L’effet placébo serait particulièrement puissant si le patient est convaincu que le traitement dont il profite a été conçu spécifiquement pour lui, démontre des travaux réalisés à l’Université McGill.

La stratégie s’est notamment révélée très efficace auprès des participants qui attachaient de l’importance à leur individualité et qui affichaient, lors de tests psychologiques, un score élevé pour le besoin d’unicité.

« Nous avons trouvé que la croyance qu’un traitement est personnalisé à votre génétique le rend plus efficace en ce qui concerne la réduction de la douleur chez des participants en santé », a résumé l’auteure principale de l’article, Dasha Sandra, une récente diplômée d’une maîtrise en sciences du Programme intégré en neurosciences de McGill.

Les sujets ont tout d’abord été soumis à une sensation de chaleur qui, selon leur seuil individuel de tolérance à la douleur, correspondait à un « 5 » sur une échelle de 1 à 10. Ils ont ensuite été branchés à une machine qui devait soulager cette douleur.

La machine, on l’aura deviné, ne faisait rien de tel. Elle avait en revanche été conçue pour être convaincante et pour en mettre plein la vue aux participants avec un spectacle crédible de sons et de lumières.

Malgré tout, les personnes à qui l’on avait raconté que l’appareil était personnalisé selon leur constitution génétique et leur physiologie ont déclaré ressentir moins de douleur durant le traitement, comparativement à celles qui pensaient qu’il s’agissait d’un traitement normal.

Cette constatation prend une tout autre importance à un moment où la « médecine personnalisée » ou la « médecine de précision », à savoir, des traitements développés en tenant compte des particularités génétiques du patient et de sa maladie, sont de plus en plus répandues.

« On voulait voir si d’autres raisons pourraient expliquer l’efficacité de ces traitements, au-delà de leur seule efficacité chimique, a précisé Mme Sandra. On voulait vérifier si la simple croyance qu’un traitement est personnalisé peut en améliorer l’efficacité. »

Les auteurs de l’étude, a-t-elle ajouté, n’ont pas été surpris de constater que les sujets qui croyaient profiter d’un soulagement personnalisé ont témoigné d’une plus grande efficacité de la machine.

En revanche, ils ont été intrigués de constater que les sujets qui ont besoin « de se sentir uniques ou différents des autres » en ont profité encore plus que les autres.

Cela étant dit, il y a toute une différence entre soulager une sensation de brûlure et attaquer une leucémie avec un cocktail de médicaments conçu sur mesure pour le patient et son cancer, a admis Mme Sandra.

L’effet placébo seul, a-t-elle dit, « ne fera pas fondre la tumeur et n’aura pas d’impact sur le cancer lui-même. Nous ne disons certainement pas que la médecine personnalisée en elle-même est un placébo ».

« Mais (l’effet placébo) pourrait influencer les aspects subjectifs du traitement, des effets secondaires comme la nausée et la fatigue qui sont très importants pour la qualité de vie », a ajouté la chercheuse.

En d’autres mots, il ne serait pas impossible qu’un patient traité pour un cancer ressente des effets secondaires de moindre intensité parce qu’on lui a dit que ce serait le cas avec son traitement personnalisé, mais d’autres études seront nécessaires pour le vérifier.

« (L’effet placébo) pourrait contribuer un peu à l’issue positive du traitement (…) et on devrait en tenir compte au moment de développer ou d’offrir des traitements personnalisés », a conclu Mme Sandra.
Les conclusions de cette étude ont été publiées dans eLife.