendent parler la première journée d’embauche et plus jamais par la suite. Communiquer régulièrement à cet égard fera croître l’adhésion. Aussi, lorsque l’employeur cotise au régime de retraite, cela encourage encore plus la participation des effectifs.

Finalement, les entreprises comprennent bien aujourd’hui l’importance d’une bonne santé physique ou encore d’une alimentation équilibrée chez leurs employés. Ils en saisissent les effets positifs, tant pour eux que pour leurs travailleurs, et élaborent des programmes en conséquence. En intégrant un programme de santé financière, l’entreprise créera plus de valeur pour ses employés et en récoltera les fruits. En plus de permettre à ses employés de prendre leur retraite au moment voulu, que ce soit à 55 ans ou plus tard.

Amine ­Chbani, ­MBA, ­Pl. Fin., est président et fondateur de FinEduc ­Performance.


• Ce texte a été publié dans l’édition de mars 2019 du magazine d’Avantages.
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