Attention avant de prolonger le Réseau express métropolitain (REM): combien le gouvernement versera en redevances à la Caisse de dépôt, le propriétaire du réseau, pour rentabiliser son projet, demande l’opposition.

Le REM coûtera déjà plus de 11 G$ sur 20 ans aux contribuables en redevances pour son exploitation, par l’entremise du gouvernement et des municipalités.

Le premier ministre François Legault a fait savoir que la Caisse était «très intéressée» à prolonger ce réseau de train de banlieue entre Châteauguay et Boucherville, mais suggère que l’État pourrait bien ne verser aucune redevance pour ce tronçon.

Selon les projections portant sur le réseau actuel déjà en construction, sur 20 ans, l’ARTM, financée par le gouvernement et les municipalités, paiera à la Caisse une redevance de 0,72 $ par passager par kilomètre. Année après année, avec l’accroissement de l’achalandage, les sommes vont en s’accroissant.

En conférence de presse jeudi, la cheffe de l’opposition, Dominique Anglade, a dit qu’il fallait clarifier l’enjeu des redevances sur d’éventuels prolongements avant de dire oui.

«Au moment où on va regarder spécifiquement les nouveaux tronçons, il va falloir pouvoir répondre à toutes ces questions-là.»

Le leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a pour sa part condamné la formule actuelle en la qualifiant de PPP, de partenariat public-privé: ce réseau de train est entièrement privé, mais des fonds publics le financent.

«Les attentes de rendement de la Caisse de dépôt sont tellement irréalistes qu’il pourrait y avoir un retour du refoulé», a-t-il commenté.

«En pensant refiler la facture (de la construction du réseau) à la Caisse, finalement, ce sont les Québécois qui se ramassent avec la facture, parce que des rendements aussi importants que ceux que la Caisse attend du REM, il n’y a à peu près pas de projets de transport collectif dans le monde qui en génèrent.»

En point de presse jeudi, le premier ministre a dit que des discussions étaient en cours. Il a aussi laissé entendre que certains tracés seraient plus payants que d’autres pour la Caisse.

«Est-ce qu’il y aura des redevances ou s’il n’y aura pas de redevances? (…) La Caisse de dépôt propose différents scénarios. Il y en a qui sont plus rentables que d’autres pour la Caisse. Dépendamment du scénario qu’on va choisir, il va devoir y avoir un montage financier.»

Rappelons que la Caisse étudie une autre phase éventuelle également pour Laval. Elle a toutefois déjà rejeté une des propositions du gouvernement, soit un tronçon entre Brossard et Chambly-Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le chantier actuel du REM est un réseau de 67 km avec 26 stations. Il comporte une ligne principale, de Deux-Montagnes à Brossard, et deux antennes qui vont vers l’ouest de l’île de Montréal à partir de Saint-Laurent.

Le projet actuel est évalué à 6,5 G$, payé à moitié par la Caisse, tandis que pour l’autre partie, Québec a déjà investi plus de 1,3 G$, et la Banque d’infrastructure du Canada, 1,28 G$.

Le Québec a également fourni d’autres contributions afférentes pour la construction d’infrastructures et la décontamination.