La santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées canadiens a continué de s’améliorer au troisième trimestre, en dépit de rendements négatifs, selon les données de Mercer et Aon.

Le degré de solvabilité médian des régimes PD figurant dans la base de données de Mercer est ainsi passé de 119 % au 30 juin 2023 à 125 % au 30 septembre 2023. Au début de l’année, l’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite s’établissait à 113 %.

Constat similaire chez Aon, qui mesure le ratio de capitalisation globale des régimes de retraite canadiens associés à l’indice composé S&P/TSX. Celui-ci est passé de 101,7 % à 105,4 % au cours du troisième trimestre.

Cette embellie survient pourtant au moment où les caisses de retraite ont enregistré des rendements particulièrement décevants (-5,0 % selon Aon, -4,9 % selon Mercer). Toutefois, les taux obligataires ont augmenté pendant le trimestre, ce qui a poussé les passifs des régimes PD à la baisse.

Le rendement des obligations à long terme du gouvernement canadien a en effet augmenté de 77 points de base au cours du trimestre, et les écarts de crédit se sont creusés de 2 points de base, souligne Aon. Cette combinaison a entraîné une augmentation des taux d’intérêt utilisés pour évaluer les engagements des régimes de retraite, passant de 4,62 % à 5,41 %.

Les marchés boursiers n’ont pas été porteurs d’aussi bonnes nouvelles. Au cours du troisième trimestre, les actions canadiennes incluses dans l’indice S&P/TSX ont reculé de -2,2 %, les actions américaines (S&P 500) ont perdu 1,2 % et les actions mondiales (MSCI Monde) ont enregistré un rendement négatif de 1,3 %.

« La tendance continue à la hausse des positions de financement des régimes de retraite conduira probablement à d’autres possibilités de réduction des risques, y compris un intérêt accru pour les solutions d’investissement axées sur le passif et les rachats de rentes », soutient Jason Malone, associé principal, solutions pour le patrimoine chez Aon.

Des congés de cotisation, vraiment ?

À la fin du troisième trimestre, Mercer estime que 88 % des régimes de sa base de données présentent un excédent d’actif selon l’approche de solvabilité (contre 85 % à la fin du deuxième trimestre). La firme estime également qu’environ 5 % des régimes montrent un degré de solvabilité entre 90 % et 100 %, que 2 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité entre 80 % et 90 % et que 5 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité inférieur à 80 %.

Les promoteurs qui ont déposé des évaluations en fin d’exercice 2022 ont fixé leurs obligations quant aux cotisations pour quelques années et ils sont nombreux à avoir atteint un niveau de capitalisation qui rend les congés de cotisations possibles, ce qui n’était pas arrivé depuis un bon moment, souligne Mercer. Les promoteurs de régimes PD ne devraient toutefois pas se reposer sur leurs lauriers. Les marchés peuvent être volatils et comme les régimes présentent un excédent, le moment est plus que jamais propice à la prise de mesures, notamment la réduction des risques et le transfert du risque associé aux régimes de retraite. En agissant dès maintenant, les transactions peuvent se faire à coûts réduits ou nuls.

« Selon les prévisions, les taux d’intérêt risquent de demeurer élevés à court et à moyen terme, souligne F. Hubert Tremblay, membre du partenariat chez Mercer Canada. Les promoteurs de régimes devraient donc revoir leur tolérance au risque ainsi que les risques auxquels ils font face et prendre des mesures pour couvrir ou transférer les risques qu’ils ne souhaitent pas prendre. Sinon, ils courent le risque de le regretter lorsque la conjoncture favorable aux régimes PD se terminera. »