Le gouvernement fédéral fait un « premier pas très important » vers un régime national d’assurance médicaments en annonçant une réforme pour baisser le prix des nouveaux médicaments brevetés dès le 1er juillet 2020.

Cette annonce survient à l’approche de la campagne électorale, après trois ans de consultations de la part de Santé Canada.

D’ici un an, le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB), l’organisme de réglementation des prix de médicaments au Canada, devrait disposer de « tous les outils nécessaires » pour éviter que les médicaments soient vendus à des prix « excessifs ».

L’organisme pourra obliger les manufacturiers à divulguer les coûts réels de fabrication de leurs nouveaux produits mis sur le marché et ordonner au besoin une baisse du prix de vente s’il est considéré comme trop élevé.

Parmi les facteurs pris en compte par le CEPMB, on inclut la valeur pharmacoéconomique des produits, la taille du marché, ainsi que le produit intérieur brut (PIB) et le PIB par habitant.

L’organisme devra aussi se fier au prix de vente au détail dans d’autres pays développés comparables au Canada. La réforme du fédéral vient changer la liste de ces pays servant de référence, si bien qu’on a retiré les États-Unis et la Suisse, qui ont les prix de médicaments les plus élevés au monde, pour les remplacer par l’Australie et le Japon, entre autres.

À l’heure actuelle, les prix des médicaments brevetés au Canada sont parmi les plus élevés au monde. Les Canadiens paient environ 25 % de plus que le prix médian déboursé par les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et ce, pour les mêmes produits pharmaceutiques.

La réforme du fédéral devrait permettre aux Canadiens d’économiser près de 13,2 G$ sur 10 ans, selon les estimations de Santé Canada.

Seuls les nouveaux médicaments brevetés dès le 1er juillet 2020 seront soumis aux changements annoncés vendredi. Les produits déjà sur le marché, comme l’ibuprofène ou l’acétaminophène ne seront pas soumis à ces nouvelles conditions.

En juin, un rapport d’experts, mené par l’ex-ministre provincial ontarien Eric Hoskins, recommandait la création d’un régime d’assurance médicaments national universel, public et à payeur unique.

Le premier ministre Justin Trudeau a dit qu’il acceptait les conclusions du rapport.

Mais la mise en place de ce plan ne va pas assez vite pour le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, qui a accusé le gouvernement Trudeau de « faire du surplace » avec son annonce de vendredi.

M. Singh considère que le gouvernement peut réduire le prix des médicaments dès maintenant en les achetant en vrac.

Les conservateurs, de leur côté, ont déjà annoncé qu’ils rejetaient l’idée de créer un régime d’assurance médicaments, sous prétexte que les impôts vont être augmentés.