Des diabétiques qui s’étaient déplacés jusqu’à l’Assemblée nationale mercredi pour demander le remboursement de la pompe à insuline se sont dits déçus de la réponse du ministre de la Santé, Christian Dubé. 

« On comptait beaucoup à ce que le ministre soit ouvert à cette possibilité-là, mais il nous a répondu, de façon très vague, que ce n’était pas la priorité du gouvernement », a déploré la présidente de l’Association québécoise des diabétiques de type 1, Sophie St-Pierre.

« Chose, soit dit en passant, qui est dite depuis des années aux associations de diabète, que le diabète ne fait pas partie des priorités du gouvernement. Il serait peut-être temps qu’on laisse une petite place à ces diabétiques-là, qui peuvent apporter beaucoup à la société », a-t-elle ajouté.

À l’heure actuelle, l’achat d’une pompe et ses accessoires représente une dépense d’environ 6000 $ à 10 000 $, a fait valoir à ses côtés le porte-parole de Québec solidaire (QS) en santé, Vincent Marissal.

Il a rappelé que seul un mineur peut faire une demande de remboursement; si vous avez besoin d’une pompe pour la première fois passé l’âge de 18 ans, les frais ne sont pas couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Or, dans son rapport publié en 2022, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) recommandait d’élargir la couverture à tous les adultes.

« C’est une forme d’injustice qui est décriée depuis très, très longtemps, a affirmé M. Marissal. Je n’ai pas été très convaincu par la réponse du ministre qui nous dit: « Oui, oui, bien sûr, sous peu ». Sous peu, c’est une expression que j’ai entendue très souvent. »

Plus tôt dans la journée, lors de la période des questions, M. Dubé avait assuré travailler sur le dossier, déclarant du même souffle qu’élargir la couverture nécessiterait des « sommes excessivement importantes ».

Environ 60 000 Québécois souffrent de diabète de type 1 et dépendent d’injections quotidiennes d’insuline ou d’une pompe à insuline, un appareil portatif permettant d’injecter de l’insuline directement dans l’organisme sans devoir utiliser de seringue.

Comme elle fonctionne continuellement, la pompe permet de maîtriser un diabète instable, de diminuer le nombre d’épisodes d’hypoglycémie, et d’assouplir l’horaire des repas et l’organisation des activités quotidiennes, peut-on lire sur le site web du ministère de la Santé.

« C’est important (de respecter) la capacité des Québécois de payer aussi. On dépense plus de 50 milliards $ en santé, Mme la Présidente. En ce moment, c’est sûr qu’on a des demandes partout », a affirmé le ministre.

Son attaché de presse a plus tard précisé que selon l’INESSS, la demande des diabétiques représentait une dépense pour le gouvernement de 328,8 millions $ sur cinq ans. « On travaille en ce moment sur différents scénarios pour avoir des montants plus précis », a indiqué Antoine De La Durantaye.

Chose certaine, « cette maladie-là, elle est grave, elle est difficile à contrôler, et, maintenant, on a une technologie qui nous permet d’y arriver, alors je ne verrais pas pourquoi les enfants de moins de 18 ans y auraient droit, et pas les adultes, des payeurs de taxes », a réagi Mme St-Pierre.

Un porte-parole de l’Association québécoise des diabétiques de type 1, Pascal Lemieux, a souligné pour sa part que plusieurs autres provinces offraient déjà l’accès universel aux pompes à insuline.

« L’insuline est un médicament tellement dangereux que (…) ça prend deux signatures pour injecter de l’insuline à un patient. Et on demande au patient à la maison de jongler avec ça, alors qu’on a une technologie qui peut prévenir les risques? », s’est-il étonné.

Selon M. Lemieux, la pompe à insuline est un outil essentiel pour améliorer la santé des diabétiques de type 1 et réduire les coûts de santé importants reliés aux éventuelles complications de la maladie.