Les caisses de retraite canadiennes feront de plus en plus confiance à leurs propres équipes à l’interne pour gérer leur actif, alors qu’un tel modèle de gestion a démontré sa résilience au cours des derniers mois, révèle une nouvelle recherche de CIBC Mellon.

Ainsi, la portion des actifs et des activités de placement gérées à l’interne passeront de 22 % aujourd’hui à 28 % dans un an, évaluent les 50 grandes caisses de retraite consultées dans le cadre de l’étude. Selon CIBC Mellon, cela peut indiquer un désir de réduire les coûts, mais cet intérêt accru pour la gestion interne peut aussi s’expliquer par les solides antécédents du secteur des caisses de retraite canadiennes dans ce type de gestion.

L’immobilier (58 %) et les actions (48 %) sont les catégories d’actif où la plus grande partie des caisses de retraite prévoit augmenter la gestion interne au cours des 12 à 24 prochains mois, suivis des titres à revenu fixe (44 %) et du capital-investissement (38 %).

Certaines catégories d’actifs semblent d’ailleurs plus propices à la gestion interne que d’autres. À l’heure actuelle, 40 % des liquidités, 35 % des placements immobiliers et 29 % des titres de dette privée et des actions font l’objet d’une gestion à l’interne.

En revanche, dans des domaines plus spécialisés, les régimes se tournent plus volontiers vers des gestionnaires externes. Par exemple, seulement 3 % des régimes disent négocier des produits dérivés cotés en bourse à l’interne. La proportion n’est guère plus élevée pour le capital-investissement (7 %). Aucune des 50 caisses de retraite interrogées n’a indiqué géré des fonds de couverture à l’interne. De toute manière, l’appétit pour ce type de fonds demeure très faible chez les investisseurs institutionnels, et ce, à l’échelle mondiale.

Modèle de collaboration

Selon les auteurs du rapports, ces résultats confirment également que les caisses de retraite canadiennes continuent de constater l’importance de tirer parti des gestionnaires externes pour générer des rendements dans les principales catégories d’actifs. « Il s’agit peut-être de reconnaître que peu d’organisations peuvent être excellentes dans tous les domaines, et que pour atteindre les résultats escomptés, il faut un investissement considérable en technologie, en talent et en temps », peut-on lire dans le rapport.

« De nombreuses caisses de retraite canadiennes adoptent une approche nuancée de la gestion des actifs. Le cas échéant, ils travaillent avec des équipes internes et cela semble augmenter, explique Alistair Almeida, chef de segment des propriétaires d’actifs à CIBC Mellon. Partout ailleurs, ils recherchent des partenariats et des collaborations, ainsi que des ententes d’externalisation à grande échelle. Il n’y a pas d’arrangement universel. »

Quelque 98 % des régimes de retraite travaillent actuellement en collaboration avec d’autres partenaires commanditaires pour investir dans des fonds, tandis que 78 % détiennent des co-investissements. Les coentreprises (62 %), les programmes de gestion externe pour des catégories d’actifs ou des zones géographiques spécifiques (84 %), les investissements directs (62 %) et les fonds de fonds (42 %) sont toutes des options populaires.

Il convient également de noter que, si de nombreux régimes continuent d’externaliser une grande partie de leurs portefeuilles, seul un tiers (34 %) ont un directeur des investissements externalisé (OCIO).

Plus de placement privé, moins d’infrastructures

Qu’elles soient gérées à l’interne ou à l’externe, certaines catégories d’actif occuperont plus ou moins de place dans les portefeuilles des régimes de retraite au cours des prochains mois. Alors que 90 % des répondants ont l’intention d’augmenter leur répartition en capital-investissement au cours des 12 à 24 prochains mois, 86 % s’attendent au contraire à réduire leur empreinte en infrastructures. Par ailleurs, 42 % des régimes prévoient augmenter leur exposition à l’immobilier durant la même période.

Le bilan est plus nuancé concernant les titres à revenu fixe. Près de neuf caisses de retraite sur dix (86 %) prévoient investir davantage dans des actifs à revenu fixe à court terme. Cependant, tous les fonds n’adoptent pas une attitude défensive : 36 % prévoient augmenter leur allocation en actions, presque deux fois plus que ce qui prévoit réduire les allocations, tandis que 20 % prévoient une réduction de la taille de leurs liquidités.