Contrairement à une croyance largement répandue, la majorité des Canadiens seraient relativement bien préparés financièrement pour leur retraite, conclut un rapport de l’Institut sur la retraite et l’épargne (IRE) de HEC Montréal. La situation est toutefois plus délicate pour certains sous-groupes de la population.

Ainsi, environ 84 % des ménages canadiens de 25 à 64 ans en 2018 étaient en voie d’être « financièrement préparés » pour la retraite. Cela implique, pour la majorité des retraités, d’être en mesure de remplacer au moins 65 % de sa consommation pré-retraite. Pour les 20 % de ménages les moins fortunés au pays, l’IRE a plutôt tablé sur un remplacement de 80 %.

Le rapport conclut même qu’en moyenne les Canadiens peuvent s’attendre à un niveau de vie supérieur à la retraite, avec un taux de remplacement de consommation pré-retraite de 117 %.

Pour en venir à ces conclusions, l’IRE a développé un calculateur de préparation à la retraite qui, grâce à des analyses stochastiques, permet de produire des estimations agrégées de préparation à la retraite pour une cohorte de population ou pour des sous-groupes de celle-ci.

Le calculateur prend en compte une foule de données telles que l’âge, la composition des revenus courants, la participation à un régime à prestations déterminées, les actifs et les dettes, une estimation de l’évolution des revenus de travail, la conversion d’actifs en rentes viagères, l’utilisation de patrimoine immobilier ainsi que les rendements sur les placements et l’impact des mouvements de taux d’intérêt sur le coût de la dette.

L’IRE précise que son calculateur sera rendu publiquement disponible prochainement.

Portrait moins rose pour certains

Bien que l’indice moyen de préparation à la retraite soit encourageant pour une grande partie de la population, il cache certaines disparités.

Par exemple, plus de 90 % des ménages ayant un revenu par personne sous la médiane sont « préparés » pour la retraite, principalement en raison du haut taux de remplacement du revenu qu’ils obtiennent des régimes publics.

À l’inverse, les ménages les plus à risque d’être « non préparés » tombent principalement dans le sous-groupe ayant un revenu plus élevé que la médiane, mais pas d’épargne ni de régimes de pension agréé (RPA).

Environ 7 % des ménages canadiens ont une probabilité variant entre 35 et 65 % d’être préparés pour la retraite, et seulement 18 % des ménages ont moins de 4 chances sur 5 de l’être. Seulement une « très faible minorité » de ménages ont des perspectives « désastreuses » concernant leur retraite, souligne le rapport. Sans surprise, les personnes qui bénéficient d’un régime de retraite offert par leur employeur sont mieux préparés que la moyenne.

Des défis « d’envergure historique »

Malgré le fait que la plupart des Canadiens semblent sur la bonne voie pour vivre une retraite confortable, une nouvelle recherche menée par Fidelity Investments souligne que l’impact de la COVID-19 sur l’économie et les marchés financiers sera important pour les épargnants.

« Les données montrent que la COVID-19 a eu des effets négatifs plus importants que la crise financière de 2008-2009 pour les préretraités et retraités canadiens », affirme Peter Bowen, vice-président, Recherche sur la retraite et la fiscalité chez Fidelity Investments.

Plus précisément, 40 % des répondants ont affirmé que leur salaire ou leurs revenus avaient diminué en raison de la pandémie mondiale. Parmi ces individus, la moitié ont noté une diminution de leur capacité à épargner et à investir comparativement à l’année dernière.

Par ailleurs, 40 % des préretraités canadiens appréhendent maintenant la vie à la retraite. Ce taux est le plus élevé chez les Canadiens sondés depuis 2014.