Les investisseurs institutionnels comme les caisses de retraite devraient davantage s’inquiéter des risques climatiques liés à leurs placements en infrastructure, selon un rapport de l’École des hautes études commerciales du Nord (EDHEC), en France.

L’école de gestion a envoyé une lettre ouverte à l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles pour l’alerter sur la « matérialité du risque climatique physique dans les investissements en infrastructures non cotées », rapporte Chief Investment Officer.

Les auteurs du rapport estiment que ce risque « ne se limite pas à un avenir lointain » et que dans l’éventualité d’un emballement du changement climatique, certains investisseurs institutionnels pourraient perdre plus de la moitié de la valeur de leur portefeuille d’infrastructures avant 2050.

« De nombreux régulateurs et autorités nationales encouragent actuellement les fonds de pension à accroître leurs investissements dans cette catégorie d’actifs attrayante, indique la lettre. Il faut néanmoins reconnaître qu’en ce qui concerne le risque climatique, et notamment le risque climatique physique, les données sur l’exposition et l’importance financière de ce risque pour les actifs privés sont assez limitées. »

Pour pallier ce manque de données, l’EDHEC a réalisé une analyse du risque pour les investissements en infrastructures non cotées et a constaté que « si aucune mesure sérieuse n’est prise, les pertes financières liées au risque physique seraient deux fois plus élevées que dans un scénario à faible émission de carbone, et ce pour tous les investisseurs ».

Les recherches de l’EDHEC ont montré que le coût des risques physiques dans le cadre des politiques environnementales actuelles représente, en moyenne, 4,4 % de la valeur nette totale des actifs de sa base de données de référence jusqu’en 2050, avec une perte maximale moyenne de 27 %.

Selon l’EDHEC, l’importance du risque climatique physique est souvent minimisée parce qu’on s’attend à ce que ces risques engendrent des résultats négatifs surtout après 2050, au-delà de l’horizon temporel de la plupart des investisseurs. L’EDHEC a également critiqué l’idée répandue selon laquelle seules les économies les moins avancées souffriraient des conséquences physiques du changement climatique en raison d’un manque de résilience économique, notamment en termes d’infrastructures.

« Cette matérialité dans les économies avancées, qui se trouvent principalement dans l’hémisphère nord, remet en question l’intuition de nombreux investisseurs et économistes selon laquelle ces risques économiques affectent avant tout les populations les plus pauvres du sud de la planète, indique le rapport. C’est plutôt l’inverse qui est vrai : plus de valeur sera détruite dans des endroits où il y a plus d’actifs de valeur. »