La catégorie des prêts de premier rang à taux variable est unique en ce qu’elle fournit un rendement courant attrayant et présente une volatilité relativement modeste, une courte durée et un coefficient de corrélation faible comparativement aux autres catégories d’actifs. Cette catégorie d’actifs institutionnelle, dont la taille du marché atteint 750 milliards de dollars, procure en moyenne un rendement courant d’environ 5 %.

En outre, les prêts de premier rang à taux variable présentent un historique de rendements annuels relativement stables de plus de 6 % sur les 20 dernières années, et offrent une protection intéressante contre le risque de taux d’intérêt. Durant la période s’échelonnant de mai à septembre 2013, lors de l’accentuation de la courbe de rendement, plusieurs indices obligataires traditionnels ont subi des pertes de plus de 3 %. Pendant ce temps, l’indice des prêts de premier rang à taux variable a enregistré un rendement positif de 1,1 %.

Dotés de caractéristiques avantageuses, les prêts de premier rang à taux variable forment une catégorie d’actifs de plus en plus convoitée par les caisses de retraite américaines à la recherche de rendements accrus et d’une plus grande diversification.

À quels défis sont confrontés les investisseurs obligataires?

Selon le consensus du marché, les taux d’intérêt sont parvenus au terme d’une tendance à la baisse, le rendement des obligations de 10 ans ayant décliné pendant les trente dernières années, passant de plus de 14 % en 1981 à moins de 2 % en 2013.

Mathématiquement parlant, cette tendance ne peut pas continuer. Ayant permis d’enregistrer des gains sur les obligations au moment où les rendements chutaient, celle-ci a incité de nombreux investisseurs à courir des risques additionnels, souvent en lien avec le risque de durée, pour maintenir un niveau de rendement adéquat. La majorité des catégories d’actifs traditionnelles en revenu fixe ont une durée entre cinq et sept ans et un risque de perte de 5 à 7 % pour chaque déplacement de 1 % à la hausse de la courbe de rendement.

À quel moment les banques centrales mettront-elles un terme aux mesures d’assouplissement quantitatif?

Selon le consensus, le processus devrait s’enclencher dans trois à six mois.

Après plusieurs années d’injections massives de liquidités par les banques centrales, l’économie mondiale semble entrer dans une période de croissance économique généralisée. Comme le montrent les graphiques ci-dessous, cette croissance se veut supérieure à la moyenne des dix dernières années dans bien des régions du monde.

Comment les obligations gouvernementales répondront-elles?

Une plus forte croissance de l’activité économique mènera à l’abandon de la politique de suppression du rendement des banques centrales, ce qui devrait se traduire par une certaine normalisation de la courbe de rendement. Le marché à terme des titres du Trésor américain pointe vers un rendement de 4,2 % pour les obligations à échéance de 10 ans d’ici la fin de 2016, ce qui devrait pousser à la baisse le prix des obligations gouvernementales.

Comment les obligations de sociétés répondront-elles?

En général, une croissance mondiale robuste contribue à rehausser la rentabilité des entreprises et, à échéance, à resserrer les écarts de taux. Actuellement, ces derniers s’avèrent plutôt prononcés, ce qui contraste avec la situation qui prévalait avant la crise financière, lorsque les écarts étaient nettement plus étroits. Au 30 septembre 2013, l’indice JPMorgan Global High Yield Bond affichait un écart de taux de 525 b/s, en comparaison à celui de 263 b/s observé en juin 2007.

Les obligations de sociétés demeurent cependant exposées aux pertes advenant une hausse des taux d’intérêt. En revanche, les prêts de premier rang à taux variable procurent un rendement attrayant, avec un risque plus limité dans un contexte de hausse des taux.

Quelles sont les caractéristiques des prêts de premier rang à taux variable?

Le marché des prêts de premier rang à taux variable est essentiellement constitué de titres d’émetteurs de moindre qualité (Ba1/BB+ ou inférieur). Généralement libellés en dollars américains, les prêts sont souvent émis par des entreprises américaines de grande et moyenne capitalisation et gérés par les banques d’affaires américaines, lesquelles participent également à la négociation active des prêts. Le rendement sur les prêts de premier rang à taux variable équivaut généralement au LIBOR (le taux interbancaire offert à Londres), majoré d’une prime (la prime moyenne est actuellement de 526 b/s). La composante LIBOR du rendement est réajustée tous les trois mois, en fonction des taux d’intérêt en vigueur sur le marché.

Bien que les occasions d’investissement se montrent plus nombreuses aux États-Unis, où elles représentent plus de 90 % de l’indice, le Canada compte sur plusieurs émetteurs d’envergure. Le marché canadien des prêts de premier rang à taux variable subit la forte influence de son pendant américain, mais il n’a pas encore atteint le même niveau de développement. Au 31 octobre 2013, le Canada représente 2,6 % de l’indice, avec plus de 36 émetteurs et une taille totale d’émissions de plus de 22 milliards de dollars. Le tableau suivant recense les caractéristiques de quelques émetteurs canadiens de taille, faisant partie de nos portefeuilles.

ÉMETTEURS DANS L’INDICE

Taille

Cote

Rend.

Durée

Écart

Prix

Performance (%)

G$

%

Années*

Pdb

30 j

Émission

VALEANT PHARMA

3,2

BB

4,5

0,125

404

101,130

1,1

2,5

Depuis le 5 août 2013

HUDSON’S BAY COMPANY

2,0

BB

4,7

0,125

428

101,500

2,7

2,8

Depuis le 7 octobre 2013

TELESAT CANADA

1,7

BB-

3,5

0,125

316

100,625

1,1

3,0

Depuis le 27 mars 2013

MEG ENERGY

1,3

BBB-

3,7

0,125

338

101,875

0,7

3,4

Depuis le 26 février 2013

BOMBARDIER RECREATIONAL PRODUCTS

1,1

B+

4,0

0,125

468

100,625

1,0

2,3

Depuis le 31 mai 2013

*50 % de la durée totale de la période de rajustement de 0,25 année.

En conclusion, les prêts de premier rang à taux variable pourraient faire le pont, non seulement pour les caisses de retraite qui envisagent de mettre en œuvre des stratégies d’investissement guidé par le passif (LDI), mais également pour les investisseurs qui, aujourd’hui, se retrouvent les mains liées en raison de la faiblesse des rendements et du risque plus élevé de durée inhérente à leurs placements dans des obligations.

Connor O’Brien est président et chef des placements à Gestion d’actifs Stanton

Sources des données dans l’article : Gestion d’actifs Stanton, Bloomberg, JP Morgan Chase and Co. (Leveraged Loan annual and weekly reviews), au 30 septembre 2013, Banque du Canada.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles d’Avantages.