Le chef conservateur Pierre Poilievre ne semble pas chaud à l’idée de créer un programme public et universel d’assurance-médicaments au pays.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau vise à créer un tel programme d’ici les Fêtes.

« Il faut voir les détails parce que souvent, quand le gouvernement crée de grands programmes, il y a beaucoup plus de victimes qu’il y a des gagnants », a-t-il déclaré mardi lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

M. Poilievre a évoqué l’idée que les Canadiens disposant déjà d’une couverture privée d’assurance-médicaments pourraient en être privés. « Un programme national, est-ce que ça va forcer les employeurs d’annuler ces programmes-là pour ces employés ? », a-t-il dit.

L’un des principaux éléments de l’entente « de soutien et de confiance » qui permet aux libéraux de se maintenir au pouvoir avec l’appui du Nouveau Parti démocratique (NPD) est l’adoption d’une Loi sur l’assurance-médicaments d’ici la fin de l’année.

Lors de la rentrée parlementaire, lundi, les libéraux ont dénoncé « l’obstruction politique délibérée » de « ceux » qui s’opposent au programme national qu’ils veulent mettre en place.

Cela a été perçu par leurs partenaires de coalition comme une tentative de justifier qu’ils ne respecteront pas l’échéance prévue à l’entente. Le chef du NPD, Jagmeet Singh, avait insisté à plusieurs reprises qu’il va « forcer » le gouvernement à respecter sa parole. Comment ? En mettant « de la pression ».

Aussi dans le camp des prudents : le Bloc québécois. La formation politique « exige » que le Québec, qui dispose déjà d’un programme d’assurance-médicaments, ait un « droit de retrait avec pleine compensation ». Autrement dit, qu’il reçoive un chèque d’Ottawa et qu’il en fasse ce que bon lui semble.

Mais les néo-démocrates ne sont pas prêts à appuyer cela puisqu’ils souhaitent que le programme soit « entièrement universel, public », des cases que ne coche pas entièrement le régime du Québec.

Dans un imposant rapport déposé en 2019, le Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments notait que 5 % des Canadiens n’ont aucune couverture et qu’un citoyen sur cinq avait du mal à payer ses médicaments d’ordonnance.

Il notait aussi qu’il serait « extrêmement difficile » de repérer toutes les lacunes à combler dans la pléiade de régimes publics et privés d’assurance-médicaments existants et jugeait que tous les résidants du Canada devraient être admissibles au régime national, tout comme ils le sont pour le régime d’assurance-maladie.