Même si la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) n’a pas échappé aux turbulences provoquées par la pandémie de COVID-19, il n’y a «jamais eu l’ombre d’un problème au chapitre des liquidités» pour répondre aux besoins des déposants tout en continuant de jouer son rôle, a assuré son président et chef de la direction, Charles Emond.

La CDPQ aurait pu subir une crise de l’ampleur de celle de 2008 (la dernière crise financière) sans être affectée au niveau des liquidités, a-t-il dit, en vantant les stratégies de gestion des risques déployées au cours de la dernière décennie. «Ses bases sont extrêmement solides.»

Dans le cadre d’un événement virtuel organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mardi, Charles Emond a abordé des thèmes comme le contexte économique mondial, la transformation du Québec inc. ainsi que les orientations du bas de laine des Québécois.

Au premier semestre terminé le 30 juin, la CDPQ avait affiché un rendement négatif de 2,3 %, avec un actif net qui avait reculé à 333 G$.

La crise sanitaire a eu des répercussions plus prononcées en ce qui concerne des actifs réels, comme les infrastructures du secteur des transports, a expliqué son grand patron, ainsi que du côté des centres commerciaux dans le secteur immobilier.

«On ne peut pas retourner un portefeuille de 60 G$ en immobilier sur une fin de semaine de trois jours, a affirmé M. Émond, à propos des centres commerciaux. Nos déposants ne veulent pas qu’on fasse une vente de feu.»

Dans la cible

En ce qui a trait au Réseau express métropolitain (REM), piloté par CDPQ Infra, le rendement devrait être au rendez-vous pour l’institution, a estimé son grand patron.

La facture actuellement estimée à 6,3 G$ grimpera d’au moins 80 M$ en raison d’éléments liés à la pandémie de COVID-19 ainsi qu’à des mauvaises surprises survenues dans le cadre des travaux effectués dans le tunnel Mont-Royal. Il y aura également des retards variant entre trois et six mois.

«Je suis content en ce sens que le rendement prévu de ce projet demeure dans la fourchette que l’on prévoyait», a dit M. Émond, en affirmant que des événements «totalement imprévus» étaient survenus.

La Caisse vise un rendement annualisé oscillant aux alentours de 8 % pour son réseau électrique de 67 kilomètres qui doit comprendre 26 stations.

Element AI a mobilisé les équipe de la Caisse pendant très longtemps

Element AI, considérée comme l’un des symboles de l’intelligence artificielle au Québec et qui sera rachetée par la société californienne ServiceNow, s’est retrouvée au coeur des préoccupations quotidiennes de la CCDPQ au cours des deux dernières années. La transaction a reçu un accueil plutôt négatif dans la province.

«Est-ce que c’est exactement le scénario qu’on aurait voulu? Pas exactement, c’est certain, a concédé Charles Emond. C’est une entreprise dans laquelle on a investi alors que la situation était très difficile financièrement. En fait, ce n’était pas un modèle d’affaires qui était rentable.»

Element AI, cofondée en 2016 par le chercheur de renom Yoshua Bengio et qui a déjà compté environ un demi-millier d’employés, éprouvait de sérieuses difficultés financières ainsi que des défis au chapitre de la commercialisation. La société montréalaise propose notamment des solutions d’intelligence artificielle s’inspirant de l’apprentissage profond pour des secteurs comme la cybersécurité, l’assurance, la finance ainsi que la logistique.

M. Émond a indiqué que la CDPQ détenait une participation d’environ 10 %, un placement oscillant entre 30 M$ et 50 M$, dans Element AI après avoir participé l’an dernier à une ronde de financement de plus de 200 M$ US où l’on retrouvait également le gouvernement québécois.

«Je mettrais probablement Element AI dans les dossiers qui ont le plus occupé les équipes dans les deux dernières années, a lancé le patron de la CDPQ. C’était quotidien. Notre équipe capital de risque les a accompagnés, aidés dans leur financement. Ils ont ouvert des portes pour eux auprès de certains clients au Québec. Je me suis même investi personnellement.»