Après une fin de premier trimestre catastrophique, la santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées s’est redressée au deuxième trimestre, portée par le rebond des marchés boursiers. Les promoteurs ne doivent toutefois pas se réjouir trop vite.

Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer était de 91 % au 30 juin, en hausse par rapport au niveau de 84 % enregistré le 31 mars. Chez Aon, le ratio de solvabilité médian est passée de 89 % à la fin du premier trimestre à 94 % à la fin du deuxième trimestre. Toujours selon Aon, la solvabilité a chuté de 6,7 points de pourcentage au cours du seul mois de mars, mais depuis lors, elle est remontée presque au même point qu’à la fin février (95,8 %); elle a atteint son point le plus bas au cours de la troisième semaine de mars (82,5 %).

« En dépit des difficultés des derniers mois, la plupart des régimes de retraite à prestations déterminées se sont sortis assez bien du pire de la crise, explique F. Hubert Tremblay, conseiller principal au sein du domaine Avoirs de Mercer Canada. Quand on regarde la situation des régimes depuis le 1er janvier 2000, les niveaux de capitalisation historiques ont dépassé les niveaux actuels moins de 30 % du temps. »

Les entreprises seront heureuses de constater qu’elles n’auront pas à se soucier d’une hausse des cotisations aux régimes de retraite PD dans un avenir rapproché, souligne Mercer. En déposant une évaluation actuarielle à la fin de 2019, les promoteurs pourront reporter toute augmentation du financement de leur régime à 2023.

De plus, l’assouplissement ou l’élimination des exigences liées à la capitalisation du déficit de solvabilité, notamment en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique, limitera la hausse des cotisations qui surviendra si les niveaux de capitalisation ne se rétablissent pas au cours des prochaines années.

Rebond des actions

« Les marchés boursiers ont connu une reprise spectaculaire et inattendue au deuxième trimestre, malgré le plus grand ralentissement économique de l’histoire récente, soutient Erwan Pirou, directeur des placements au Canada chez Aon. Le rééquilibrage des portefeuilles à la fin du mois de mars s’est avéré être une bonne stratégie et nous continuerons à la recommander pour cristalliser les gains du marché boursier. »

Le rendement médian des actifs à la fin du deuxième trimestre était de 11,5 %, comparé à -9 % au premier trimestre 2020, selon Aon.

Le marché des actions canadiennes a devancé tous les marchés développés, en dollars canadiens. L’indice composé S&P/TSX a gagné 17 % et 10 des 11 secteurs ont inscrit des rendements positifs, celui des technologies de l’information arrivant en tête.

Le marché des actions américaines a pour sa part dégagé un rendement de 15,3 % en dollars canadiens. Quant aux actions internationales, elles ont été favorables aux investisseurs grâce à leur rendement de 10,1 % en dollars canadiens. Certains des segments plus volatils du marché des actions, notamment les titres à faible capitalisation et les titres des marchés émergents, se sont en partie remis de leurs lourdes pertes du premier trimestre.

Les obligations à long terme affichent un rendement trimestriel supérieur à 10 % du fait de la chute des taux obligataires. Les obligations à rendement réel et les obligations universelles ont aussi affiché de solides rendements (6,2 % et 5,9 %, respectivement). Selon Aon, cette hausse du prix des obligations n’a toutefois par été suffisante pour compenser l’impact négatif sur le passif des régimes.

« Certaines possibilités sur les marchés publics traditionnels créées par les bouleversements du premier trimestre ont déjà disparu pour le moment. Elles reviendront probablement et il est donc logique d’avoir une approche opportuniste pour les saisir, juge Erwan Pirou. Nous continuons à voir des possibilités sur les marchés privés et moins liquides, alors que les rendements des obligations à long terme sont à un niveau historiquement bas en raison de l’intervention des banques centrales. De nombreux clients peuvent vouloir revoir la durée dont ils disposent. »

Malgré la forte reprise des marchés boursiers au deuxième trimestre, les promoteurs doivent se montrer très prudents, affirme F. Hubert Tremblay. « Des risques graves et imminents menacent les régimes PD. Les marchés des actions ont pris les devants sur l’économie réelle, ce qui les rend extrêmement vulnérables face aux écueils d’une faible reprise économique, de la persistance prolongée du virus ou de délais dans le développement d’un vaccin efficace. »

Pour les régimes fermés et gelés, la meilleure stratégie consiste à jouer de prudence en augmentant la pondération des actifs défensifs et en procédant à la souscription de rentes collectives.

Pour les régimes qui ont un horizon à plus long terme, les promoteurs devront s’assurer de continuer à investir dans les actifs de croissance, tout en trouvant l’équilibre entre les objectifs des employeurs et ceux des participants. « Des taux de cotisation réalistes, des caractéristiques de partage des risques, une forte diversification des catégories d’actifs et une sélection rigoureuse des gestionnaires de placement ne revêtiront désormais que plus d’importance », souligne Mercer.