Les Québécois sont de moins en moins nombreux à rêver d’une retraite avant 65 ans. Du moins, d’une retraite définitive avant 65 ans, car la retraite progressive, elle, a le vent dans les voiles.

C’est le constat d’un sondage de Question Retraite mené auprès de 1600 Québécois âgés de 18 à 64 ans. Ainsi, seulement 43 % des répondants estiment qu’il est fort probable qu’ils prendront leur retraite avant 65 ans. Il y a 15 ans, ils étaient pourtant 62 % à envisager fortement une retraite hâtive.

En 2018, 51 % des 25 à 64 ans pensent prendre leur retraite à 65 ans ou plus alors que cette proportion était de 30 % en 2003. À la même époque, 5 % des répondants disaient ne pas prévoir prendre de retraite, tandis que cette proportion est de seulement 1 % en 2018.

La retraite définitive, un concept d’un autre âge

Le fait que la plupart des Québécois envisagent de travailler au moins jusqu’à 65 ans ne veut pas nécessairement dire qu’ils ont l’intention de travailler à temps plein jusqu’à leur retraite. En fait, une majorité de travailleurs (60 %) envisagent de se retirer progressivement de leur emploi alors que seulement 20 % d’entre eux pensent se retirer définitivement du marché du travail.

Les répondants estiment que la retraite progressive est une option intéressante car elle leur permettra de s’habituer lentement à l’idée de la retraite (36 %), d’avoir des revenus de travail plus longtemps, et d’ainsi augmenter leurs revenus de retraite (14 %) et de demeurer sur le marché du travail le plus longtemps possible (13 %).

Paradoxalement, si les Québécois quittent le marché du travail plus tard qu’auparavant, ils commencent à percevoir un revenu de retraite plus tôt. En effet, 36 % des jeunes retraités ont commencé à recevoir un revenu de retraite à 60 ans, alors que cette proportion était de 25 % en 2013 et de 22 % en 2003.

« Ces données révèlent une constante mutation dans la perception que les travailleurs ont de leur propre retraite : ils réalisent qu’ils devront travailler plus longtemps pour accumuler assez d’argent et de plus en plus, l’objectif de se retirer complètement avant 65 ans leur semble inatteignable », souligne la présidente de Question Retraite, Nathalie Bachand.

Bref, la retraite n’est plus vue comme une fin en soi, mais plutôt comme un changement dans le rythme de travail.

Déficit de planification

Alors que les Québécois ont une vague idée de l’âge auquel ils pensent se retirer du marché du travail, peu d’entre eux se sont fixé une cible à atteindre en matière de revenu.

En réalité, près des trois quarts (73 %) des Québécois de 18 à 64 ans n’ont pas d’objectif précis quant aux revenus qu’ils aimeraient avoir au moment où ils prendront leur retraite. D’ailleurs, 50 % des répondants ne croient pas avoir préparé adéquatement l’aspect financier de leur retraite. Mais ce n’est pas suffisant pour ébranler leur confiance : 73 % des Québécois se disent très ou assez confiants quant à l’aspect financier de leur retraite.

« Que la retraite soit définitive ou progressive, il est toujours inquiétant de constater un manque de planification chez bon nombre de Québécois, indique Nathalie Bachand. S’ils ne posent pas dès maintenant les gestes essentiels, dont celui de se doter d’objectifs précis, plusieurs pourraient compromettre leur sécurité financière à la retraite. »