Les Canadiens aux prises avec des maladies mentales font face à un accès de plus en plus difficile aux médicaments, selon une étude.

Le régime public d’assurance médicaments ne répond pas aux besoins des Canadiens atteints de maladies mentales, affirme la Société pour les troubles de l’humeur du Canada (STHC), en s’appuyant sur les résultats d’une étude qu’elle vient de mener.

Selon cette étude, le délai moyen de prise en charge du patient, entre le moment de l’approbation par Santé Canada et le remboursement par le régime public, est de 949 jours, soit deux ans et sept mois. Au Québec, ce délai est à peine plus court, à 907 jours, soit deux ans et six mois.

La moyenne canadienne est supérieure d’un an à celle constatée en Écosse, et de  deux ans, à celle observée en Australie.

De plus, une majorité de recommandations de financement (54 %) pour des nouveaux traitements contre les maladies mentales sont des avis défavorables émis par les organismes canadiens d’évaluation des technologies de la santé (ETS). Au Québec, ce sont même 62 % des recommandations qui sont défavorables.

La STHC observe que seulement 17 % de tous les autres médicaments non oncologiques ont fait l’objet d’une recommandation défavorable. « Il existe une disparité inexcusable entre les

médicaments pour traiter les maladies mentales et les médicaments pour traiter d’autres troubles non oncologiques », s’indigne la STHC dans son rapport.

Là encore, l’organisme compare le taux de refus observé au Canada et au Québec, avec ceux de l’Australie (33 %) et de l’Écosse (38 %), de même qu’au Royaume-Uni (50 %).

Résultat : moins du quart (23 %) des nouveaux médicaments sont accessibles à la majorité des Canadiens via leurs régimes publics d’assurance médicaments. Et ce sont même 38 % des nouveaux médicaments qui ne sont pas du tout accessibles aux Canadiens atteints de maladies mentales. Et les Canadiens qui parviennent à avoir accès à ces nouveaux médicaments doivent attendre entre 2,5 et six ans pour en bénéficier.

La STHC critique également, les recommandations divergentes entre les différents organismes d’ETS canadiens et étrangers « qui examinent vraisemblablement des données cliniques et économiques similaires ».

« Les processus et les normes suivis par les organismes d’ETS sont opaques : une plus grande transparence et une meilleure compréhension des diverses approches adoptées par les différents organismes d’ETS sont nécessaires pour mettre en lumière les incohérences et les opportunités, surtout dans les cas qui conduisent à un accès inéquitable », soutient le rapport.