L’offre en santé et mieux-être est un critère important de sélection d’emploi pour près des deux tiers des employés. Mais comment opter pour un programme efficace?

Finie l’époque où les gestionnaires essayaient des programmes de santé et mieux-être choisis au hasard et les ajustaient après essais-erreurs. Dans le contexte actuel, où de nombreux employeurs peinent à recruter, l’offre en santé et mieux-être ne peut plus être considérée à la légère. D’autant plus que des outils ont été développés pour s’assurer de choisir le bon programme adapté aux besoins spécifiques de l’entreprise.

Un facteur d’attraction et de rétention

Dans les milieux où le recrutement de personnel qualifié est un défi, l’offre en santé et mieux-être est devenue un élément essentiel pour se démarquer. « L’arrivée des Y sur le marché du travail nécessite de s’adapter à de nouvelles préoccupations, indique Pierre Marion, directeur de marché, Québec à Croix Bleue Medavie. Cette génération s’attend à un milieu de travail offrant un certain équilibre entre le travail, la famille et les activités sociales. Ces jeunes employés souhaitent aussi avoir un emploi qui leur permettra de gérer le stress généré par leurs responsabilités. »

Pour d’autres employeurs, les stratégies de santé et mieux-être permettent de réduire les coûts d’absence et d’invalidité. « Ils voient cela comme un investissement pour avoir des employés plus en santé », explique Michèle Parent, directrice, Services-conseils en santé à Morneau Shepell.

Évidemment, il n’est pas impossible d’agir sur les deux fronts.

« Il faut considérer la démographie de l’entreprise, mais aussi sa situation géographique. »

Michèle Parent, Morneau Shepell

Les étapes d’une mise en place efficace

Pour être efficace, un programme de santé et mieux-être doit s’inscrire dans une approche globale et intégrée qui correspond aux cinq étapes de la norme « Entreprise en santé ». Ces cinq étapes sont l’engagement de la haute direction, la mise en place d’un comité de santé et mieux-être qui s’assurera de la participation des employés, le diagnostic pour établir les besoins, la sensibilisation des gestionnaires et l’évaluation du programme afin de le moduler si cela s’avère nécessaire.

Tous s’entendent pour dire qu’il serait vain de mettre en place un programme de santé et mieux-être sans avoir préalablement évalué les besoins des employés, qui peuvent varier d’un milieu de travail à un autre. « On peut le faire en sondant les employés ou en évaluant les coûts d’absence et d’invalidité et leurs causes », précise Michèle Parent. « Il existe de nombreux outils d’évaluation des facteurs de risque liés aux habitudes de vie, ajoute Pierre Marion. À partir de là, on peut faire un bilan organisationnel, puis mettre en place des outils qui permettront de répondre aux enjeux identifiés. »

De toute évidence, un même programme de santé et mieux-être ne sera pas adapté aux besoins de deux entreprises différentes. « Si on analyse que 75 % des employés ont un problème d’activité physique et que 11 % fument, il sera moins pertinent de miser sur un programme de cessation du tabagisme que sur un programme d’activité physique », explique Pierre Marion. Par ailleurs, l’âge influe fortement sur les préoccupations, ajoute-t-il. « Les jeunes regardent beaucoup ce qui est accessible concernant la santé et le mieux-être, tandis que les baby-boomers s’intéressent davantage aux programmes de prévention ou de gestion des maladies chroniques. »

Bien sûr, le contexte de travail est un élément à ne pas négliger. « Il faut considérer la démographie de l’entreprise, mais aussi sa situation géographique, ajoute Michèle Parent. L’accès aux services pourrait être différent pour une entreprise située au centre-ville de Montréal et une autre à Rimouski. Si les employés expriment le besoin d’avoir une salle d’exercice sur place et qu’il y a quatre centres d’activité physique dans un périmètre d’un kilomètre, on aura peut-être intérêt à négocier une réduction sur un abonnement ou à offrir une plus grande flexibilité pour permettre aux employés d’y aller. »

Des facteurs organisationnels à considérer

Outre les facteurs individuels de santé et mieux-être, les facteurs organisationnels ont une influence majeure sur la santé des employés, comme l’a révélé l’étude SALVEO réalisée conjointement par l’Université de Montréal, l’Université Concordia et l’Université Laval.

