Homme d'affaires avec des gants de boxe
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Alors que les frontières entre le travail et la vie de famille deviennent de plus en plus floues avec l’essor du travail à distance, les employés ont du mal à s’absenter du bureau et, à la place, prennent des « vacances silencieuses ». 

Selon une récente enquête de Harris Poll, plus des trois quarts (78 %) des travailleurs américains déclarent ne pas utiliser tous leurs congés payés. Cette enquête a révélé que les jeunes travailleurs – en particulier ceux qui font partie des milléniaux ou de la génération Z – étaient plus susceptibles d’éviter de prendre des congés parce qu’ils se sentent obligés de respecter les délais. Ces travailleurs ont également l’impression que le simple fait de demander des congés leur donnera l’impression de ne pas prendre leur travail au sérieux.

Les vacances silencieuses sont le fait d’employés qui ressentent la pression d’être performants au bureau et qui, au lieu de prendre leurs congés payés lorsqu’ils en ont besoin, intègrent leur temps libre à leur journée de travail.

Selon Patricia Hewlin, professeur de psychologie sociale organisationnelle au département d’organisation et de leadership du Teachers College de l’université de Columbia, une culture d’entreprise qui valorise la conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée peut avoir un effet positif sur la tendance à prendre des vacances silencieuses.

« La pression exercée sur les employés pour qu’ils soient toujours présents est un phénomène que l’on continue d’observer dans de nombreux secteurs et entreprises. »

Selon elle, de la même manière qu’il est injuste qu’un employé doive travailler pendant ses vacances, les employeurs devraient se demander dans quelle mesure des vacances silencieuses peuvent nuire à l’éthique de travail de leurs employés.

Janine Pajot, vice-présidente des ressources humaines chez Bayer Canada, affirme que les effets des vacances silencieuses peuvent indiquer que la culture et l’environnement d’une organisation ont besoin d’être modifiés. Selon elle, les dirigeants devraient encourager les gens à prendre des temps d’arrêt.

Dans une déclaration à Benefits Canada, Alison Simpson, vice-présidente des RH chez AstraZeneca Canada s’est dite préoccupée par l’augmentation des vacances silencieuses, compte tenu des efforts déployés par les employeurs pour encourager une utilisation appropriée des vacances. La prévalence croissante sur le lieu de travail pourrait découler de la sensibilisation accrue des employés à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, a-t-elle ajouté, notant que cette sensibilisation pourrait les amener à donner la priorité à leur bien-être personnel au quotidien, sans avoir à justifier leurs congés ou à attirer l’attention sur leur absence.

Les solutions de travail à distance n’ont fait que repousser davantage les limites entre le travail et la vie privée pour de nombreux travailleurs, a-t-elle souligné. L’équipe de Mme Simpson envoie des rappels aux employés pour qu’ils se reposent et se rechargent de leur travail. Elle fournit des ressources pour prendre soin de soi par l’intermédiaire d’un centre de bien-être numérique. « La peur d’être perçu comme improductif, de laisser tomber ou de ne pas être à la hauteur peut conduire certains à opter pour des vacances silencieuses afin d’éviter un examen ou un jugement potentiel de la part de leurs responsables. »

Il y a quelques années, l’équipe de Mme Pajot a créé une dénomination pour les jours de travail proches d’un congé personnel ou d’un jour férié, dans l’intention de sensibiliser aux attentes concernant ces occasions de se déconnecter du travail. Son équipe a également renforcé sa politique visant à limiter le report des jours de vacances afin d’inciter les employés à prendre leurs congés.

« Nous demandons aux gens de limiter le nombre de réunions, de faire uniquement celles qui sont nécessaires [et] de limiter le nombre de courriels où l’on demande aux gens de faire quelque chose à la suite d’un long week-end… L’objectif est que tous les employés et les dirigeants fassent attention à ce qui brouille les limites. »

Ce texte a été publié initialement sur Benefits Canada.