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Les pratiques entourant le diagnostic du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) doivent être revues pour réduire les probabilités d’étiquetage hâtif et de faux diagnostics, conclut une commission parlementaire.

La Commission de la santé et des services sociaux (CSSS) a remis son rapport vendredi. Elle se penchait depuis avril 2019 sur l’augmentation préoccupante de la consommation de psychostimulants chez les jeunes en lien avec le TDAH.

C’est le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, qui avait proposé ce mandat, après qu’une soixantaine de pédiatres eurent tiré la sonnette d’alarme, convaincus que les médecins prescrivaient trop rapidement et facilement des médicaments aux enfants jugés turbulents ou distraits.

Ces pédiatres déploraient une augmentation inquiétante de la prescription de médicaments pour le TDAH. Il n’est pas acceptable, selon eux, que presque 15 % des Québécois de 10 à 17 ans se font prescrire des psychostimulants, soit une proportion beaucoup plus importante que partout ailleurs au pays.

Selon les données de Telus Santé, les psychostimulants sont de loin les médicaments les plus prescrits chez les enfants, et les troubles de déficit de l’attention constituent la condition médicale la plus coûteuse chez les enfants dans les régimes privés d’assurance médicaments.

Dans son rapport déposé vendredi, la CSSS donne entièrement raison aux pédiatres et endosse leurs recommandations, qu’elle déploie en quatre axes représentant la continuité de services: la recherche, le diagnostic, le traitement et le suivi.

La commission recommande en somme de créer un comité interministériel formé des ministères de la Santé, de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, d’encadrer le diagnostic et la prescription de médicaments, d’améliorer l’accès aux services psychosociaux et d’approfondir la recherche en confiant des mandats à deux instituts.

«Moi, je suis content. J’ai lu le rapport. Je trouve qu’ils ont repris pas mal tout ce qui a été dit en commission parlementaire», a réagi en entrevue le pédiatre Pierre Poulin, l’un des premiers à avoir sonné l’alarme en janvier 2019.

«On demandait qu’on refasse des lignes directrices conjointes entre le ministère de l’Éducation et le ministère de la Santé, (…) qu’on donne un accès plus facile aux services psychosociaux qui sont quand même efficaces avant de donner une médication (…); que les jeunes dans les écoles aient accès à plus d’activités physiques et qu’on évalue l’impact des écrans», a-t-il énuméré.

Tous ces éléments ont été retenus, s’est également félicitée la professeure Marie-Christine Brault, du Département des sciences humaines et sociales à l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle dit s’attendre à présent à des résultats concrets sur le terrain.

«J’ai été agréablement surprise à la lecture du rapport, a-t-elle déclaré en entrevue. Les recommandations restent quand même à un niveau politique; il va falloir aussi sur le terrain aller arrimer, aller faire un canal de communication plus facile entre l’école et le médecin.»

Les recommandations de la CSSS sont formulées à l’intention du gouvernement, qui aura le loisir ou non de les mettre en application. Or, signale M. Gaudreault, la commission a également inscrit dans son rapport qu’elle fera le suivi des recommandations à chaque nouvelle législature.

«Après la prochaine élection, il y aura un suivi des recommandations justement pour ne pas que ça reste sur une tablette, a-t-il dit. À ce moment-là, la commission pourrait se saisir à nouveau d’un mandat, admettons dans deux, trois ans, là on sera plus en mesure d’évaluer l’impact de la pandémie sur le TDAH, par exemple.»