Préoccupés par la baisse des investissements réalisés au Canada par les caisses de retraite, 91 gens d’affaires et représentants de syndicats invitent les gouvernements à modifier les règles de façon à encourager l’investissement dans des actifs canadiens.

Dans une lettre publiée dans plusieurs grands quotidiens du pays mercredi, les signataires déplorent que la part des investissements réalisés par les régimes de retraite dans les sociétés canadiennes cotées en Bourse soit passée de 28 % de leur actif total à la fin de l’année 2000 à moins de 4 % à la fin de 2023. En comptabilisant les investissements réalisés sur les marchés privés ainsi que l’immobilier et l’infrastructure, la proportion n’atteint que 10 %.

La liste des signataires de la lettre compte notamment les noms d’Alain Bouchard de Couche-Tard, de Laurent Ferreira de la Banque Nationale, d’Eric La Flèche de Metro, d’Éric Martel de Bombardier et de Peter Letko et Daniel Brosseau de Letko Brosseau & Associés.

« Les huit plus grandes caisses de retraite au Canada ont investi davantage en Chine (environ 88 milliards de dollars) que dans les actions publiques et privées canadiennes (environ 81 milliards de dollars) », peut-on lire dans la lettre.

Les signataires rappellent qu’en détenant 37 % de l’épargne institutionnelle au Canada, les caisses de retraite « ont la capacité unique d’être des investisseurs en actions patients et à long terme, exactement ce dont le Canada a besoin pour forger son avenir ».

Or, moins d’investissement dans les entreprises canadiennes a pour effet d’augmenter leur coût de capital, de diminuer leur valeur et de réduire leur capacité de croissance, ce qui rend le pays moins attrayant à l’échelle internationale.

Au-delà des rendements, les signataires rappellent que les investissements réalisés par les caisses de retraite ont un impact sur la création d’emploi et l’ensemble de l’économie canadienne.

« Sans le parrainage du gouvernement et une aide fiscale considérable, les fonds de pension n’existeraient pas. Le gouvernement a le droit, la responsabilité et l’obligation de réglementer le fonctionnement de ce régime d’épargne. »

La lettre insiste aussi sur le fait qu’au cours des 25 dernières années, les marchés boursiers canadiens ont dominé ceux des pays du G7 et ont toujours généré des rendements très compétitifs.

« Ces entreprises compétitives méritent notre soutien, et nous devons en créer bien d’autres, écrivent les signataires. Favoriser l’investissement au Canada devrait être une priorité nationale. Compte tenu de leur importance pour l’économie canadienne, nous soussignés appuierions un effort de la ministre des Finances du Canada et des ministres des Finances provinciaux visant à modifier les règles régissant les fonds de pension afin de les encourager à investir au Canada. »