La Banque du Canada a annoncé mardi qu’elle mettrait fin à plusieurs programmes de soutien mis en place pour la pandémie, qui visaient à maintenir la liquidité des marchés, estimant que son travail était accompli étant donné l’amélioration des conditions du marché.

Dans un discours prononcé mardi, le sous-gouverneur de la banque centrale Toni Gravelle a affirmé que la banque suspendrait ou interromprait ces programmes à partir du début avril, puis jusqu’en mai.
M. Gravelle a souligné que la banque pouvait prendre ces mesures maintenant parce que les sociétés et les gouvernements provinciaux pouvaient « accéder librement à des marchés d’emprunt pleinement fonctionnels ».

Le sous-gouverneur a ajouté que les écarts de crédit pour la plupart de ces emprunteurs sont égaux ou inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie, ce qui lui a permis de conclure que « ces mécanismes exceptionnels ne sont donc clairement plus nécessaires ».

Les détails de chaque opération menée dans le cadre des programmes d’achat d’actifs arrivant à échéance et des mécanismes et programmes auxquels la banque centrale a mis fin seront rendus publics à la fin juin.

La Banque du Canada avait annoncé qu’elle ajusterait ses programmes de soutien à la pandémie selon les conditions, et son annonce de mardi constitue un autre signal que l’économie fonctionne mieux que prévu.

Il y a un an, la banque centrale est devenue un prêteur de dernier recours lorsqu’elle a commencé à acheter des obligations d’entreprises et provinciales, et a ajusté ses règles de prêt aux banques alors que l’économie plongeait.

L’idée était de garder la plomberie du système de crédit libre de tout blocage, afin que les entreprises puissent financer leurs activités même si les investisseurs se montraient hésitants.

Alors même qu’elle a commencé à aider les banques à prêter de l’argent et à améliorer les conditions du marché pour les provinces et les sociétés émettant des titres de créance, elle s’est également mise à acheter des obligations du gouvernement fédéral, que les investisseurs vendaient également.

Ce qui a commencé comme un programme pour aider au fonctionnement du marché s’est transformé en programme d’assouplissement quantitatif, a expliqué M. Gravelle, ce qui signifie que la banque utilise maintenant les achats pour aider à réduire les coûts d’emprunt pour les ménages et les entreprises. D’ici la fin avril, les obligations du gouvernement du Canada devraient représenter plus de 70 % du bilan de la banque centrale, soit environ 350 milliards $.

La banque centrale finira par ralentir le rythme de ses achats d’obligations fédérales pour maintenir, mais ne plus augmenter, le montant de la relance monétaire dans l’économie, a expliqué M. Gravelle dans son discours destiné à la CFA Society Toronto.

Il faudra encore quelque temps avant que la banque envisage de relever son taux d’intérêt directeur, actuellement de 0,25 %, et elle n’envisage pas de le faire avant 2023.

L’économiste en chef de Deloitte Canada, Craig Alexander, a souligné que les ajustements au programme d’assouplissement quantitatif devraient tenir compte de la vigueur de la reprise, y compris de la mesure dans laquelle l’épargne accumulée par les ménages pendant la pandémie se transformerait en dépenses de consommation.

« Si l’important réservoir d’épargne accumulé commence soudainement à affluer dans l’économie et que les consommateurs se lancent dans une frénésie d’achats, alors, de toute évidence, la Banque du Canada va devoir accélérer le rythme de ses ajustements pour ce qui est de mettre fin à de son programme d’achats obligataires et de hausser des taux. »

« Il sera très difficile pour la Banque du Canada de synchroniser cela, et une grande partie dépendra de la solidité de la reprise. »

M. Gravelle a affirmé que la banque centrale examinerait les mesures qu’elle a prises pour voir quels changements, le cas échéant, sont nécessaires pour répondre aux futurs épisodes de tension sur les marchés.

Il a ajouté que les hauts fonctionnaires cherchaient également à savoir si le système financier du pays avait besoin de réformes structurelles pour minimiser la probabilité que la banque centrale doive à nouveau intervenir avec des mesures que M. Gravelle a qualifiées d’« exceptionnelles ».

« Quand les banques centrales fournissent des liquidités, elles doivent le faire d’une façon qui n’incite pas les participants au marché à prendre des risques excessifs en situation normale », a affirmé M. Gravelle dans le texte de son discours, publié par la banque.

« Nos actions doivent cibler des problèmes précis et être retranchées à mesure que les choses rentrent dans l’ordre. »