La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a livré un rendement de 7,7 % en 2020, un résultat inférieur à son indice de référence, à la suite d’une année où ses centres commerciaux et ses immeubles de bureaux ont enregistré une « contre-performance » en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19.

Néanmoins, dans un « contexte inédit », le gestionnaire de régimes de retraite et d’assurance publics et parapublics a été en mesure d’offrir une performance qui répond aux demandes de ses déposants, dont les besoins sont en moyenne de 6 %, a estimé son président et chef de la direction, Charles Émond.

« C’était une crise sans précédent, a-t-il expliqué, jeudi, dans le cadre de la présentation des résultats annuels. Tout a fermé d’un seul coup (au printemps). Ce qui est assez particulier, c’est que ce confinement avait fait plonger (l’activité de) certains secteurs à zéro. »

La performance annuelle du bas de laine des Québécois a été inférieure de 1,5 point de pourcentage à son indice de référence (9,2 %). La Caisse a rebondi en deuxième moitié d’année après avoir livré une performance négative de 2,3 % au premier semestre en 2020.

De plus, la Caisse a connu une meilleure année que le régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, OMERS, qui a fait état, jeudi, d’un rendement négatif de 2,7 % l’année dernière,  une première depuis la crise financière de 2008.

Les secousses provoquées par la crise sanitaire ont considérablement freiné le repositionnement du portefeuille immobilier, dans lequel on retrouve notamment les centres commerciaux et les immeubles de bureaux, qui a livré un rendement négatif de 15,6 %. L’indice de référence enregistrait une contraction de 1,7 %.

« Des centres (commerciaux) fermés et des bureaux presque déserts », a laissé tomber la présidente et chef de la direction d’Ivanhoé Cambridge, Nathalie Palladitcheff. « C’était déjà le cas en milieu d’année et comme vous le savez, cela ne s’est pas amélioré, puisqu’il y a eu une deuxième vague. »

Le bras immobilier de la CDPQ est également présent dans le secteur industriel, où il souhaite accroître son exposition, notamment dans le segment de la logistique. Il y a un an, Mme Palladitcheff avait exprimé le souhait de se départir d’environ le tiers des 25 centres commerciaux appartenant à Ivanhoé Cambridge au Canada. Une seule transaction a eu lieu à ce chapitre, soit la vente du centre Woodgrove à Vancouver.

« La stratégie (échelonnée sur trois ans) n’a pas changé, mais nous avons traversé une année où les volumes de transactions ont été réduits de 34 %, a-t-elle expliqué. Nous n’avons pas pu aller aussi vite que nous l’aurions voulu. »

Les centres commerciaux représentent désormais moins de 20 % du portefeuille de 60 milliards $ d’Ivanhoé Cambridge, a indiqué sa présidente.

En dépit des déboires d’actifs comme des aéroports, le portrait a été différent du côté des infrastructures grâce à une performance de 5,1 %, largement supérieure à celle de l’indice de référence, avec 0,5 %.

En ce qui a trait aux actions, le rendement global a été de 12,4 %, soit 0,3 point de pourcentage sous l’indice de référence. Le rendement des marchés boursiers a été de 8,3 %, tandis que l’indice de référence a grimpé de 12,9 %. Selon M. Émond, cet écart s’explique par la sous-exposition de la Caisse aux géants du web.

L’an dernier l’indice boursier S&P 500 a livré un rendement d’environ 16 %. Toutefois, près de 70 % de cette performance était attribuable à huit titres technologiques, Apple, Amazon, Facebook, Microsoft, Alphabet, Nvidia, Paypal et Netflix, a expliqué la Caisse. M. Émond a souligné que l’institution ne pouvait se permettre d’être aussi exposée à un secteur.

Néanmoins, la CDPQ s’affaire à peaufiner sa stratégie en bourse pour bénéficier davantage de certains titres de croissance. « C’est une question de dosage, a dit M. Émond. On veut élargir l’univers d’investissement. C’est comme dire “on pêche ailleurs dans le lac”. On s’attribue une exposition, un style de valeur, un style de croissance et un style de qualité. »

Dans le secteur des placements privés, les attentes ont été largement dépassées en vertu d’une performance de 20,7 %, par rapport à une croissance de 9,9 % de l’indice de référence. La Caisse a grandement profité de sa participation dans l’entreprise de paiement montréalaise Nuvei, qui a effectué son entrée en bourse l’an dernier.

Le secteur des revenus fixes, où l’on gère notamment des obligations et d’autres instruments, a surpassé sa cible grâce à un rendement de 9 %.

En date du 31 décembre, l’actif net du plus grand investisseur institutionnel de la province s’établissait à 365 milliards $, en hausse d’environ 25 milliards $ par rapport à la fin de 2019.
Sur un horizon de cinq ans, le rendement de la CDPQ s’établit à 7,8 %, ce qui est supérieur de 0,2 point de pourcentage à celui de l’indice de référence. Au cours des 10 dernières années, la performance atteint 8,6 %, par rapport à un indice de référence de 8,2 %.

Année pénible pour OMERS

La valeur du portefeuille du Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) a diminué de 2,7 %, exclusion faite des dépenses, l’an dernier, alors que la pandémie de COVID-19 minait ses investissements.

Le gestionnaire de fonds a indiqué que des confinements généralisés dans ses investissements, qui comprennent des propriétés de commerce de détail et touchent les secteurs du transport et du divertissement, expliquent plus de la moitié de son manque à gagner par rapport à son indice de référence pour l’année.

Le portefeuille d’OMERS comprend également des allocations importantes aux services financiers et aux activités énergétiques versant des dividendes, des secteurs qui ne se sont pas complètement rétablis lors de la reprise du marché à la fin de l’année dernière.

OMERS a indiqué avoir également été affecté par un rebond du dollar canadien après sa chute brutale au début de la pandémie.
Le fonds gère les investissements pour payer les prestations de retraite des employés municipaux de collectivités à travers l’Ontario. Sa capitalisation sur une base de valeur lissée s’est maintenue à 97 %.

« Nous sommes un investisseur à long terme qui verse des pensions sur des décennies, et compte tenu de la solidité de notre équipe et de notre stratégie, cette seule année ne nous définira pas », a affirmé dans un communiqué le chef de la direction d’OMERS, Blake Hutcheson.

« Nous sommes des investisseurs et des gestionnaires d’actifs engagés avec des actifs diversifiés de grande qualité à l’échelle mondiale et nous croyons au solide avenir d’investissement que représente notre portefeuille pour plus de 500 000 membres et pour nos plus de 1000 employeurs en Ontario. »