Homme met des pièces dans un tirelire
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Après des années difficiles, les Canadiens continuent de faire face à plusieurs défis dans un paysage économique de plus en plus turbulent. Alors que la plupart des restrictions liées au coronavirus ont été levées à la fin du printemps 2022, la septième vague de la pandémie est arrivée en juillet, en même temps que l’inflation, qui fait grimper les prix à la pompe et à l’épicerie.

Bien que la dernière édition du Sondage de Benefits Canada auprès des participants de régimes d’accumulation de capital ait été réalisée en mars 2022, bon nombre de ces défis imminents prenaient de l’ampleur et étaient déjà à l’esprit des participants. Le sondage les a interrogés sur leur perception de leur état de préparation à la retraite, leur satisfaction à l’égard des régimes offerts par leur employeur et la façon dont le paysage économique actuel influe sur leur bien-être financier.

Plus de la moitié (52 %) des répondants ont convenu qu’ils se sentaient financièrement prêts pour la retraite, contre 48 % en 2020 et 47 % en 2021. En outre, 63 % des répondants ont déclaré qu’ils étaient « dans les temps » en ce qui concerne le montant qu’ils doivent épargner, contre 59 % en 2020 et 60 % en 2021.

Bien que ces résultats soient rassurants, les promoteurs de régime doivent continuer à promouvoir les régimes de retraite qu’ils offrent aux employés, a déclaré Kenrick Hopkinson, directeur bien-être et éducation des participants et participantes en matière d’avantages collectifs et de solutions de retraite chez iA Groupe financier, lors d’un panel dans le cadre du Benefits & Pension Summit 2022 de Benefits Canada. « Ils peuvent également s’adresser aux responsables des registres et leur demander comment ils peuvent aider, et quand je dis aider, je parle d’aider leurs employés, de les aider à ajuster leurs comportements d’épargne, de les aider à comprendre l’importance de se fixer des objectifs. »

Intervenant également dans le panel, Emilie Inakazu, directrice des avantages sociaux et du bien-être à KPMG au Canada, a indiqué que l’organisation envisageait la retraite et l’épargne de manière holistique. Elle met à la disposition des employés quatre instruments d’épargne facultatifs : un régime de retraite à cotisation déterminée (CD), un régime d’épargne non enregistré, un REER collectif et un CELI collectif.

« Notre approche sous-jacente met vraiment l’accent sur la souplesse et le choix, compte tenu du fait qu’au sein d’une main-d’œuvre multigénérationnelle, les objectifs d’épargne peuvent varier considérablement. Il n’existe pas vraiment d’approche unique dans ce domaine. Notre objectif est d’offrir des programmes et des ressources qui aident nos employés à atteindre leurs objectifs financiers à un moment donné, qu’il s’agisse d’épargner en vue d’un achat important comme une voiture, d’acheter une maison, de planifier la scolarité des enfants ou d’épargner pour la retraite. »

En effet, les priorités financières des employés changent à différentes étapes de leur vie, il est donc important que les employeurs en tiennent compte lors de la conception de leurs programmes d’épargne. « Nous nous adressons à différentes générations, donc leurs objectifs sont différents, souligne M. Hopkinson. Je ne peux pas parler à mon fils d’un régime de retraite parce qu’il fait la sourde oreille, il ne s’y intéresse pas. Mais si je lui parle d’un programme d’épargne… ses oreilles se dressent. »

L’engagement mène à la satisfaction

Le sondage a également révélé que 83 % des participants de régimes d’accumulation de capital sont satisfaits de leur régime, contre 77 % en 2021. Et lorsqu’on leur a demandé s’ils s’attendaient à ce que leur régime d’épargne leur procure l’argent dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs financiers à la retraite, ce chiffre est passé à 66 % en 2022, contre 63 % en 2021.

Pour que les participants restent engagés et satisfaits de leur régime, M. Hopkinson suggère aux promoteurs de rester à l’affût des outils qui sont à leur disposition, mais il reconnaît également qu’une seule solution ne réglera pas tous les problèmes.

Cette année, le sondage demandait également aux participants s’ils hésiteraient à quitter leur employeur en raison de leur régime d’épargne-retraite au travail : 60 % des répondants étaient d’accord, ce qui représente une baisse par rapport à 66 % en 2017.

Au cours du même panel, Jason Vary, président d’Actuarial Solutions, a soutenu que, selon lui, ces résultats reflètent le fait que les gens sont plus ouverts à changer d’emploi, la pandémie les ayant incités à revoir leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Je pense qu’en général, la loyauté envers son employeur diminue et bien sûr, d’un autre côté, la demande de travailleurs est énorme en ce moment à tous les niveaux et nous voyons donc beaucoup, beaucoup de mouvements. »

Heureusement, les régimes d’accumulation de capital sont relativement transférables, a-t-il ajouté, notant que les employés peuvent prendre leurs fonds, les transférer dans un compte immobilisé ou le régime d’accumulation de capital de leur nouvel employeur. « Parfois, les régimes de capitalisation ont tendance à être moins généreux [qu’un régime à prestations déterminées], de sorte que les employés ne perçoivent peut-être pas la valeur de la cotisation de 3 % qu’ils reçoivent de l’employeur [et] se disent qu’ils peuvent obtenir ces 3 % ailleurs lorsqu’ils commencent à faire les calculs. »

Les régimes de capitalisation offerts par KPMG au Canada sont un élément important lorsqu’il s’agit d’attirer et de retenir les employés, a indiqué Mme Inakazu, ajoutant que le régime CD permet d’augmenter les cotisations en fonction des années de service, de sorte que les employés ayant plus d’ancienneté peuvent être tentés de rester. Mais elle a également souligné l’importance de l’éducation financière pour encourager les participants à valoriser leur régime.

