Plutôt que de demander un premier chèque au Régime de rentes du Québec (RRQ) à 65 ou 70 ans, plusieurs Québécois gagneraient à attendre l’âge de 75 ans. Mais pour cela, il faudrait changer les règles du régime.

C’est ce que proposent Antoine Genest-Grégoire et Luc Godbout, de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, dans un rapport rédigé en collaboration avec Martin Dupras, ex-président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière.

Selon eux, plusieurs Québécois pourraient utiliser leur épargne privée pour vivre pendant les premières années de leur retraite, avant de demander leurs prestations du RRQ à 75 ans. Les prestations seraient alors beaucoup plus élevées.

Mais pour ce faire, explique le fiscaliste Luc Godbout dans Le Devoir, il faut tout de même bénéficier d’un certain capital. Les chercheurs se sont basés sur l’effet d’une réforme au Québec qui serait semblable à celle d’Ottawa, afin de calculer l’épargne nécessaire pour retarder de quelques années le recours au RRQ.

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Augmenter le taux de couverture publique

Ainsi, une personne qui prend sa retraite à 65 ans et attend d’en avoir 70 pour demander ses prestations a besoin d’une épargne privée de 248 000 $. Elle bénéficie ainsi d’un taux de couverture publique de 82,4 %. Le taux de couverture publique s’obtient en divisant le montant des prestations publiques (RRQ, Sécurité de la vieillesse et Supplément de revenu garanti) par l’objectif de revenu à la retraite.

Si la même personne attendait jusqu’à 75 ans, elle aurait un taux de couverture publique de 100 %, mais cet effort lui aura demandé une épargne de 275 000 $. À noter que le report du versement des prestations serait volontaire. Les individus pourraient toujours toucher leur rente dès 60 ans si elles le désirent.

Les chercheurs s’intéressent aussi au calcul des niveaux de prestations. Ils proposent d’éviter de comptabiliser les gains de travail après l’âge de 60 ans, s’ils sont inférieurs à la moyenne des gains en carrière, afin qu’ils ne fassent pas diminuer le niveau de la rente payable. Plusieurs travailleurs réduisent leur rythme de travail à cet âge, recevant de plus faibles revenus. Or, ces revenus font baisser la moyenne des revenus reçus en carrière, entraînant le niveau de prestation à la baisse.

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René Beaudry, actuaire et associé chez Normandin Beaudry, milite lui aussi en faveur d’une réforme du RRQ qui permettrait aux bénéficiaires de retarder jusqu’à l’âge de 75 ans le versement des prestations. « Si on permettait ça, il n’y aurait plus de problème de retraite au Canada », avait-il affirmé en février dernier.

Des changements à la PSV et au SRG

Les auteurs du rapport proposent également de fixer la PSV en proportion du maximum des gains admissibles (MGA). Puisque les prestations sont indexées en fonction de l’inflation, le régime de base fédéral verra son rôle progressivement diminuer dans le remplacement du revenu à la retraite. Alors que la PSV représentait 14,3 % du MGA en 1988, elle ne représentait plus que 12,6 % de celui-ci en 2016.

Une avenue serait donc de fixer la PSV en proportion du MGA à l’avenir. Ainsi, la contribution de cette prestation fédérale serait maintenue dans le temps.

De façon à bonifier les revenus de retraite des travailleurs à faible revenu, l’étude propose finalement d’ajouter une exemption des revenus dans le calcul du SRG. Une telle mesure permettrait notamment de réduire la désincitation à l’épargne-retraite chez les bénéficiaires du SRG.

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