La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) affiche un rendement de 7,2 % en 2023, après une année caractérisée par une instabilité des marchés.
L’actif net du bas de laine des Québécois a ainsi grimpé de 32 milliards $ pour atteindre 434 milliards $ en date du 31 décembre 2023, selon ses résultats dévoilés jeudi.
Il s’agit d’un rebond pour la Caisse par rapport à 2022, qui s’était soldé par un rendement négatif de 5,6 % et donc une perte de 18 milliards $ de l’actif net.
Le président et chef de la direction de la CDPQ, Charles Emond, a souligné que la « volatilité des taux a été historique » en 2023 et les marchés boursiers ont été propulsés par « seulement sept titres technologiques américains ».
Cette volatilité est une nouvelle réalité qui s’impose depuis 2020 avec des conditions de marché passant « d’un extrême à l’autre », expose-t-il.
« Face à ce contexte, notre portefeuille global s’est bien comporté et les régimes de nos déposants demeurent en excellente santé financière », a affirmé M. Emond.
Le rendement de 7,2 % est en ligne avec son portefeuille de référence à 7,3 %. Sur une période de cinq ans, la Caisse a réalisé un rendement annualisé de 6,4 %. Le rendement s’établit à 7,4 % sur 10 ans.
Au cours des quatre dernières années, l’actif net de la CDPQ a progressé de près de 100 milliards $.
En 2023, les nouveaux investissements et engagements de la Caisse ont totalisé environ 5 milliards $. La valeur de l’actif total au Québec a atteint 88 milliards $, en hausse de 10 milliards $ par rapport à 2022.
Parmi les investissements, figure le financement d’environ 200 millions $ (150 millions $ US) sous forme de dette convertible dans Northvolt AB pour la construction d’une usine entièrement intégrée de batteries sur la Rive-Sud de Montréal.
La Caisse se montre toujours confortable avec le projet, malgré les critiques grandissantes à l’égard de ses impacts sur le plan environnemental, dont la destruction de milieux humides.
À titre d’investisseur, la CDPQ perçoit cette industrie comme prometteuse en matière de croissance et Northvolt s’avère le « meilleur joueur » de son secteur, a fait savoir M. Emond.
« C’est un investissement pour nous qui rencontre les critères qu’on a », a-t-il dit.
« Année charnière »
M. Emond entrevoit 2024 comme une « année charnière », pointant entre autres les décisions à venir des banques centrales sur les taux d’intérêt, le contrôle de l’inflation et le ralentissement de l’économie mondiale.
La situation restera difficile. Le chemin vers un équilibre prendra du temps et sera sinueux, selon lui.
« On va faire face à une multitude de scénarios en 2024. (…) L’important, c’est d’être préparé à toutes ces éventualités. On a un portefeuille, je pense, qui a démontré sa capacité à faire face à des turbulences », a-t-il déclaré en conférence de presse.
L’immobilier en difficulté
À l’inverse de l’actif net, le portefeuille immobilier de la CDPQ a enregistré un rendement négatif de 6,2 % pour 2023, ce qui représente toutefois une meilleure performance que l’indice de référence à -10 %.
Le contexte économique actuel avec la hausse des taux a été particulièrement « hostile » au marché sur le plan mondial, a évoqué Nathalie Palladitcheff, la présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge, l’une des filières immobilières de la Caisse.
Elle a expliqué que le repositionnement de ce portefeuille vers d’autres secteurs de l’immobilier, amorcé il y a quelques années, a permis à celui-ci d’être moins affecté par la conjoncture.
En janvier dernier, la CDPQ a annoncé qu’elle intégrait en son sein Ivanhoé Cambridge et sa seconde filière immobilière, Otéra Capital. L’institution prévoit de compléter l’intégration d’ici 18 à 24 mois.
Elle espère dégager des gains d’efficacité de 100 millions $ grâce aux synergies tirées de l’intégration des deux filiales. Une partie de ce montant proviendrait d’une réduction des effectifs.
M. Emond n’a pas voulu s’avancer sur le nombre de pertes d’emplois. « On est encore en milieu de ce processus-là, d’évaluer nos équipes. Est-ce qu’on parle de dizaines ? Non. On parle plus de quelque chose d’important, de substantiel en nombre d’employés », a-t-il dit.
Cependant, il ne s’agit « pas (d’)un démantèlement » des deux organisations, a voulu clarifier M. Emond. Le projet n’est pas non plus lié au contexte économique.
« C’est quelque chose dont on discutait depuis plusieurs années. (…) C’est quelque chose de stratégiquement où l’on voit qu’il y a plein de bénéfices », a-t-il précisé.
Dans la foulée de cette intégration, Mme Palladitcheff a décidé de quitter ses fonctions en avril prochain, tandis que la présidente et cheffe de la direction d’Otéra Capital, Rana Ghorayeb, restera en poste.