« Nous consacrons beaucoup d’efforts à d’autres ressources de bien-être financier et ce n’est pas seulement l’existence des régimes d’accumulation de capital, mais plutôt le soutien global que nous offrons que les gens apprécient et qui, en fin de compte, devient un facteur dans la décision de partir ou de rester. De notre point de vue, lorsque vous parlez d’attraction ou de rétention, je pense que les régimes d’accumulation de capital ne sont qu’une pièce d’une offre plus large de rémunération globale. Nous faisons de notre mieux pour faire comprendre que ce n’est qu’une pièce du casse-tête et qu’il existe de nombreuses façons différentes de soutenir les gens dans le domaine du bien-être financier. »

Pressions externes

Compte tenu du paysage économique incertain, le sondage a demandé aux participants si des préoccupations financières pressantes avaient affecté leur capacité d’épargner pour la retraite au cours des 12 derniers mois. Soixante pour cent des répondants ont répondu par l’affirmative, soit une légère hausse par rapport aux 57 % de l’an dernier.

Ce résultat met en évidence le besoin de flexibilité, estime Mme Inakazu, notant que tout régime d’épargne trop rigide peut rendre difficile pour les participants de prendre des mesures pour soutenir leur bien-être financier alors que des facteurs externes comme l’inflation et les circonstances personnelles changent avec le temps. « La flexibilité que nous offrons nous permet d’observer ces différents comportements et nous constatons certainement une plus grande tendance à investir dans des véhicules d’épargne à court terme comme le CELI par rapport à un véhicule d’épargne à plus long terme comme un régime de retraite. »

« À mesure que l’inflation augmente, la réalité est que la portion disponible pour l’épargne diminue et, pour certains, le remboursement des dettes à court terme peut être la bonne décision par rapport à d’autres qui peuvent se permettre de continuer à contribuer à leur épargne et qui ont plus de flexibilité pour servir leurs niveaux de revenus mensuels, ajoute-t-elle. En fin de compte, de mon point de vue, je pense que la question que les promoteurs doivent vraiment se poser est de savoir quel rôle ils cherchent à jouer et comment ils peuvent soutenir ou offrir des programmes qui s’alignent sur cet objectif. »

M. Hopkinson a également évoqué la notion de flexibilité, notant que les gens ont des objectifs financiers différents en dehors de l’épargne-retraite. Bien qu’il ait déclaré que l’industrie des régimes de capitalisation a encore du travail à faire dans ce domaine, la prise de conscience est croissante et les promoteurs de régimes demandent des solutions. « Dans le cadre de ces discussions, les régimes ajoutent divers outils d’épargne, comme des CELI et des comptes non enregistrés, afin d’offrir cette flexibilité. Ces discussions devraient et doivent se poursuivre. »

« L’industrie doit continuer à créer un environnement qui vise à aider les participants à passer à l’action et à modifier leurs comportements, a-t-il ajouté. Nous devons aider les employés à comprendre les options qui s’offrent à eux et nous devons faire en sorte que l’information soit facilement accessible au moment où le participant en a besoin et de la façon dont il en a besoin. Je pense que si nous faisons toutes ces choses — et que nous ajoutons plus de flexibilité — les choses iront dans la bonne direction. »

Le sondage a également demandé aux participants de régimes d’accumulation de capital s’ils avaient utilisé leur épargne provenant d’un régime de retraite pour toute autre raison au cours des 12 derniers mois, comme le remboursement de dettes personnelles, le paiement de leur hypothèque ou de leur loyer ou l’achat d’une première maison. Résultat : 33 % des répondants ont dit l’avoir fait, comparativement à 25 % en 2021.

Bien qu’il soit compréhensible que les gens aient pu puiser dans leur épargne pendant la pandémie, M. Vary se dit surpris que cette tendance se soit poursuivie. « Utiliser l’argent de son CELI ou de son REER pour faire un grand voyage n’est peut-être pas la meilleure façon d’utiliser son épargne-retraite. C’est bien quand on a 25 ans, mais quand on a 45 ans, on devrait probablement arrêter de faire ça et commencer à se concentrer sur la retraite. »

Si l’on examine les résultats concernant les risques d’inflation et de longévité, environ un quart des participants ont déclaré avoir une excellente ou très bonne compréhension du risque d’inflation (24 %) et du risque de longévité (27 %). Et la majorité des répondants ont déclaré que l’inflation aura un impact négatif sur leur situation financière (63 %) et sur leur épargne-retraite (57 %).

