L’année 2014 n’aura pas été la plus fructueuse pour les régimes de retraite à prestations déterminées, mais ceux qui se sont dotés d’une stratégie de réduction des risques ont mieux résisté que les autres, révèle le plus récent sondage sur le ratio de solvabilité des régimes de retraite d’Aon Hewitt.
Sous l’effet d’une diminution des taux d’intérêt à long terme, la solvabilité des régimes PD a connu un recul de près de trois points pour l’année qui vient de se terminer, soit la première baisse annuelle mesurée par Aon Hewitt depuis 2011.
Les 449 régimes de retraite des secteurs public, semi-public et privé ayant participé au sondage ont un ratio de provisionnement médian sur base de solvabilité – la valeur marchande de l’actif du régime par rapport à son passif – de 90,6 %. Il s’agit d’une baisse de 0,5 point par rapport au trimestre précédent terminé le 30 septembre 2014, et d’une chute de 2,7 points par rapport à la solvabilité au 31 décembre 2013. Depuis le sommet de 96,6 % atteint en avril 2014, la solvabilité globale des régimes a reculé de 5,9 points.
Par ailleurs, alors que 26 % des régimes étudiés étaient plus qu’entièrement provisionnés à la fin de 2013, ils n’étaient plus que 18,5 % à la fin de 2014.
Atténuer les risques
Face à une volatilité considérable des taux d’intérêt, qui ont connu une baisse globale de près d’un point de pourcentage en 2014, les régimes de retraite qui ont adopté une stratégie de réduction des risques se comportent mieux que les régimes de retraite qui continuent d’assumer le risque de taux d’intérêt.
Par exemple, un régime traditionnel (composé de 60 % d’actions/40 % d’obligations) qui a commencé l’année avec un ratio de solvabilité de 90 % aurait terminé 2014 avec un ratio de 88,5 %. Par contre, selon le sondage d’Aon Hewitt, un régime en consultation active type ayant un ratio de solvabilité de 90 % au 1er janvier aurait terminé l’année avec un ratio de 91,5 %.
« Les régimes qui sont demeurés exposés aux taux d’intérêt ont subi une véritable raclée en 2014, explique Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite et gestion de placements d’Aon Hewitt. Les promoteurs qui ont mis en œuvre ou peaufiné leurs stratégies de gestion des risques ont obtenu de bien meilleurs résultats que les promoteurs de régimes traditionnels dans un contexte de baisse des taux d’intérêt. Pour ce qui est de 2015, la seule certitude, c’est l’incertitude. Cela devrait inciter tous les promoteurs à évaluer leurs stratégies de provisionnement et de placement en vue de mieux gérer le risque. »
D’autan plus que la promulgation et l’application imminente des nouvelles tables de mortalité de l’Institut canadien des actuaires pour le marché canadien pourraient avoir une incidence négative importante sur la solvabilité des régimes. Aon Hewitt évalue qu’elles pourraient donner lieu à une baisse de plus de quatre points du taux de solvabilité médian.
Actions et placements alternatifs sauvent la mise
L’incidence défavorable de la baisse des taux d’intérêt a cependant été en partie compensée par les rendements des actions, en l’occurrence les actions américaines (26,3 %), les actions mondiales (16,3 %) et les actions canadiennes (10,8 %). Les régimes investis dans des catégories d’actif non traditionnelles comme l’immobilier mondial et les infrastructures ont quant à eux été récompensés par des rendements de respectivement 28,2 % et 26,9 % en 2014.
« La vigueur de l’économie américaine ayant été neutralisée par la faiblesse observée en Europe et en Asie, et les prix des matières premières ayant été volatils, nous pouvons continuer de nous attendre à des taux d’intérêt instables et faibles dans certains marchés boursiers, notamment en Europe, explique M. Lockhead. Compte tenu de l’impact des nouvelles estimations de longévité à venir bientôt, les promoteurs se doivent d’examiner attentivement leur approche en matière d’investissements et de gouvernance. Par exemple, les régimes qui non seulement atténuent le risque de taux d’intérêt, mais comportent aussi un processus de gouvernance robuste qui permet de bloquer les gains réalisés sur les marchés, seront mieux placés pour gérer cette volatilité – un aspect qui mérite d’être pris en considération dans ce qui semble être une conjoncture difficile persistante en 2015. »
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