La pression continue d’augmenter sur les régimes privés d’assurance médicaments du Québec, alors que les écarts de coûts avec le régime public et l’Ontario se creusent sans cesse.

En 2018, le coût moyen d’une ordonnance pour un assuré de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) était de 37,72 $, soit le même montant qu’en 2017. Pour un assuré d’un régime privé, il atteignant cependant 59,90 $, en hausse de 2,5 % depuis l’année dernière, selon les données tirées du portefeuille de Telus Santé, qui compte 814 400 certificats.

En 11 ans, les coûts des régimes privés québécois ont augmenté 31 % plus rapidement que ceux du régime public de la RAMQ. « L’écart continue de se creuser, c’est devenu insoutenable », a soutenu l’actuaire Jacques L’Espérance lors de la Conférence Telus Santé 2019, le mois dernier.

L’essentiel de cet écart s’explique par les marges et honoraires plus élevés facturés par les pharmaciens aux assurés des régimes privés. « À 17,50 $ par réclamation en moyenne, c’est plus du double de ceux de la RAMQ, à 8,50 $ », a-t-il poursuivi.

Et malgré l’entente négociée par le gouvernement du Québec en 2017 qui prévoit la baisse du prix de plus de 1 800 médicaments génériques, les honoraires et marges facturés par les pharmaciens québécois sur les ordonnances de génériques ont augmenté de 4 % au cours de l’année 2018. En comparaison, les honoraires et marges des pharmaciens ontariens ont diminué de 2 % sur la même période.

« Malgré l’entente, les coûts relatifs totaux des médicaments génériques ont seulement baissé de 3 % au Québec en 2018, comparativement à 7 % en Ontario. Ça devient extrêmement gênant », s’est exclamé Jacques L’Espérance.

La comparaison avec l’Ontario n’est pas seulement défavorable lorsqu’il est question de médicaments génériques. Sur une ordonnance, les assurés ontariens paient en moyenne 15,75 $ en marge et honoraires, contre 17,50 $ pour les assurés québécois. Pourtant, les ordonnances au Québec contiennent 42 unités, comparativement à 60 en Ontario, où les ordonnances de longue durée sont plus fréquentes. « On reçoit moins d’unités par réclamation, mais on paie plus cher à chaque fois », résume Jacques L’Espérance.

Les Québécois consomment ainsi 27 % plus d’unités que leurs voisins ontariens annuellement, mais ils paient au final 103 % de plus en honoraires et marge (246 $ comparativement à 121 $ au terme de l’année).

Le mur approche

Les médicaments de spécialité accaparent une part toujours croissante des coûts des régimes d’assurance médicaments. En 2018, ils constituaient seulement 1,1 % des réclamations, mais 29 % des coûts totaux.

Au cours de la dernière décennie, le prix des médicaments réguliers a crû en moyenne de 1,2 % par année, alors que celui des médicaments de spécialité a explosé de 15 % annuellement. « En 2024, les médicaments de spécialité vont coûter globalement aussi cher aux régimes que les médicaments réguliers, indique Jacques L’Espérance. Le mur arrive, et on va rentrer dedans d’aplomb. »

En 2018, la plus forte croissance des coûts des régimes privés d’assurance médicaments au Québec a été observée chez les assurés âgés de 10 à 19 ans, avec une hausse de 7,5 %. Plus de 40 % de cette augmentation est attribuables à seulement sept nouveaux patients à qui on a prescrit des médicaments de spécialité très onéreux