« La prise en compte de cet aspect est relativement nouveau, indique Michèle Parent. Ainsi, pour répondre aux problèmes de santé mentale, qui sont souvent la première cause d’invalidité dans les entreprises, on a longtemps misé sur des services de soutien, comme le programme d’aide aux employés, des ateliers sur la gestion du stress ou des massages sur chaise. Dans les dernières années, les sociétés se sont montrées plus sensibles au fait qu’il existe peut-être une [autre] façon de gérer les employés qui influence leur santé mentale et leur santé physique. »

Ces facteurs organisationnels sont d’autant plus importants qu’un récent sondage mené par Morneau Shepell a révélé que le stress en milieu de travail est en hausse au Canada, où plus du tiers des employés se disent plus stressés qu’il y a cinq ans par leur travail (35 %) et le quart des employés (27 %) qualifient d’élevé à extrême leur niveau de stress lié au travail au cours des six derniers mois.

Ainsi, la conciliation vie personnelle-vie professionnelle, les pratiques de gestion et l’environnement de travail devraient également être pris en compte dans l’élaboration d’un programme de santé et mieux-être. « Il est important d’offrir une certaine flexibilité, comme la possibilité d’avoir un horaire variable en début et en fin de journée ou de faire du télétravail », constate Pierre Marion.

D’ailleurs, l’étude SALVEO a révélé que la conciliation travail-famille est l’un des éléments les plus importants, tant pour l’épuisement professionnel que pour la détresse psychologique et la dépression. L’étude a révélé que les entreprises qui offrent des services axés sur la conciliation travail-vie personnelle sont 77 % plus susceptibles de réduire le nombre de demandes de règlement pour cause de santé mentale.

Par ailleurs, les facteurs organisationnels nécessitent une cohérence entre les objectifs du programme et l’environnement de travail mis en place. « Si une entreprise identifie que l’obésité est un problème de santé dominant et décide de mettre en place certaines initiatives liées à la nutrition, il faut s’assurer que sa cafétéria offre des choix sains, explique Michèle Parent. Dans le même ordre d’idées, on ne devrait pas organiser des activités physiques en fin de journée si les gestionnaires sont un frein à la participation des employés. »

Les erreurs à éviter

Il n’est pas rare de voir des sociétés proposer un programme d’activité physique de trois mois ou un projet sur l’alimentation sans suivi. « Les activités ponctuelles sans suivi sont comme des coups d’épée dans l’eau, prévient Pierre Marion. Il faut que le programme soit bâti sur des assises solides, c’est-à-dire qu’il y ait eu une évaluation des besoins de l’entreprise. »

Du même avis, Michèle Parent donne l’exemple de conférenciers vedettes que des employeurs pourraient être tentés d’inviter, même si le thème de la conférence ne s’inscrit pas dans le cadre d’une approche globale en santé et mieux-être. « Il faut indéniablement éviter de proposer des activités ponctuelles qui ne s’inscrivent dans aucun cadre, aucun objectif », insiste-t-elle.

Les clés du succès

Finalement, tous les spécialistes en assurance collective le martèlent depuis des années : l’adhésion des gestionnaires est primordiale pour qu’un programme en santé et mieux-être devienne un levier efficace d’attraction, de rétention et de performance des équipes, ainsi qu’un moyen de réduire les coûts liés à la non-santé. « Il faut que la direction soit convaincue ! » insiste Pierre Marion.

« L’expérience de l’employé passe beaucoup par son gestionnaire, renchérit Michèle Parent. Cela nécessite la présence de gestionnaires qui favoriseront la santé de leurs employés et qui vont tout faire pour les soutenir quand ils auront des problèmes. Il est essentiel que les entreprises investissent dans la sensibilisation et la formation des gestionnaires s’ils veulent que leur programme de santé et mieux-être fonctionne. »

Une stratégie gagnante

Le succès d’un programme de santé et mieux-être repose sur une approche :

• Globale et intégrée : Le programme doit faire partie intégrante de la culture d’entreprise et prendre en compte les programmes existants, tels que la gestion des absences et le programme d’aide aux employés, et s’assurer de faire les liens entre eux.

• Ciblée : Il est fondamental de déterminer précisément les problèmes physiques et psychologiques des employés afin de mettre en place les interventions qui auront une plus grande portée.

• Mesurable : Il importe de pouvoir mesurer l’effet des interventions, tant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Source : SALVEO


• Ce texte a été publié dans l’édition de mars 2019 du magazine d’Avantages.
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