La très forte exposition des régimes de retraite canadiens aux actions locales a eu pour conséquence d’écraser leurs rendements au cours des 12 dernières années, selon une étude de FTSE Russell menée au Canada, aux États-Unis, au Japon, en Australie et au Royaume-Uni.

En moyenne, les caisses de retraite canadiennes ont une exposition sept fois plus élevée aux actions canadiennes (21 % de leur actif total) que le poids du marché boursier canadien dans l’indice FTSE All-World (3 %). Parmi les cinq pays étudiés, il n’y a qu’en Australie où les caisses de retraite possèdent un biais domestique plus important qu’au Canada, peut-on lire dans le Financial Post.

Le problème, c’est que la destinée de la bourse canadienne dépend surtout de trois secteurs : le pétrole et le gaz, les produits de base et les services financiers. À eux-seuls, ces trois secteurs constituent 70 % du marché canadien des actions. Or, les entreprises de deux de ces trois secteurs ont moins bien performé que leurs concurrents internationaux au cours des 12 dernières années.

Ainsi, du 31 décembre 2017 au 28 juin 2019, le secteur canadien du pétrole et du gaz a enregistré un rendement négatif de 1 %, alors que le même secteur à l’échelle internationale (en excluant le Canada) a généré un rendement positif de 2 %. Une disparité encore plus grande a été observée dans le secteur des produits de base, alors que les sociétés canadiennes ont perdu 3 % de leur valeur pendant que leurs concurrentes à l’extérieur du pays ont gagné 4 %.

Occasions perdues

Le fort biais domestique des caisses de retraite canadiennes nuit donc à la diversification de leurs portefeuilles et les empêchent de saisir certaines occasions de croissance, particulièrement dans le secteur technologique. Sous-représentées dans l’indice S&P/TSX, les sociétés technologiques canadiennes ont perdu plus de 4 % de leur valeur au cours des 12 dernières années, tandis que leurs concurrentes à l’échelle mondiale ont affiché des gains d’environ 13 %.

La propension des régimes de retraite canadiens à allouer une large portion de leur portefeuille d’actions au marché canadien serait une question d’habitude et de familiarité, selon Robert Kavcic, économiste principal à BMO.

« Je ne serais pas surpris si on me disait que les portefeuilles équilibrés typiques des investisseurs canadiens comportent 30, 40 ou même 50 % d’actions canadiennes. Cette surpondération cause une perte de diversification et une faible exposition à certaines industries, si on compare avec le S&P 500 par exemple », dit-il.

La Caisse de dépôt et placement du Québec et la British Columbia Investment Management Corporation allouent 18 % de leurs portefeuilles d’actions aux titres canadiens, comparativement à seulement 6 % pour l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC) et Teachers.

L’OIRPC explique ne pas établir de cibles d’investissement précises en fonction des pays et estime que détenir un portefeuille bien diversifié ne veut pas dire d’investir dans 180 pays selon leur poids dans le marché boursier mondial. « Nous avons certains biais domestiques, car nous privilégions les marchés qui, à notre avis, offrent de meilleurs rendements ajustés au risque », a indiqué au Financial Post le porte-parole de l’OIRPC, Michel Leduc.