Les familles et entreprises québécoises sont aux prises depuis plusieurs mois avec l’une des plus grandes périodes d’inflation de l’histoire moderne. Si le prix de notre panier d’épicerie augmente de semaine en semaine, le coût de nos régimes privés d’assurance médicaments n’en demeure pas moins vulnérable aux mêmes pressions, menaçant ainsi notre accès à des soins abordables et pérennes.

L’utilisation accrue de médicaments spécialisés servant à traiter des problèmes de santé complexes et chroniques est l’un des facteurs qui exercent une pression alarmante à la hausse sur notre facture totale en médicaments. À titre indicatif, entre 2021 et 2022, les dépenses par participant à un régime, pour les médicaments spécialisés, ont augmenté de 6,8 %, selon l’ACCAP. Encore plus alarmant : les médicaments spécialisés coûtent en moyenne 64 fois plus que les médicaments traditionnels.

C’est une réalité qui menace directement la capacité à long terme des promoteurs de régime d’assurance médicaments à offrir des prestations nécessaires en assumant le coût des réclamations. Ils sont alors contraints de choisir entre diminuer la couverture offerte aux preneurs de régimes ou augmenter les coûts de leurs régimes. Lorsque l’on sait qu’environ 50 % des Québécois sont assurés au privé, cela fait froid dans le dos.

Heureusement, une solution existe : l’utilisation accrue des médicaments génériques. Les médicaments génériques offrent la même qualité, efficacité et innocuité que leurs équivalents de marque. S’ils servent aujourd’hui à remplir plus de 77,4 % des ordonnances au Québec, ils ne représentent que 20,5 % de notre facture annuelle en médicaments.

Alors que notre facture en médicaments ne cesse d’augmenter, les médicaments génériques peuvent aujourd’hui couter aussi peu que 10 % de leurs équivalents d’origine, créant ainsi la marge de manœuvre nécessaire aux régimes d’assurance privés pour continuer de procurer des prestations abordables et d’excellente qualité aux patients.

Mais si le Québec est la province avec le plus haut taux d’utilisation des génériques dans le secteur public, il est alarmant de constater que le secteur privé traine la patte et ne remplit que 66,5 % de ses ordonnances avec des génériques.

Pour remédier à cela, il suffit d’encourager l’adoption de la clause de « substitution générique obligatoire » dans nos régimes d’assurance. Le régime remboursera alors le coût du médicament générique et non celui du médicament de marque, plus onéreux.

Les économies s’accumulent rapidement : une plus forte pénétration des génériques dans le système privé québécois pourrait générer des économies substantielles. En effet, pour chaque augmentation annuelle de 1 % du recours aux génériques, le secteur privé de l’assurance médicaments pourrait économiser 134,2 millions de dollars.

Les médicaments génériques font partie intégrante de la solution pour fournir des soins essentiels aux patients. Les économies générées assurent la pérennité d’un accès aux soins de santé, et peuvent même être utilisées pour augmenter d’autres couvertures, telles que les soins dentaires. En somme, ce sont tous les Québécois qui en sortent gagnants.

Jim Keon est le président de l’Association canadienne du médicament générique