Les avantages de la fidélisation des bons employés l’­emportent-ils sur les coûts supplémentaires liés à l’utilisation d’évaluations psychométriques dans le processus de sélection ? ­Voilà une question essentielle pour les équipes ­RH d’aujourd’hui.

Le recrutement est déjà coûteux. En plus des frais directs, il faut tenir compte du « coût » de la participation des employés au processus d’entrevue ou à la gestion de centres d’évaluation. Il y a aussi la formation d’une nouvelle recrue. ­Vaut-il vraiment la peine d’investir davantage dans des tests de personnalité, d’aptitudes et de jugement situationnel ?

Il est essentiel de garder en tête que de nombreux candidats seront inaptes à occuper l’emploi proposé et cadreront mal avec l’entreprise. Leur embauche entraîne deux conséquences graves :

1. Mauvais rendement. Souvent, les personnes peu productives peuvent entretenir du cynisme et du mépris envers l’entreprise. En conséquence, elles peuvent entraîner leurs collègues dans leur négativité et tuer la motivation de leur équipe. Avec un peu de chance, ces personnes quitteront l’entreprise parce que le travail ne correspond pas à leurs attentes. Autrement, elles resteront et continueront de fournir un rendement insatisfaisant jusqu’à ce qu’on mette fin à leur contrat.

2. Attrition anticipée. Les coûts de l’attrition hâtive vont ­au-delà de la perte de compétences et de productivité, et même des coûts de recrutement et de formation d’un remplaçant. L’attrition perturbe les activités, car les employés doivent augmenter leur charge de travail jusqu’à l’arrivée d’un remplaçant. Les départs fréquents affectent ainsi le moral du reste de l’équipe. De plus, le roulement du personnel peut aussi nuire à la qualité de l’expérience client et donc à la marque de l’entreprise et à sa rentabilité.

Par contre, lorsque les gens sont très mobilisés et productifs, trois choses se produisent : les coûts de recrutement diminuent, les clients deviennent plus satisfaits et les résultats s’améliorent. Pour y parvenir, il faut un processus en deux étapes.

Tout d’abord, il vaut mieux embaucher des gens susceptibles d’être mobilisés par les valeurs de l’entreprise et les exigences du poste afin d’éviter les coûts liés à un mauvais rendement et à une attrition hâtive. Les évaluations psychométriques permettent également d’économiser de l’argent en améliorant le processus de sélection, les candidats étant moins susceptibles de se retirer du processus.

La deuxième étape consiste à rendre le travail stimulant, intéressant et amusant. Les employés veulent tous avoir un sentiment d’accomplissement et sentir que le temps qu’ils consacrent au travail en vaut la chandelle. La mission et les valeurs de l’entreprise sont source de motivation des employés, qui veulent être autonomes dans leurs fonctions et capables de se concentrer sur les besoins des clients. Aider les employés à atteindre ces objectifs et à répondre à leurs attentes en matière de travail, c’est les fidéliser.

Par ailleurs, mettre trop l’accent sur la marque employeur et créer de fausses attentes quant aux emplois aide à attirer de bonnes personnes, mais n’assure pas leur fidélité.

Une façon d’y parvenir consiste à utiliser l’aperçu réaliste des tâches. Il s’agit d’une expérience interactive en ligne qui présente les exigences de l’emploi et la culture de l’entreprise. Ainsi, les candidats peuvent prendre une décision éclairée sur le poste. L’établissement alimente son bassin de candidats avec des personnes susceptibles de convenir à sa réalité. Les études montrent que les candidats ayant une meilleure idée du poste avant de poser leur candidature restent généralement plus longtemps dans l’entreprise.

Donc, oui, les évaluations psychométriques et un aperçu réaliste des tâches augmentent les dépenses liées au recrutement. Cependant, ces outils sont très rentables pour éviter les coûts liés à l’embauche de la mauvaise personne. De surcroît, les employés mieux adaptés au poste et davantage mobilisés resteront plus longtemps et afficheront un rendement plus élevé. Comme les équipes des ­RH partout dans le monde peuvent en témoigner, ces avantages l’emportent largement sur les coûts associés.

Andreas ­Lohff est chef de la direction de ­Solutions d’évaluation, une division d’Aon.


• Ce texte est paru dans l’édition de novembre 2018 d’Avantages.

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