Alors que plus de la moitié (55 %) des participants de régimes de soins de santé au pays prennent au moins un médicament, le phénomène de non-adhésion aux traitements sème l’inquiétude chez les promoteurs, selon l’édition 2020 du Sondage Sanofi Canada sur les soins de santé.

Parmi les participants qui prennent au moins un médicament, une proportion non négligeable (43 %) disent qu’ils ne le prennent pas parfois. Cette proportion grimpe même à 61 % chez les 18 à 34 ans, et à 66 % chez ceux qui ne sont pas satisfaits de leur emploi. L’oubli (41 %) est de loin la principale raison pour laquelle ils ne prennent pas leurs médicaments. La perception qu’ils n’en ont pas besoin parce qu’ils se sentent bien (24 %) et le manque de médicaments (20 %) suivent.

La commodité pourrait aussi être un facteur : 69 % des participants qui prennent régulièrement au moins un médicament conviennent qu’il n’est pas pratique de consulter leur médecin pour faire renouveler leur ordonnance.

« En tout, 52 % des participants qui ne prennent pas toujours leurs médicaments indiquent que cela se produit au moins un quart du temps; cette fréquence est importante parce qu’elle franchit le seuil de non-respect (qui est de 20 %), et le médicament pourrait ne pas être aussi efficace que prévu », a souligné Thi Vu, de Canada Vie, lors du webinaire de présentation des résultats du Sondage Sanofi Canada sur les soins de santé, la semaine dernière.

Parmi les promoteurs, 44 % sont préoccupés par les répercussions négatives que peuvent avoir les participants qui ne prennent pas correctement leurs médicaments sur le coût total du régime de soins de santé. À noter que les promoteurs québécois se montrent particulièrement inquiets à ce sujet (60 %).

Des doutes sur la capacité de payer

Beaucoup d’employés doutent de la capacité du régime d’assurance médicaments fourni par leur employeur à continuer de couvrir les médicaments les plus coûteux, révèlent également les résultats du sondage.

Lorsqu’on leur présente le scénario d’un médicament qui peut traiter ou même guérir des maladies très graves et très rares, mais qui peut coûter 1 million de dollars par patient, 46 % des participants estiment que le gouvernement devrait payer la plus grande partie des coûts et que le régime en milieu de travail devrait payer le reste. Une faible proportion de participants juge que le gouvernement devrait payer la totalité des coûts. Les résultats sont très similaires du côté des promoteurs.

En résumé, les participants sont d’avis que le gouvernement devrait prendre en charge le remboursement des médicaments les plus coûteux (78 %), alors que les régimes d’assurance médicaments offerts par les employeurs devraient continuer de rembourser les médicaments plus courants et moins chers (57 %).

À noter que 6 % des participants et 13 % des promoteurs jugent que ni le gouvernement ni les régimes privés devraient rembourser les médicaments les plus coûteux, car considérés inabordables.

Malgré tout, une couverture élargie des médicaments spécialisées plus coûteux constitue l’amélioration la plus importante que les promoteurs aimeraient apporter à leur régime de soins de santé (43 %), à égalité avec des services améliorés pour la gestion des maladies chroniques (43 %).

En tout, 22 % des régimes d’assurance médicaments ont un maximum annuel comparable à celui de l’an dernier (21 %). Il s’agit aussi d’une légère augmentation par rapport à 2018 (17 %). Parmi les promoteurs, 24 % ne savent pas si leur régime d’assurance médicaments est assorti d’un plafond. Le maximum annuel moyen est de 9 900 $, comparativement à 7 800 $ en 2019.

Pour ou contre un régime national d’assurance médicaments?

La possibilité que les gouvernements remboursent les médicaments les plus coûteux remet sur le tapis la question d’un régime national d’assurance médicaments au Canada. Dans l’ensemble, les participants sondés dans le cadre du Sondage Sanofi se montrent favorables à l’idée, dans la mesure ou un régime public universel n’aurait pas d’incidence négative sur leur régime en milieu de travail.

En effet, 59 % des participants sont préoccupés par l’incidence possible du régime national d’assurance médicaments sur leur régime d’avantages sociaux au travail.

Chez les promoteurs, 77 % considèrent qu’un régime national d’assurance médicaments devrait remplacer tous les régimes provinciaux d’assurance médicaments et les régimes actuellement offerts par les employeurs pour veiller à ce que tous bénéficient de la même couverture et que les mêmes médicaments soient couverts partout.

Le niveau de soutien des promoteurs diminue toutefois à 68 % lorsque le scénario est modifié pour inclure la probabilité que les promoteurs ou les Canadiens devraient payer une nouvelle taxe, que l’assurance médicaments pourrait couvrir moins de médicaments et que la couverture des nouveaux médicaments pourrait prendre plus de temps.

L’appui relativement important à la création d’un régime national d’assurance médicaments au Canada s’explique peut-être en partie par le fait que les promoteurs craignent pour la pérennité de leur propre régime. Ainsi, 79 % des promoteurs ont au moins une préoccupation majeure au sujet de leur régime de soins de santé, une hausse par rapport au résultat de 66 % en 2018.

Parmi ces derniers, la viabilité des régimes d’assurance médicaments est la crainte la plus partagée (42 %), suivie de la viabilité des régimes de soins dentaires (39 %), de l’absence ou de l’invalidité (32 %), du recours aux prestations paramédicales (29 %) et de la fraude (28 %). L’édition 2020 du sondage constate également une tendance émergente chez les promoteurs : 20 % sont de plus en plus préoccupés par le nombre croissant de plaintes d’employés liées à des refus de couverture.

La dernière édition du rapport du Sondage Canada sur les soins de santé peut être consultée ici.