Les dépenses en médicaments d’ordonnance des régimes publics d’assurance médicaments canadiens ont connu une augmentation considérable, portée par l’utilisation accrue des médicaments onéreux.

Les régimes publics ont ainsi dépensé un total de 13,2 milliards de dollars en médicaments d’ordonnance en 2021-2022, une augmentation de 6,8 % par rapport à l’année de référence précédente. Il s’agit d’une hausse supérieure à la moyenne des six dernières années, qui se chiffre à 4,9 %.

Les coûts des médicaments comptent pour 83 % du total des dépenses, tandis que les coûts d’exécution d’ordonnance représentent les 17 % restants. Les régimes publics ont payé en moyenne 87 % du total des coûts d’ordonnance en 2021‑2022, tandis que les 13 % restants ont été payés par les bénéficiaires soit de leur poche, soit par le biais d’un assureur privé.

Ces résultats, issus de la dernière édition du rapport CompasRx du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) n’incluent pas les données du régime public d’assurance médicaments du Québec, puisque ce dernier ne fait pas partie du Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits.

Utilisation accrue des médicaments coûteux

Les médicaments à coûts élevés (plus de 10 000 $ par patient annuellement) continuent de tirer les dépenses à la hausse. Leur utilisation accrue demeure l’indicateur ayant eu l’effet le plus marqué en 2021-2022, entraînant une poussée à la hausse de 8,1 % sur les coûts.

Car si l’ensemble du segment des médicaments brevetés a connu une croissance modeste des coûts de 0,5 % en 2021-2022, ceux associés aux molécules de plus de 10 000 $ ont crû de 10 %. La croissance des coûts liés aux médicaments de plus de 50 000 $ a augmenté de façon encore plus marquée.

En fait, 7,5 % des bénéficiaires des régimes publics comptent pour plus de 60 % des coûts totaux, tandis que les médicaments onéreux, utilisés par seulement 3 % des bénéficiaires, représentent plus du tiers de l’ensemble des dépenses (36,8 %).

En 2021‑2022, la part de marché des médicaments biologiques a augmenté de 12,6 % pour atteindre 31,6 % des coûts totaux des médicaments. Les quatre principaux médicaments biologiques — l’aflibercept (Eylea), l’adalimumab (Humira et biosimilaires), l’infliximab (Remicade et biosimilaires) et la sémaglutide (Ozempic) — représentaient 12,7 % des coûts totaux des médicaments. À eux seuls, les dix principaux médicaments biologiques comptaient pour près de 20 % des coûts globaux en 2021‑2022.

Le passage de médicaments de marque à des médicaments génériques ou biosimilaires a néanmoins permis aux régimes de réaliser des économies de 171 millions de dollars. Les biosimilaires ont été à l’origine de plus de la moitié de ces économies. Ce sont les biosimilaires de l’adalimumab (Humira), de l’infliximab (Remicade) et de l’étanercept (Enbrel) qui ont le plus contribué à la baisse des coûts. Ces biosimilaires permettent de réaliser des économies allant de 33 à 50 % par rapport à leur médicament biologique de référence, selon le CEPMB.

Ainsi la part des biosimilaires dans les coûts globaux des médicaments biologiques n’a cessé d’augmenter, passant de moins de 0,1 % en 2015‑2016 à 11,1 % en 2021‑2022.

Un médicament à plus de 3 M$

En 2021-2022, c’est le Zolgensma qui remporte la palme du médicament le plus coûteux remboursé par les régimes publics canadiens. La thérapie génique, administrée aux enfants atteints d’amyotrophie spinale, une maladie rare, coûte pas moins de 3 085 122 $ par patient en moyenne. Le Brineura se classe deuxième, avec un coût moyen de 837 647 $, suivi du Vimizim (604 506 $) et du Myozyme (533 878 $).

Les dix médicaments les plus coûteux remboursés par les régimes publics sont indiqués dans le traitement de maladies rares et ont des coûts de traitements supérieurs à 250 000 $.

Peu de grandes découvertes pharmaceutiques

Le CEPMB a effectué des examens scientifiques pour 153 des 225 médicaments approuvés par Santé Canada entre 2016 et 2021. Au cours de cette période de six ans, seulement 7 % ont été classés dans les catégories « Amélioration importante » ou « Découverte ». Plus des trois quarts des médicaments à l’étude ont affiché une légère amélioration ou aucune amélioration par rapport aux traitements existants, tandis que 16 % ont été classés dans la catégorie « Amélioration modeste ».

Ozempic en tête de liste

La forte croissance de l’utilisation du médicament antidiabétique Ozempic au cours des dernières années est observable dans les données du CEPMB. Prise individuellement, Ozempic est la molécule ayant la plus contribuée à la croissance des coûts totaux des médicaments dans les régimes publics canadiens en 2021-2022 (1,2 %). Les données révèlent que 139 397 bénéficiaires ont obtenu un remboursement pour Ozempic, son coût moyen par bénéficiaire s’établissant à 1 829 $.

Un autre antidiabétique (Jardiance) s’est pour sa part classé en quatrième position. Cinq des autres principaux contributeurs à la croissance des coûts étaient des médicaments onéreux dont les coûts de traitement annuels moyens allaient de 11 128 $ à 89 054 $.

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, le coût total des médicaments d’ordonnance au Canada a atteint 36,8 milliards de dollars en 2021, la part la plus importante étant financée par les régimes publics d’assurance médicaments (44 %), et le reste étant payé par les régimes privés ou par les ménages et les particuliers.