Pour la première fois depuis 2008, le taux de croissance des médicaments de spécialité a été inférieur à celui des médicaments classiques dans les régimes privés d’assurance médicaments, selon la dernière édition du rapport sur les tendances en matière de médicaments de Telus Santé.
Les effets des politiques de substitution par des biosimilaires semblent commencer à se faire sentir. En décembre 2022, les biosimilaires représentaient 32 % des demandes de règlement pour l’ensemble des produits biologiques dans les régimes privés au Québec, comparativement à seulement 4,2 % en janvier 2019.
« Le comportement des médecins en matière d’ordonnances est beaucoup plus susceptible de changer lorsque le régime public d’assurance médicaments d’une province est le premier payeur. Il en résulte un effet de halo pour les régimes privés, ouvrant la voie à l’acceptation par les patients des biosimilaires et des politiques de transition vers les biosimilaires », explique Lavina Viegas, directrice, Pratiques exemplaires de traitement et mise en œuvre des données de Telus Santé.
Les promoteurs de régime ne doivent cependant pas célébrer trop rapidement. Les économies réalisées par les politiques de substitution par des biosimilaires sont largement compensées par l’augmentation de l’utilisation de thérapies de deuxième et de troisième intention plus coûteuses pour les maladies chroniques telles que le diabète.
En d’autres mots, cette baisse relative des coûts liés aux médicaments de spécialité s’explique en partie par une forte augmentation des demandes de règlement pour des médicaments classiques coûteux. En fait, après dix ans, la catégorie de la polyarthrite rhumatoïde a cédé sa première place au diabète dans le classement des conditions les plus coûteuses pour les régimes privés. Dans cette catégorie, Ozempic s’est notamment distingué en arrivant en deuxième position sur la liste de Telus Santé des 10 principaux produits par coût admissible. À lui seul, les médicaments et dispositifs pour le diabète ont accaparé 12,9 % des dépenses totales en 2022, et ont représenté 7,7 % du total des demandes de règlement.
Coûts en baisse, réclamants en hausse
Plus précisément, le montant total admissible pour les médicaments de spécialité a augmenté de 6,5 % en 2022, en baisse par rapport à 8,6 % en 2021 et à 10,6 % en 2020. Parallèlement, le montant admissible pour les médicaments traditionnels a augmenté de 8,9 %, en hausse par rapport à 2,1 % en 2021 et à 1,8 % en 2020.
En 2022, les médicaments de spécialité représentaient 33,1 % des coûts totaux des régimes, en légère baisse par rapport à 2021 (33,6 %). Bien que marginale, ce déclin est le premier que Telus Santé observe depuis qu’elle a commencé à rapporter les données sur les demandes de médicaments de spécialité en 2008.
Il faut toutefois noter que malgré une baisse relative des coûts des médicaments de spécialités, la part de réclamants associés à ces produits parmi l’ensemble des réclamants aux régimes privés d’assurance médicaments a augmenté, passant de 1,4 % à 1,7 %. Il s’agit de la plus forte hausse enregistrée depuis 2008.
Dans l’ensemble les régimes privés d’assurance médicaments du Québec ont connu en 2022 une légère baisse de 1,4 % du montant mensuel admissible moyen par certificat. Cette situation s’explique par l’entrée en vigueur de la politique québécoise sur les médicaments biosimilaires au début de 2022 et par une baisse globale de l’utilisation des régimes privés d’assurance médicaments.