La Banque du Canada a indiqué jeudi qu’elle avait l’intention d’augmenter les taux d’intérêt avant de réduire la taille de son portefeuille d’obligations gouvernementales, même si le calendrier de la hausse des taux dépendra de la reprise économique.

La banque centrale achète actuellement pour environ 2 milliards $ d’obligations par semaine. La stratégie d’achat d’obligations, connue sous le nom d’assouplissement quantitatif, vise à réduire les coûts d’emprunt en exerçant une pression à la baisse sur les taux d’intérêt, mais M. Macklem dit que cela ne sera éventuellement plus nécessaire.

« Mais on n’y est pas encore. L’élimination de cette détente est une décision de politique monétaire qui va dépendre de l’évolution de l’économie », a affirmé M. Macklem dans le texte d’un discours qu’il devait présenter à la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Avant que cela ne se produise, cependant, M. Macklem a expliqué que la Banque du Canada entrerait dans ce qu’il appelle une « phase de réinvestissement », qui lui permettra d’ajuster son programme en réinvestissant le produit des obligations arrivant à échéance.

Au cours de cette phase, M. Macklem estime que les achats d’obligations pourraient atteindre en moyenne d’environ 1 milliard $ par semaine.

Lorsque la banque atteindra cette phase de réinvestissement, elle s’attend à y rester au moins jusqu’à ce qu’elle relève son taux d’intérêt directeur, qui est actuellement de 0,25 %, a précisé M. Macklem. La banque a indiqué qu’elle maintiendrait son taux directeur à ce qu’elle appelle sa « valeur plancher » jusqu’à ce que l’économie soit suffisamment forte, ce qui devrait se produire, selon elle, au deuxième semestre de 2022.

À ce moment-là, la Banque du Canada sera probablement en mesure de commencer à réduire la taille de son portefeuille obligataire, a indiqué le gouverneur. « Le moment où va débuter cette phase, et le temps qu’elle va durer, sont des décisions de politique monétaire. Ces décisions vont dépendre de la vigueur de la reprise et de l’évolution de l’inflation », a affirmé M. Macklem.

« Le conseil de direction s’attend toujours à ce que l’économie se renforce dans la deuxième moitié de 2021. Mais la quatrième vague de la pandémie et les problèmes persistants du côté de l’offre pourraient peser sur la reprise. »

Le discours de M. Macklem faisait suite à la décision de la Banque du Canada au sujet de son taux directeur, qu’elle a maintenu à 0,25 %.

M. Macklem a souligné que l’économie montrait une bonne dynamique à l’approche du troisième trimestre de 2021, mais que les problèmes de chaîne d’approvisionnement, l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 et la faiblesse des exportations avaient conduit l’économie canadienne à se contracter d’environ 1 % au deuxième trimestre.

« Par contre, la consommation, les investissements des entreprises et les dépenses publiques ont contribué à la croissance. La demande intérieure totale a en fait progressé de plus de 3 % », a-t-il précisé.

Des risques à court terme difficiles à ignorer

L’économiste Sri Thanabalasingam, de Services économiques TD, a noté que la Banque du Canada avait choisi de minimiser la contraction à laquelle l’économie canadienne a été confrontée au deuxième trimestre et a décidé de se plutôt se concentrer sur la vigueur intérieure et l’emploi, faisant valoir que ces éléments permettront à la deuxième moitié de l’année d’être plus positive.

« La banque suppose que la quatrième vague de la pandémie ne va pas vraiment inverser la reprise économique », a noté M. Thanabalasingam.

« Même si la déclaration d’aujourd’hui était très prospective sur la réduction des mesures de relance, je ne pense pas que nous puissions complètement ignorer le risque à court terme pour l’économie en ce moment. »

Pendant ce temps, M. Macklem a indiqué que la banque étudiait également les difficultés auxquelles certaines entreprises sont confrontées au chapitre de l’embauche et leur impact sur l’économie.

Le gouverneur a fait valoir qu’il y avait encore beaucoup de capacité excédentaire dans l’économie canadienne et que le taux directeur actuel était nécessaire pour que le Canada atteigne son objectif d’inflation de 2,0 %.

La cadence annuelle de l’inflation a atteint 3,7 % en juillet, ce qui marque un sommet depuis mai 2011, par rapport à une augmentation annuelle de l’indice des prix à la consommation de 3,1 % en juin.
M. Macklem a souligné que les niveaux d’inflation actuels restaient plus élevés qu’avant la pandémie en raison de perturbations de l’approvisionnement, et parce que les prix se comparent à ceux d’il y a un an, lorsque les confinements exerçaient une pression à la baisse sur certains prix.