Le déficit total des systèmes de retraite à l’échelle mondiale atteindra 15,8 billions de dollars américains en 2050, selon un rapport du think tank américain Group of 30, qui appelle à une réforme des régimes à cotisations déterminée.

« Si les politiques publiques et les comportements individuels ne changent pas, les systèmes de retraite de nombreux pays seront confrontés à une grave crise. Celle-ci créera une pression insoutenable sur les finances publiques et mènera à des revenus inadéquats pour les retraités », s’inquiète Adair Turner, ancien président de la Financial Services Authority au Royaume-Uni et membre du Group of 30.

Basé à Washington, le think tank compte parmi ses membres d’anciens dirigeants de banques centrales et d’organisations internationales telles que le Fonds monétaire international.

En tenant compte de l’inflation, le déficit de 15,8 billions représenterait 23 % du produit intérieur brut mondial en 2050, peut-on lire sur Bloomberg. Le rapport blâme la désuétude des systèmes de retraite en place de même que les taux d’intérêt extrêmement faibles.

Mais ce n’est pas tout. Le Group of 30 estime que la transition des régimes à prestations déterminées (PD) vers les régimes à cotisation déterminée (CD), bien qu’inévitable à certains égards, n’a pas fonctionné pour un grand nombre de travailleurs qui sont aujourd’hui mal préparés pour leurs vieux jours.

Le groupe de réflexion note que les régimes de type hybride pourraient faire partie de la solution. Les auteurs mentionnent par exemple des régimes CD qui garantiraient un rendement minimum aux participants.

« Une réforme des régimes à cotisation déterminée sera nécessaire pour permettre aux individus de bénéficier d’une gestion collective à faible coût. Il faudra faire en sorte que leur épargne-retraite ne soit pas prise en otage par les cycles du marché », a déclaré le président du Group of 30 et vice-premier ministre (senior minister) de Singapour, Tharman Shanmugaratnam.

Des décisions difficiles et impopulaires

Les auteurs préviennent aussi que la crise de la retraite à venir va bien-au-delà des prestations versées aux retraités et concerne également les services de santé publiques, l’accès au logement, l’efficacité des transports ainsi que le soutien communautaire et familial.

Comment éviter le pire? Le Group of 30 propose un certain nombres de politiques publiques que les états devraient songer à implanter. Le report de l’âge normal de la retraite est évidemment la première solution mise de l’avant. Pour qu’une telle mesure soit efficace, les travailleurs devraient demeurer sur le marché du travail de quatre à six ans de plus d’ici 2050. Le quart du déficit global des systèmes de retraite pourrait être comblé si les retraités travaillaient en moyenne 20 % du temps des travailleurs plus jeunes, note le rapport.

Une hausse de l’impôt et des taxes sera par ailleurs indispensable pour maintenir les régimes publics à flot. Parallèlement, les gouvernements devront inciter leurs citoyens à épargner davantage d’un point de vue individuel. L’instauration de programmes d’épargne obligatoires est une possibilité à envisager.

Finalement, la population devra peut-être réduire ses attentes de revenu à la retraite, par exemple en acceptant de bénéficier d’un taux de remplacement de 60 % plutôt que de 75 %.

Les auteurs du rapport reconnaissent qu’il sera difficile de faire face à la crise à venir, car celle-ci impliquera des décision potentiellement impopulaires sur le plan politique. Ces décisions seront d’autant plus difficiles à prendre dans un contexte où la population se montre méfiante face aux institutions gouvernementales et « de plus en plus sensible à la rhétorique populiste et à la démagogie ».