
Environ une maladie coronarienne sur cinq est causée chez les cols blancs par le fait d’occuper un emploi caractérisé par une tension au travail et un déséquilibre effort-reconnaissance, a constaté une chercheuse de l’Université Laval.
Plus précisément, les auteurs de l’étude ont calculé que 18 % des cas de maladie coronarienne étaient attribuables à la tension au travail ; que 3 % l’étaient à un manque de reconnaissance des efforts fournis ; et que 19,5 % l’étaient à une exposition combinée à ces deux facteurs de stress.
« Il y a plus de 30 ans d’évidence épidémiologique sur l’effet délétère des stresseurs psychosociaux au travail sur la santé cardiovasculaire », a rappelé la première auteure de l’étude, Mathilde Lavigne-Robichaud, dont les travaux de doctorat ont mené à cette publication.
Les chercheurs ont suivi un groupe de plus de 6 000 cols blancs pendant 15 ans. Ils ont notamment utilisé les données de PROspective Québec, une étude à long terme qui porte sur les stresseurs psychosociaux au travail pouvant affecter la santé de cols blancs travaillant dans 19 organisations québécoises. Un sous-échantillon de 6 295 personnes exemptes de maladies coronariennes au moment du recrutement a servi aux analyses, a-t-on expliqué par voie de communiqué.
Les auteurs de l’étude estiment que leurs résultats « s’alignent sur la compréhension actuelle des mécanismes physiopathologiques reliant les facteurs de psychosociaux au travail et les maladies coronariennes ».
Au cours de la vie professionnelle, expliquent-ils, l’exposition à des facteurs de stress chroniques psychosociaux au travail, en plus des facteurs de risque cardiovasculaire classiques, « peut favoriser l’apparition et la progression de l’athérosclérose coronarienne ».
« L’activation aiguë du système nerveux sympathique peut précipiter les événements cardiovasculaires en favorisant la rupture de la plaque d’athérome et l’activation plaquettaire, entraînée par l’augmentation de la fréquence cardiaque, l’augmentation de la pression artérielle et la vasoconstriction coronarienne », détaillent-ils.
Les auteurs de l’étude affirment de plus avoir été en mesure, par différentes vérifications, d’établir un lien de causalité entre la tension au travail, un déséquilibre effort-reconnaissance et les maladies cardiovasculaires.
Heureusement, a souligné Mme Lavigne-Robichaud, il s’agit là de facteurs de risque « modifiables ». Une réduction de la demande psychologique, une plus grande participation des employés à la prise de décision ou une plus grande offre d’occasions de développement professionnel seraient ainsi des stratégies efficaces pour diminuer ces stresseurs psychosociaux et produire des effets bénéfiques sur la tension artérielle et l’hypertension.
« Si les travailleurs se retrouvaient plutôt dans des situations où les exigences psychologiques étaient plus faibles, où la latitude décisionnelle était plus forte, et aussi avec une reconnaissance appropriée au travail, (…) on serait en mesure d’éviter potentiellement une part importante des maladies coronariennes », a-t-elle dit.
D’autant plus, a-t-elle conclu, qu’« on peut penser que le bénéfice d’agir sur les stresseurs psychosociaux au travail va au-delà de la prévention cardiovasculaire, (c’est) la santé globale des travailleurs ».
Les conclusions de cette étude ont été publiées par JACC : Advances, une revue scientifique de l’American College of Cardiology.