Les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) canadiens ont bien tiré leur épingle du jeu en 2021, pourtant une autre année marquée par l’incertitude sur les plans sanitaire et économique, et mouvementée sur les marchés financiers.

L’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite s’est établi à 103 % au 31 décembre dernier, en hausse de 7 points de pourcentage depuis le 31 décembre 2020. Les données de Aon font aussi état d’une amélioration de la santé financière des régimes PD canadiens, avec un ratio de capitalisation de 97,2 % à la clôture de l’année 2021. Un an plus tôt, ce ratio se situait à 89,4 %.

Dans le détail, les données de Mercer révèlent que 61 % des régimes présentent un excédent d’actif selon l’approche de solvabilité, 27 % montrent un degré de solvabilité entre 90 % et 100 % et 7 % un degré entre 80 % et 90 %. À peine 5 % des régimes se trouvent dans une situation plus délicate avec un degré de solvabilité inférieur à 80 %.

« Compte tenu des nombreux régimes PD en meilleure posture, nous continuons de penser que les promoteurs de régimes devraient revoir leur exposition au risque et cristalliser une partie de ces gains si cela est logique, soutient F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer. Les promoteurs ne souhaiteront pas voir leurs excédents se transformer en déficits en raison de leur inaction. »

Mercer conseille aux régimes fermés ou gelés bien capitalisés d’écarter les risques en augmentant la pondération des actifs défensifs et en s’assurant d’avoir un bon niveau d’appariement actif-passif. Cependant, pour les régimes ouverts qui ont une vision à plus long terme, l’investissement dans les actifs de croissance demeure essentiel face aux faibles rendements obligataires.

Rendements satisfaisants

Les actifs des régimes de retraite canadiens ont affiché un rendement de 7,0 % en 2021, selon Aon. Le rendement des obligations à long terme du gouvernement du Canada à la fin de l’exercice a augmenté de 51 points de base par rapport au taux en vigueur à la fin de l’exercice précédent, et les écarts de taux se sont légèrement rétrécis de 3 points de base.

Cette combinaison a donné lieu à une augmentation des taux d’intérêt utilisés pour évaluer les engagements des régimes de retraite, qui sont passés de 2,34 % à 2,82 %. Cette hausse des taux d’intérêt, conjuguée aux rendements significatifs des actifs, a contribué à améliorer la situation de capitalisation des régimes de retraite au pays.

« L’année 2021 a été spectaculaire pour la capitalisation des régimes de retraite canadiens, les taux d’intérêt et les actifs à risque ayant augmenté, souligne Erwan Pirou, directeur des placements, Solutions pour le patrimoine d’Aon au Canada. Toutefois, comme les taux d’inflation atteignent des sommets records en Amérique du Nord, il faudra surveiller de près si les banques centrales réalisent les hausses de taux prévues au cours des prochains mois et à quel point elles seront significatives. À plus long terme, il devient de plus en plus urgent d’assurer la pérennité des actifs des régimes en fonction des changements climatiques. »

L’année 2021 a souri aux marchés boursiers nord-américains, avec une solide croissance de 25,1 % pour l’indice S&P/TSX et de 27,6 % pour l’indice S&P 500 (en dollars canadiens), selon les données de Refinitiv. Légèrement en retrait, les actions mondiales ont tout de même généré un rendement de 21,3 %. L’année a toutefois été difficile pour les marchés émergents, qui franchissent la ligne d’arrivée en territoire négatif (-3,1 %).

La bonne performance des marchés boursiers a toutefois été tempérée par la baisse des rendements sur les titres à revenu fixe. Ainsi, l’indice FTSE Canada universel a reculé de 2,5 % en 2021, alors que l’indice FTSE Canada long terme a perdu 4,5 %.

« À l’approche de 2022, nous sommes dans l’ensemble optimistes quant aux perspectives économiques, affirme Jean-Pierre Talon, membre du partenariat du domaine Avoirs de Mercer. Une forte croissance des revenus et des bilans sains des consommateurs devraient continuer de soutenir la consommation. Les dépenses publiques et les investissements devraient rester élevés sur une longue période. La réintroduction de restrictions liées à la pandémie pourrait affaiblir la croissance en début d’année, mais nous prévoyons que la croissance se redressera après la vague du variant Omicron, ce qui remettra les économies sur la trajectoire menant à une reprise complète. »

La trajectoire que prendra l’inflation au cours des prochains mois ainsi que les décisions à venir des banques centrales en réaction à cette inflation devront demeurer sur le radar des investisseurs.

La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux maintenu leur taux d’intérêt cible à 0,25 % pendant tout le quatrième trimestre de 2021. La Réserve fédérale américaine a confirmé que la réduction d’achat d’actifs commencera comme prévu et les marchés continuent de tabler sur des hausses de taux durant la prochaine année.