« Une inflation élevée n’est pas la pire chose au monde », a affirmé M. Vary. « Elle peut conduire à des taux d’intérêt plus élevés, ce qui signifie des rendements plus élevés pour les certificats de placement garanti, par exemple. Lorsque vous épargnez pour votre retraite et que vous voulez un taux d’intérêt garanti, cela signifie des rentes moins chères. Évidemment, votre pouvoir d’achat sera érodé si vos prestations ne sont pas indexées à l’inflation. Mais il y a en fait des aspects positifs qui découlent de taux d’inflation plus élevés. »

Soutien de l’employeur

Comme les années précédentes, le sondage a interrogé les participants de régimes d’accumulation de capital sur leur compréhension de la façon de convertir leur épargne-retraite en un flux de revenus. Plus d’un quart des répondants (27 %) ont déclaré avoir une excellente ou très bonne compréhension, contre 21 % en 2020 et 19 % en 2021.

Bien que l’augmentation de la compréhension perçue soit une bonne nouvelle, M. Vary juge qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. « L’industrie s’est concentrée sur ce sujet au cours des dernières années, il est donc bon de voir que l’aiguille bouge avec tous les efforts que nous faisons, en nous concentrant sur le problème du décaissement, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. »

Les développements dans l’écosystème du décaissement comprennent les rentes viagères différées à un âge avancé et les rentes viagères à paiement variable, qui ont toutes deux été introduites dans le budget 2019 du gouvernement fédéral. Les premières seront similaires aux rentes traditionnelles en offrant un paiement fixe qui peut être reporté jusqu’à l’âge de 85 ans. Les deuxièmes ne pourront être utilisées que par le biais de régimes de retraite, de régimes de pension agréé collectifs ou encore de régimes volontaires d’épargne-retraite.

« Les rentes viagères différées à un âge avancé sont disponibles, théoriquement, les règles sont là, explique M. Vary. Mais pour autant que je sache, aucune société d’assurance ne les vend encore, ce qui est un peu problématique. En ce qui concerne les rentes viagères à paiements variables, nous attendons toujours les règles finales du gouvernement fédéral avant que les provinces et d’autres puissent commencer à concevoir ces produits et les mettre entre les mains des employés. Mais je pense qu’il y a beaucoup de possibilités. Et nous allons continuer à voir beaucoup d’activité au cours des cinq à dix prochaines années. »

Bien que le décaissement soit un chantier encore en cours, les participants de régime ont exprimé leur intérêt pour d’autres formes de soutiens de l’employeur, y compris une augmentation ou une escalade automatique des cotisations à leurs régimes, bien que le pourcentage de répondants qui soutient cette option soit en baisse. En 2022, 53 % des répondants étaient d’accord avec cet énoncé, comparativement à 59 % en 2016 et 64 % en 2014.

KPMG Canada a envisagé cette option au fil des ans, a confié Mme Inakazu, notant que les automatismes peuvent contribuer à des résultats positifs en matière d’épargne. « Dans sa forme la plus simpliste, c’est un moyen facile de rayer quelque chose de la liste toujours plus longue des choses dont vos employés doivent s’occuper. Et cela les aide à se concentrer sur ce qui compte pour eux, tant sur le plan personnel que professionnel. »

Cependant, pour certains segments de la population des employés qui sont déjà engagés dans leurs plans d’épargne, l’augmentation automatique peut être perturbatrice, a-t-elle noté.

« En fin de compte, même si nous avons examiné ces caractéristiques et déterminé si nous devions ou non les mettre en œuvre, nous nous sommes abstenus et nous nous sommes concentrés sur le fait de continuer à fournir aux employés l’accès à des ressources pour améliorer leurs connaissances financières, a ajouté Mme Inakazu. Il s’agit de s’assurer qu’au moment où ils pensent à la retraite ou à leurs objectifs d’épargne, ils ont accès à ces ressources qui peuvent soutenir ce processus de réflexion et leur permettre de prendre des décisions éclairées qui répondent le mieux à leurs besoins personnels. »

En outre, lorsqu’il s’agit d’examiner les programmes d’épargne-retraite et d’effectuer des transactions financières, 73 % des répondants au sondage ont déclaré qu’ils étaient à l’aise d’utiliser les services en ligne et les applications mobiles de leur fournisseur.

« En tant que responsables de la tenue des dossiers, nous devons approfondir certaines des statistiques que nous recueillons, car nous aimons l’information », a souligné M. Hopkinson. Nous devons donc consulter ces informations [et] voir ce que font les participants. Nous voulons nous assurer qu’ils tirent pleinement parti de certains des outils qui sont à leur disposition. La réalité est que les gens, plus que jamais auparavant, sont en ligne. Nous, les responsables de la tenue des dossiers, ne pouvons pas ignorer ce médium, nous devons continuer à en tirer parti. »

Jennifer Paterson est la rédactrice en chef de Benefits Canada