La croissance des coûts liés aux médicaments de spécialité ne montre aucun signe d’affaiblissement, selon un nouveau rapport du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB).

En 2020-2021, les médicaments onéreux ont représenté plus du tiers (34,7 %) des coûts totaux dans les régimes publics d’assurance médicaments canadiens, mais ont été utilisés par seulement 2,5 % des bénéficiaires. Dans la même veine, 7 % des bénéficiaires ont compté pour près de 60 % des coûts. Les dix médicaments les plus onéreux remboursés par les régimes publics d’assurance médicaments avaient chacun des coûts de traitement supérieurs à 200 000 $.

Dans l’ensemble, les dépenses en médicaments d’ordonnance ont atteint 12,3 milliards de dollars en 2020-2021, en hausse de 4,2 %, comparativement à 3,7 % en 2019-2020. Il faut toutefois noter que l’utilisation des antiviraux à action directe (AAD) contre l’hépatite C a considérablement diminué au cours des dernières années (197 M$ de moins en 2020-2021 qu’en 2019-2020) et a donc eu pour effet d’abaisser les coûts globaux. En excluant ces médicaments du calcul, la hausse est plutôt de 6,3 %. Depuis 2015-2016, le taux de croissance annuel composé a atteint 5,6 %.

À noter que ces données excluent le Québec, puisque la province ne participe pas à l’initiative du Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP). Les régimes participants représentent environ le tiers des dépenses annuelles totales consacrées aux médicaments d’ordonnance au pays.

La croissance des coûts globaux découle entièrement de la hausse du prix des médicaments, puisque les coûts d’exécution d’ordonnance sont demeurés stables (-0,2 %). Le coût des molécules contribue pour 82 % des dépenses totales alors que les frais d’exécution d’ordonnance expliquent les 18 % restants.

Les régimes publics ont payé en moyenne 87 % des dépenses totales en médicaments d’ordonnance remboursables, tandis que le reste a été payé par les bénéficiaires soit de leur poche, soit par un assureur privé tiers. La part des bénéficiaires variait d’une administration à l’autre, entre 9 % et 34 %.

Génériques et biosimilaires en croissance

Même si les médicaments brevetés représentent toujours le plus important segment du marché, avec 56,4 % des coûts des régimes publics, les médicaments non brevetés génériques ont connu une croissance de 4,7 % en 2020-2021 et constituent désormais 17,2 % des coûts totaux.

L’augmentation la plus rapide (20,6 %) a toutefois été enregistrée par les médicaments non brevetés non génériques, ce qui inclut notamment les médicaments biologiques dont le brevet est arrivé à échéance et les biosimilaires. Ils représentent 13,0 % des dépenses totales des régimes publics. Le CEPMB estime que les biosimilaires devraient exercer un effet à la baisse sur les coûts des régimes au cours des prochaines années.

Enfin, 7,4 % des coûts totaux sont accaparés par des médicaments non brevetés de source unique, c’est-à-dire qu’ils ne sont mis en marché que par un seul fabricant au Canada, malgré la levée des brevets.

Le passage de médicaments de marque à des médicaments génériques ou biosimilaires a réduit les coûts globaux des médicaments de 1,4 % en 2020-2021, ce qui a engendré des économies de 129 millions de dollars pour les régimes publics d’assurance médicaments. Quatre biosimilaires, soit trois immunosuppresseurs et une insuline sont responsables de la moitié des économies réalisées grâce à la substitution : Inflectra/Renflexis (-0,5 %), Brenzys/Erelzi (-0,1 %), Basaglar (-0,04 %) et Truxima/Riximyo/Ruxience (-0,03 %).

Selon les observations du CEPMB, les produits biosimilaires indiqués dans le traitement d’une affection aiguë ont souvent un taux d’adoption considérablement plus élevé que ceux utilisés pour des indications chroniques. Grastofil et Nivestym ainsi que les produits récemment approuvés Lapelga, Fulphila et Ziextenzo, sont des biosimilaires de filgrastim (Neupogen) et de pegfilgrastim (Neulasta), des stimulateurs de globules blancs. Leurs taux d’adoption sont les plus élevés des régimes publics : ils atteignaient respectivement 93,8 % et presque 100 % en 2020-2021, et ce, même si Neulasta n’était offert dans les régimes publics du SNIUMP que depuis un an. Leur rabais par rapport au prix courant des produits biologiques d’origine variait de 25 % à 43 %.

L’effet Ozempic

Sur les 6,3 % d’augmentation des coûts des régimes publics d’assurance médicaments en 2020-2021 (donnée qui exclut les AAD contre l’hépatite C), 3,4 % sont imputables à seulement dix médicaments. En haut de liste, le Ozempic (diabète) qui est responsable à lui seul de 0,9 point de pourcentage de la hausse des coûts totaux des régimes. Le Jardiance, également utilisé dans le traitement du diabète, suit avec 0,37 point de pourcentage.

Cinq des autres principaux contributeurs sont des médicaments onéreux dont les coûts de traitement annuels moyens allaient de 10 988 $ à 69 717 $, dont un produit oncologique oral, deux immunosuppresseurs, un antiviral et un nouveau traitement biologique des maladies obstructives des voies respiratoires.

Bien que la part des coûts associés à tous les médicaments onéreux ait augmenté de façon soutenue au cours des dernières années, l’augmentation la plus marquée s’est produite dans la catégorie des médicaments dont les coûts sont les plus élevés (50 000 $ et plus).

La part de marché des médicaments biologiques a pour sa part augmenté de 7,8 % pour atteindre 30,3 % (3,0 milliards de dollars) des coûts totaux des médicaments en 2020-2021. Les quatre principaux médicaments biologiques — adalimumab (Humira), infliximab (Remicade et biosimilaires), aflibercept (Eylea) et ranibizumab (Lucentis) — représentaient 13,0 % des coûts totaux des médicaments du SNIUMP.