La situation de la retraite au Canada n’est pas critique, même si la longévité accrue engendrera des défis importants, affirme l’Institut canadien des actuaires (ICA).

Au cours des mois à venir, l’ICA publiera la version finale des toutes premières tables de mortalité des retraités canadiens, lesquelles confirment que les Canadiens participant à des régimes de retraite vivent plus longtemps que ce qui avait été prévu auparavant.

Par exemple, on prévoyait qu’une femme ayant 65 ans en 2014 vivrait encore 22,1 ans. Selon la nouvelle table, cette espérance de vie est plutôt de 24,5 ans. Pour un homme de 65 ans, ce nombre a augmenté de plus de 2,5 ans, pour atteindre 22,5 ans.

La situation n’est pas critique, par contre. Avant que ne soit repoussé l’âge de l’admissibilité aux prestations de la SV et du SRG, on estimait que le coût de ces programmes passerait de 2,3 % du produit intérieur brut (PIB) du Canada en 2010 à un sommet de 3,1 % en 2030. Avec ce changement qui sera pleinement effectif en 2029, on prévoit que le coût atteindra un sommet de 2,9 % du PIB en 2023.

L’Institut souligne néanmoins des facteurs auxquels les responsables des politiques devraient faire attention, dont le fait que la législation actuelle contraint les particuliers à prélever des sommes de leurs instruments de retraite enregistrés au plus tard à l’âge de 71 ans.

« Il serait bien avisé pour le gouvernement d’envisager de repousser cet âge afin d’offrir une plus grande souplesse », souligne-t-on dans un communiqué.

Âge de la retraite

L’ICA ajoute que le concept même d’« âge de la retraite » est peut-être désuet.

De nombreux Canadiens prennent une retraite progressive en travaillant à temps partiel ou en réduisant leurs heures de travail. Or, le contexte réglementaire actuel a été conçu à une période où la prise de retraite était un événement brusque, c’est-à-dire qu’on passait directement du travail à temps plein à l’arrêt complet. Il conviendrait donc de réexaminer les règles afin d’aller plus loin.

Retraite anticipée

Les incitations à la retraite anticipée constituent un autre concept qui mériterait d’être examiné compte tenu de la longévité accrue. Bon nombre de régimes de retraite à prestations déterminées accordent des subventions à la retraite anticipée.

« Ces incitations coûtent cher et leur impact n’est pas bien compris. À une époque où la longévité s’accroît, où l’on assiste à des changements démographiques importants et où la population active pourrait diminuer, elles n’ont peut-être plus leur raison d’être », affirme l’ICA.

Jacques Lafrance, président de l’Institut canadien des actuaires, soutient que : « Le Canada est dans une posture enviable comparativement à celle de la plupart des autres pays développés parce qu’il n’est pas aux prises avec une crise en matière de régimes de retraite. Cela n’est toutefois pas un prétexte pour éviter d’importantes décisions politiques dont tous les Canadiens bénéficieront.

« Au moment d’envisager des changements, les gouvernements doivent tenir compte des effets que ceux-ci auront sur d’autres régimes publics et sur le système de retraite dans son ensemble, y compris l’incidence, positive ou négative, qu’auront ces mesures sur notre économie, maintenant et dans l’avenir. »