Bangkok, Thaïlande

Les régimes de retraite canadiens ont une nouvelle façon d’investir dans le potentiel croissant des marchés émergents, puisque Gestionnaires d’actifs Bridgehouse et Ninety One démarrent un nouveau fonds destiné à ce segment. 

Le lancement intervient alors que les marchés émergents ont considérablement évolué au cours de la dernière décennie, a déclaré Carol Lynde, présidente et chef de la direction de Bridgehouse, dans un communiqué.

Et bien que ce ne soit pas le centre d’intérêt du fonds, il arrive également au moment où les marchés émergents nécessitent des investissements majeurs pour aider à la transition climatique.

Le Fonds en gestion commune d’actions des marchés émergents Ninety One sera géré par Bridgehouse avec les conseils de la branche nord-américaine du gestionnaire de placements Ninety One.

Il est créé avec 350 millions $ de capital d’amorçage provenant d’un régime de retraite d’entreprise canadien anonyme établi en Alberta, a indiqué Katherine Tweedie, cochef du groupe de clients institutionnels nord-américains chez Ninety One.

« Essentiellement, ce qu’il fait, c’est qu’il investit dans environ 70 actions de sociétés cotées en bourse sur les marchés émergents. Et il joue un rôle très particulier dans les portefeuilles, dans la mesure où il est conçu pour être une sorte d’allocation de base, toutes saisons, aux marchés émergents », a affirmé Mme Tweedie.

Le fonds convient bien aux petits régimes qui pourraient faire une première ou une seule allocation aux marchés émergents, ainsi qu’aux fonds plus importants qui souhaitent avoir un segment de base et ensuite ajouter une exposition spécifique ailleurs, a-t-elle fait valoir.

Un segment sous-exploité

Historiquement, les investisseurs institutionnels canadiens n’ont pas été fortement exposés aux marchés émergents, généralement entre 5 et 15 % de leur répartition en actions, a indiqué Mme Tweedie. Les régimes de retraite comme la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public ont également investi dans les titres à revenu fixe des marchés émergents.

Il est possible d’investir davantage, Ninety One notant que les marchés émergents génèrent 58 % du PIB mondial tout en ne représentant que 9 % des portefeuilles d’actions.

Ce segment comporte cependant un risque plus élevé et, selon une approche passive, il s’agit d’un rendement d’investissement difficile par rapport au très solide marché américain, a reconnu Mme Tweedie. Mais avec des investissements trop concentrés aux États-Unis et sur les marchés développés, il est intéressant de diversifier grâce à une approche d’investissement active, a-t-elle fait valoir.

« Nous évaluons soigneusement les risques, notamment du point de vue des ESG (facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance), et nous avons tendance à investir dans des portefeuilles actifs à très forte conviction qui misent fortement sur quelques entreprises, puis laissent de côté le reste », a-t-elle noté.

Elle a affirmé qu’il existe un large éventail d’occasions d’investissement en actions pour le fonds, y compris certaines grandes multinationales qui sont parfois négligées simplement parce que leur siège social se trouve dans des pays comme le Mexique ou le Brésil.

« Elles ont effectivement un flux de revenus diversifié. Simplement, leur code postal se trouve dans un marché émergent », a-t-elle noté.

L’aspect environnemental

Ninety One, qui a été fondée en Afrique du Sud et opère au Canada depuis 2018, travaille également beaucoup sur le côté climatique des marchés émergents. Bien qu’ils n’aient pas historiquement été une grande source d’émissions, ces marchés seront la plus grande source de croissance des émissions, a déclaré Mme Tweedie.

Ce travail intervient alors que les appels se multiplient pour augmenter le financement dans ces marchés.

Mark Carney, l’envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et le financement, et ancien gouverneur de la Banque du Canada, a souligné le déficit de financement lors d’une conférence à Toronto au début du mois d’octobre.

Les économies émergentes, à l’exclusion de la Chine, doivent voir le financement climatique passer d’environ 250 milliards $ par an actuellement à 1000 milliards $ d’ici 2030.

« Ce n’est pas une exagération, cela nécessitera une réforme radicale du système financier international », a déclaré M. Carney.

Il a souligné la nécessité pour les grandes institutions de ne pas simplement se départir de leurs investissements axés sur de fortes émissions de GES, mais aussi de travailler à aider les entreprises à les réduire.

« Le meilleur retour sur investissement que vous trouverez est d’aller là où se trouvent les émissions et de les réduire », a soutenu M. Carney.

Les régimes de retraite canadiens s’efforcent de prendre cette voie.

En juillet, la CDPQ, OMERS et d’autres investisseurs institutionnels, ainsi que Ninety One, ont contribué au lancement de l’initiative « Emerging Markets Transition Debt », avec des engagements de 400 millions $ US pour aider à construire des infrastructures propres, des technologies propres et pour la décarbonation.

Le fonds aidera à cibler les secteurs à fortes émissions, dans lesquels certains fonds ont hésité à investir parce que cela augmente les émissions d’un portefeuille. Certains régimes de retraite ont créé une enveloppe de transition spécifique axée sur la décarbonation des industries pour s’assurer que ces domaines obtiennent du financement, a noté Mme Tweedie.

« Par exemple, la CDPQ a cela, et d’autres, où vous pouvez investir dans une entreprise à plus fortes émissions aujourd’hui, à condition qu’elle ait une voie très claire vers la décarbonation, a-t-elle déclaré. C’est de là que viendra le véritable changement. »