Un téléscope devant la mer

Les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) canadiens ont vogué sur des eaux calmes au cours des derniers mois, alors que leur ratio de capitalisation continue de se maintenir à des niveaux élevés.

Au cours du deuxième trimestre de 2021, le ratio de capitalisation global des régimes de retraite faisant partie de l’indice composé S&P/TSX a légèrement augmenté, passant de 94,8 % à 95,6 %, selon Aon.

Chez les clients de Mercer, le ratio de solvabilité médian s’établissait à 100 % au 30 juin.

Les bonnes nouvelles viennent autant du côté des marchés boursiers, qui ont affiché de bons résultats au cours des trois derniers mois, que des taux d’intérêt, qui sont relativement stables. Selon les données d’Aon, l’actif des régimes PD a ainsi progressé de 4,0 % au deuxième trimestre.

Cette amélioration constante des ratios de capitalisation au cours des derniers mois pousse certains régimes fermés ou bloqués à réduire leur risque en envisageant certaines stratégies de mise en veilleuse pour protéger les gains réalisés.

« Avec des situations financières favorables qui se maintiennent, les promoteurs de régimes continuent d’avoir des options pour réduire les risques et financer leurs régimes, indique Claude Lockhead, associé exécutif, Solutions pour la retraite chez Aon. Le marché des rentes collectives continue de se réchauffer et certains promoteurs de régimes envisagent des rachats de rentes pour se décharger de certains de leurs risques de retraite. »

Limiter la prise de risques

Mercer estime qu’environ la moitié des régimes de retraite de ses clients présentent un excédent d’actif selon l’approche de solvabilité et qu’un peu moins de 6 % d’entre eux obtiennent un ratio de solvabilité inférieur à 80 %.

« 2021 continue d’être favorable aux régimes de retraite PD, soutient F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer. La reprise par rapport aux planchers de mars 2020 s’est avérée remarquable. Par contre, seul le temps nous dira si ces améliorations dureront. »

Compte tenu des nombreux risques potentiels qui planent sur les marchés financiers, l’actuaire insiste sur l’importance pour les régimes de revoir leur tolérance au risque et « cristalliser ces niveaux de capitalisation améliorés ».

Cela est particulièrement vrai pour les régimes bien capitalisés, fermés et gelés, qui n’ont pas vraiment avantage à continuer de prendre d’importants risques, estime Mercer. Les promoteurs de ces régimes devraient profiter de l’occasion pour écarter les risques, en augmentant la pondération des actifs défensifs, en assurant une adéquation des placements aux passifs de leurs régimes, en stimulant la souscription de rentes, en liquidant leurs régimes ou même en les fusionnant avec des régimes de retraite conjoints, si cette option s’offre à eux.

Pour les régimes ouverts avec un horizon à plus long terme, l’exposition aux actifs de croissance demeure toutefois incontournable en raison des faibles rendements générés par les placements à revenu fixe. Pour réduire la volatilité inhérente aux placements plus risqués, les promoteurs peuvent notamment augmenter la diversification de leur portefeuille et opter pour une pondération plus élevée dans les titres des marchés privés.

Trimestre favorable aux actions canadiennes

Un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait produit un rendement de 5,3 % au deuxième trimestre de 2021, selon Mercer.

Le rendement des actions canadiennes (8,5 %) a surpassé celui de leurs homologues américaines (6,9 %) et mondiales (6,3 %), en raison de la constitution cyclique du marché et de la concentration de celui-ci dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Les marchés émergents ont pour leur part connu un trimestre moins florissant (3,6 %).

Le taux des obligations est demeuré stable au cours du trimestre, par opposition à la forte progression enregistrée au début de l’année, alors que le taux des obligations universelles faisait du surplace et que celui des obligations à long terme subissait une perte de 18 points de base. Les entreprises sont toujours en mesure d’obtenir du financement à très faible coût afin d’améliorer leur bilan. Combinée à de solides perspectives économiques, cette situation a entraîné une réduction du risque de crédit perçu, ce qui, selon les investisseurs, justifie des écarts de taux extrêmement bas.

La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux maintenu leur taux d’intérêt cible à 0,25 % pendant tout le deuxième trimestre de 2021. Toutefois, lors de la dernière réunion du Federal Open Market Committee, les 15 et 16 juin, la Réserve fédérale américaine a devancé sa première hausse de taux : elle prévoit maintenant deux hausses de taux en 2023 plutôt qu’en 2024, tel qu’il avait été planifié initialement.