Malgré l’incertitude géopolitique sur les marchés financiers, le niveau de solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées canadiens s’est amélioré au deuxième trimestre et se situe maintenant autour de 100 %.

Ainsi, le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer a atteint 99 % au 29 juin, en hausse par rapport à 98 % le 30 mars et à 97 % à la fin de 2017. À l’heure actuelle, près de la moitié de tous les régimes au pays sont entièrement capitalisés.

Le dernier sondage trimestriel d’Aon arrive sensiblement au même constat, avec un ratio de solvabilité médian de 100,2 %. Il s’agit d’une hausse de 1,5 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent.

Si la santé financière des régimes semble au beau fixe, les promoteurs doivent tout de même demeurer très prudents. « Le risque le plus important désormais serait d’être complaisant », affirme Claude Lockhead, associé exécutif et directeur de la pratiue Retraite de la région de l’Est chez Aon. « Malgré que la solvabilité se soit amélioré d’un trimestre à l’autre, nous avons constaté des variations assez importantes au cours des derniers mois – en fait, nous avons observé une baisse de 150 points de base, alors qu’il était à son sommet avec 101,7 % à la fin avril. En clair, il n’en faudrait pas beaucoup pour que tous les gains de solvabilité de cette année s’évanouissent, et rapidement. »

Les promoteurs de régimes gelés ou fermés devraient profiter de la santé financière actuelle de leurs régimes pour réévaluer sans tarder leur profil de risque et voir s’il est en adéquation avec les risques qui s’annoncent, note F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs chez Mercer. « Nombre de ces régimes sont beaucoup trop exposés au risque d’investissement, compte tenu de leur bonne solvabilité et du rapprochement de leur horizon de placement. Le risque de déficits énormes qui pourraient réapparaître l’emporte largement sur l’avantage d’accroître les surplus. »

Les marchés boursiers favorables

Les taux d’intérêt à long terme ont terminé le trimestre sans grand changement par rapport à la fin du premier trimestre. Les marchés boursiers, quant à eux, ont bien performé, en dépit d’un recul dans les dernières semaines de juin.

Un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait gagné 2,5 % au deuxième trimestre de 2018, selon Mercer.

Les actions canadiennes ont remonté de façon marquée durant le deuxième trimestre, l’indice composé S&P/TSX rapportant 6,8 %, soit le gain trimestriel le plus important depuis plus de quatre ans.

Les rendements des actions américaines ont été positifs sous l’angle du dollar américain (+3,4 %) et l’ont été davantage en dollars canadiens (+5,5 %) en raison du recul du huard par rapport au dollar américain durant le trimestre. Par contre, le dollar canadien s’est apprécié par rapport à l’euro et à la livre sterling, de sorte que les investisseurs en dollars canadiens ont obtenu des rendements moindres en devises locales sur les marchés boursiers internationaux (EAEO) (+1,0 % en dollars canadiens et +3,8 % en devises locales)

Renversant les tendances récentes, les marchés émergents ont été à la remorque des marchés développés, reculant de 6,0 % en dollars canadiens (-3,4 % en devises locales) au deuxième trimestre.

Les marchés canadiens de titres à revenu fixe ont pour leur part récolté des rendements modestes durant le trimestre, les obligations à long terme (+0,9 %) surpassant les obligations universelles (+0,5 %). Les obligations à rendement réel (+2,0 %) ont encore battu les obligations à rendement nominal, les taux de ces dernières demeurant pratiquement inchangés.

Volatilité droit devant!

« À la fin du premier trimestre, les marchés en étaient arrivés à évoluer dans un environnement d’investissement plus volatile, ce qu’a confirmé le deuxième trimestre, souligne Claude Lockhead. Sur les marchés boursiers, nous observons jusqu’à présent une augmentation d’environ 50 % de la volatilité en 2018 par rapport à l’année dernière, mais l’incertitude ne se limite pas aux actions. Les rendements obligataires ont fluctué de près de 50 points de base au cours du deuxième trimestre et ont terminé à peu près là où ils ont commencé.

Bref, les promoteurs doivent s’attendre à une hausse de la volatilité portée par les tensions commerciales, les facteurs géopolitiques et la réorientation des banques centrales.

« Dans ce contexte, il est logique que les promoteurs de régimes de retraite profitent de leurs positions solidement financées, bloquent certains gains et prennent des mesures concrètes pour renforcer la gestion des risques à l’avenir », résume M. Lockhead.