Confrontés à des rendements obligataires anémiques, les régimes de retraite à prestations déterminées semblent prêts à boycotter les obligations du gouvernement américain jusqu’à ce que les taux d’intérêt remontent à un niveau plus viable, estiment des analystes de Bank of America.

Avant la crise de la COVID-19, le coupon des bons du Trésor à 10 ans n’étaient jamais descendu en dessous de 1,32 %, alors que les obligations 30 ans ont atteint leur point le plus bas l’année dernière autour de 1,9 %. Pendant près de quatre mois, le titre 10 ans s’est négocié entre 0,54 et 0,95 %, souligne Bloomberg.

Ces rendements sont évidemment loin d’être suffisants pour les caisses de retraite, qui commencent à s’impatienter.

L’actif total détenu par l’ensemble des régimes de retraite aux États-Unis atteint 12 000 G$ US. En comparaison, le bilan de la Fed n’est que de 7 000 G$ US. Les fonds de pension détiennent donc un pouvoir énorme sur la destinée des marchés financiers, y compris celle du plus grand marché obligataire du monde.

Selon Ralph Axel et Olivia Lima, stratèges à Bank of America, dans un contexte de rendements obligataires aussi bas, les régimes de retraite et les autres investisseurs institutionnels axés sur le passif, comme les assureurs, risquent fort bien de ne plus acheter d’obligations gouvernementales américaines d’ici à ce que leurs taux augmentent « d’au moins 50, voire 75 ou 100 points de base ».

Des analyses de Bank of America se basant sur les données trimestrielles de la Fed montrent en effet que les régimes de retraite du secteur privé ainsi que les sociétés d’assurance ont réduits leurs avoirs dans les bons du Trésor lors du premier trimestre de l’année.

L’influence des caisses de retraite ne doit d’ailleurs pas être sous-estimée. En septembre 2018, Citigroup a estimé que celles-ci avaient à elles seules réduit l’écart entre les bons du Trésors à 5 et à 30 ans de pas moins de 32 points de base en 12 mois.