Plutôt que de mettre en place un régime national d’assurance médicaments, le gouvernement fédéral devrait établir un cadre favorisant une meilleure uniformité entre les régimes publics et privés actuels, tout en prenant en charge la couverture des médicaments onéreux, juge l’Institut canadien des actuaires (ICA).

Le cadre proposé comprend un organisme de surveillance formé des représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de l’industrie de l’assurance, ainsi que d’autres experts. Cet organisme serait chargé d’établir une liste nationale des médicaments assurés et de négocier les prix des médicaments au nom de tous les régimes publics et privés du Canada. Il serait aussi chargé d’examiner les possibilités d’amélioration en ce qui concerne les habitudes de prescription fondées sur des données probantes et des solutions de santé publique de rechange aux médicaments.

Les provinces et territoires auraient la possibilité de concevoir leur propre régime d’assurance médicaments public et de mettre en place une structure pour assurer une coordination avec le marché privé de l’assurance médicaments. Les régimes des provinces et les régimes privés devraient couvrir tous les médicaments figurant sur la liste nationale des médicaments assurés et tout autre médicament s’ils le souhaitent.

« Certaines provinces ont déjà un système efficace en place et le Canada est doté d’une industrie de l’assurance privée solide, explique Robert Brown, professeur émérite à l’Université de Waterloo et coresponsable de l’équipe de rédaction du rapport de l’ICA. Nous pouvons nous appuyer sur ces réussites pour passer plus rapidement à la prochaine étape au lieu de repartir à zéro avec un tout nouveau système. »

Les réclamations élevées couvertes par Ottawa?

Les régimes privés, les provinces et les territoires pourraient agir comme assureurs principaux et couvrir les coûts individuels jusqu’à une certaine limite. Le gouvernement fédéral assumerait les coûts dépassant cette limite, y compris pour les médicaments onéreux, tels que ceux utilisés pour le traitement des maladies orphelines.

Ce cadre, estime l’ICA, permettrait aux régimes publics et privés de mieux gérer la volatilité des coûts, tout en assurant au gouvernement fédéral un niveau de participation important. Pour les individus, les coûts seraient tout simplement couverts sans qu’ils aient à s’inquiéter des divers seuils de coûts ou de prescriptions inabordables.

L’ICA demande à Ottawa la création d’un groupe de travail formé de professionnels de la santé, d’experts en pharmaceutique, d’assureurs, de promoteurs de régimes privés d’assurance médicaments, de représentants gouvernementaux et d’actuaires. Ce groupe aurait pour mandat de dégager davantage de données sur les coûts et les économies potentielles du cadre proposé ainsi que pour procéder à une analyse financière à long terme.

Un nouveau cadre qui exploiterait les forces des régimes privés et publics permettrait de mieux répondre « aux besoins immédiats des Canadiens qui ne disposent d’aucune assurance », soutient l’ICA.

« Instaurer une assurance médicaments pour tous les Canadiens, c’est bien plus qu’une question de médicaments abordables, souligne le président de l’ICA, Michel St-Germain. Il s’agit de combler une lacune dans notre système de santé afin de contribuer à l’amélioration de l’espérance de vie en bonne santé, à la productivité des travailleurs, à une plus longue participation au marché du travail et à la croissance économique. »