La Banque du Canada a maintenu mercredi son taux directeur à sa valeur plancher de 0,25 %, expliquant que les conditions économiques avaient toujours besoin d’être soutenues même si les choses allaient mieux que prévu.

Dans une déclaration, la banque centrale a précisé qu’elle s’attendait désormais à ce que la croissance économique soit positive pour le premier trimestre de 2021, contrairement à sa projection précédente, faite en janvier, qui anticipait une contraction.

Les responsables de la banque ont souligné que la résilience de l’économie s’expliquait par les façons dont les consommateurs et les entreprises se sont adaptés à la plus récente ronde de confinements et de restrictions.

En outre, la Banque du Canada a évoqué l’activité « beaucoup plus vigoureuse » que prévu du marché du logement, dont la croissance inattendue a contribué à la croissance du produit intérieur brut pendant les trois premiers mois de l’année.

Mais la banque centrale a aussi lancé un avertissement au sujet de l’incertitude considérable entourant l’évolution de la pandémie, qui complique les perspectives économiques à plus long terme. Elle se demande notamment combien de temps il faudra avant que le marché du travail ne récupère complètement toutes les pertes historiques enregistrées l’an dernier.

La déclaration évoque aussi les nouveaux variants du coronavirus, plus contagieux, et les considère comme le plus grand risque à la baisse pour la reprise, puisque les éclosions et les restrictions plus localisées pourraient « limiter la croissance et la rendre plus variable ».

La Banque du Canada a indiqué que le taux cible du financement à un jour resterait à sa valeur plancher de 0,25 % jusqu’à ce que les capacités excédentaires dans l’économie se résorbent, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de manière durable, ce qui ne devrait pas se produire avant 2023, selon elle.

La banque centrale a indiqué qu’elle avait l’intention de poursuivre son programme d’assouplissement quantitatif, qui est une façon pour elle d’injecter de l’argent dans l’économie.

L’économiste Royce Mendes, de la Banque CIBC, a noté que le communiqué de la banque n’allait pas jusqu’à devancer sa prévision quant au moment où l’économie pourrait s’être suffisamment remise pour que les taux d’intérêt soient haussés. Plusieurs experts s’attendent maintenant à ce que cela puisse se produire vers la fin de l’année prochaine.

Le taux directeur est à 0,25 % depuis un an. La banque centrale l’a abaissé à trois reprises en mars dernier, au début de la pandémie de COVID-19, en le portant à ce qu’elle considère être sa valeur plancher, signalant qu’elle ne le réduirait pas davantage.

La Banque du Canada doit dévoiler à la fin du mois prochain une mise à jour de ses prévisions économiques dans le cadre de la publication trimestrielle de son Rapport sur la politique monétaire.

Pressions inflationnistes

Le grand patron de la Banque Royale du Canada, David McKay, a indiqué mardi s’attendre à un accroissement de la pression inflationniste dans l’économie lors de sa reprise post-pandémique.

La hausse des prix des intrants pour le travail et les matières premières pourrait représenter un défi pour les responsables des banques centrales, a estimé le chef de la direction, qui s’exprimait dans le cadre d’une conférence organisée par RBC Marchés des capitaux.

Par ailleurs, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié mardi une nouvelle prévision qui a révisé à la hausse ses attentes en matière de croissance économique mondiale cette année et l’année prochaine. Elle prévoit notamment que la reprise aux États-Unis pourrait avoir des retombées favorables pour le Canada.

Selon M. McKay, si les États-Unis ont été plus rapides que le Canada à déployer les vaccins contre la COVID-19, ce ne sera qu’une question de semaines et de mois, et non de trimestres, avant que l’environnement commercial du Canada se rattrape.

Malgré les difficultés potentielles pour les marchés dans leurs efforts pour prédire la réponse à l’inflation, la tendance de l’économie « est associée à plusieurs bénéfices » et la banque s’attend à voir de la création d’emplois.

« Nous n’avons jamais vu ce genre de liquidité sur le marché. Et en conséquence, c’est un nouveau paradigme pour nous », a affirmé M. McKay. « De nombreuses occasions et de nombreux changements s’en viennent. »

Mais M. McKay a également prévenu que certaines personnes seraient laissées pour compte par la reprise économique et ne seraient pas réembauchées, dans certains cas parce que leur entreprise ne survivrait pas à la pandémie. Il a précisé que la banque se préparait également à cette issue.

« Certains individus ne seront pas réembauchés, leur entreprise ne s’en sortira pas. Certaines parties de l’économie ne s’en remettront pas comme les autres », a affirmé le patron de la Royale dans son discours.

« Nous allons observer une croissance dans la délinquance de la part de ces individus et de ces entreprises. Nous devons prévoir que tout le monde ne va pas émerger parfaitement et connaître la reprise. »