Les médicaments se hissent en deuxième place des dépenses en santé au Canada, et ils sont payés en grande partie par le secteur privé, révèle un récent rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Les médicaments constituent en 2019 15,3 % des dépenses totales en santé au pays, derrière les hôpitaux (26,6 %), mais tout juste devant les médecins (15,1 %). Ces données incluent les dépenses assumées par les secteurs public et privé.

Les dépenses en médicaments atteignent ainsi 1 078 $ par personne en 2019, en hausse de 1,8 % par rapport à l’année dernière. Il s’agit d’une croissance plus faible que celle enregistrée pour les hôpitaux (2,0 %) et les médecins (3,5 %).

La répartition de l’ensemble des dépenses en santé entre les secteurs public et privé est restée stable depuis le début des années 2000 : 70 % sont assumés par le secteur public, et 30 % par le secteur privé.

Toutefois, la majorité des coûts de médicaments au pays étaient assumés par le secteur privé en 2018 (63,9 %). C’est aussi le secteur privé qui finance 89,3 % des soins administrés par les professionnels de la santé autre que les médecins (dentistes, optométristes, etc.). Ces deux catégories de produits et services représentent 66 % des dépenses totales de santé du secteur privé, contre seulement 10 % des dépenses du secteur public.

En 2017, les paiements versés par les régimes privés d’assurance représentaient 41 % des dépenses du secteur privé, comparativement à 49 % pour les dépenses engagées par les ménages.

Plus globalement, les dépenses de santé au Canada devraient atteindre 264 milliards de dollars en 2019, une hausse de 4 % par rapport à l’an dernier. Elles atteindront 7 068 $ par habitant, comparativement à 6 867 $ en 2018. Selon les prévisions, les dépenses de santé devraient représenter 11,6 % du PIB canadien en 2019. Le Québec se situe tout juste en bas de la moyenne canadienne, avec des dépenses moyennes de 6 935 $ par habitant. C’est toutefois au Québec que la croissance a été la plus marquée au pays depuis l’an dernier (5,5 %).

Par ailleurs, le Canada continue de figurer parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui consacrent le plus d’argent à la santé par habitant. En 2018, l’OCDE rapportait que les dépenses de santé par habitant au Canada s’élevaient à 6 448 $, contre 6 855 $ aux Pays-Bas, 6 436 $ en France et 6 488 $ en Australie.

Pas besoin de repartir à zéro

Ces données remettent à l’avant plan le débat sur l’instauration d’un régime universel d’assurance médicaments au Canada. Lors d’une allocution devant les membres du Cercle canadien de Montréal la semaine dernière, la présidente de McKesson Canada, Paula Keays, s’est rangée dans le camp des assureurs.

« Plutôt que de vouloir tout changer et repartir à zéro, on devrait adopter un modèle semblable à celui du Québec, même s’il n’est pas parfait. Il faudrait aussi prévoir des investissements supplémentaires pour le 5 % de la population canadienne qui n’est pas du tout ou pas suffisamment assurée », a-t-elle soutenu.

Du même coup, elle a aussi expliqué trouver dommage que les régimes publics soient réticents à couvrir les médicaments spécialisés nouvellement mis en marché. « Ces médicaments sont très coûteux, mais il faut considérer le rapport coût-efficacité, a-t-elle dit. Les gouvernements doivent réaliser qu’en couvrant ces médicaments, ils pourraient réaliser des économies dans le réseau de la santé. Il doit y avoir davantage d’intégration entre l’assurance médicaments et les budgets du système de santé »

Paula Keays admet cependant que devant la croissance rapide du coût des médicaments, les secteurs public et privé devront repenser les stratégies pour s’assurer que « tous les Canadiens, peu importe leurs revenus, aient accès aux traitement dont ils ont besoin ».