Les promoteurs de régimes de retraite à prestations déterminées (PD) doivent s’attendre à une hausse des cotisations dans les prochaines années. Partout au pays… sauf au Québec.

Les cotisations requises devraient demeurer relativement stables à l’échelle de la province en raison des changements apportés aux règles de capitalisation au début de 2016, estime Mercer. La firme souligne d’ailleurs que les décideurs des autres provinces songent eux aussi à apporter des modifications aux règles de capitalisation afin de donner une certaine marge de manœuvre aux promoteurs.

Car ailleurs au pays, de nombreux promoteurs de régimes PD doivent s’attendre à une hausse des cotisations en 2017 et dans les années suivantes. Et ce, même si l’année 2016 se déroule plutôt bien jusqu’à maintenant.

L’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite, qui illustre le ratio de solvabilité d’un régime de retraite hypothétique, est en effet passé de 90 % à 92 % entre le 30 juin et le 28 septembre, et a ainsi rejoint le niveau auquel il se trouvait en début d’année, profitant en fait des solides rendements dégagés par les marchés boursiers cette année, particulièrement du côté des actions canadiennes.

« Bon nombre de promoteurs de régime ont cependant déposé des évaluations actuarielles auprès des organismes de réglementation à la fin de 2013, alors que la santé financière des régimes de retraite se portait considérablement mieux qu’aujourd’hui, souligne F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Retraite chez Mercer. Une grande partie de ces promoteurs doivent soumettre de nouvelles évaluations à la fin de 2016, et celles-ci révéleront à quel point la santé financière des régimes s’est détériorée au cours des trois dernières années. »

Beaucoup d’incertitudes

Par ailleurs, de nombreuses questions demeurent en suspens et pourraient avoir une incidence encore plus grande sur l’ensemble des régimes de retraite : les taux d’intérêt diminueront-ils davantage comme on l’a vu en Europe et au Japon? Comment les marchés boursiers réagiront-ils lorsque la Réserve fédérale américaine augmentera les taux d’intérêt à court terme? Quel impact à court terme les élections américaines auront-elles sur les marchés mondiaux et quelle en sera l’incidence à long terme sur la croissance économique?

L’incertitude croissante incitera de nombreux promoteurs de régimes à prestations déterminées – particulièrement ceux qui les ont fermés – à réduire leur exposition au risque en augmentant la proportion de titres à revenu fixe ou en transférant certains éléments de passif par une opération de souscription de rentes, surtout si la situation financière de leurs régimes s’améliore, analyse Mercer, qui ajoute que les promoteurs désireux de réduire les risques liés à leurs régimes devraient établir dès maintenant une stratégie détaillée et tenter de repérer les occasions qui se présentent de manière à pouvoir agir rapidement au moment opportun.

En revanche, si l’on présume que le contexte de faibles taux d’intérêt est là pour rester un bon moment, les promoteurs qui se sont engagés à maintenir leurs régimes à prestations déterminées pourraient sentir le besoin de diversifier leur portefeuille de placements puisque les taux de rendement actuels des portefeuilles de titres à revenu fixe traditionnels ne sont guère plus élevés que les prévisions d’inflation.

Se préparer à la volatilité

Contrairement à l’indice de Mercer, les données d’Aon montrent une légère diminution (0,8 %) du niveau de solvabilité des régimes de retraite canadiens au troisième trimestre. La firme note cependant que la solvabilité demeure relativement stable et qu’une proportion croissante des régimes étudiés était entièrement provisionnée à la fin du trimestre.

« L’incidence immédiate du Brexit ayant été discrète et la politique monétaire étant relativement stable, l’été s’est avéré être assez calme pour les régimes de retraite, explique Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite chez Aon Hewitt. Si nous examinons toutefois le trimestre de plus près, nous voyons qu’il y a eu de la volatilité à la fois du côté de l’actif et du côté du passif. »

Aon prévoit d’ailleurs que la fin de 2016 sera marquée par une volatilité et une incertitude accrues sur les marchés des titres à revenu fixe et des actions, ainsi que par des décisions potentielles qui auront une incidence sur le provisionnement au cours des prochaines années.

Ainsi, les possibilités que les régimes de retraite continuent d’espérer des gains dans les classes d’actifs axées sur le risque sont « limitées ».

« Les régimes de retraite étant dans une position de force, il importe de se concentrer sur l’optimisation du risque. Une diversification intelligente – comprenant possiblement une exposition aux classes d’actifs non traditionnelles – est indispensable dans ce contexte, et des stratégies de couverture, y compris la couverture des devises lorsque les régimes sont largement exposés aux pays autres que les É.-U, doivent au moins être prises en considération », soutient Claude Lockhead.