La santé mentale des travailleurs a atteint son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie, plombée par un sentiment d’isolement toujours plus grand, révèle la dernière mise à jour de l’Indice de santé mentale de Morneau Shepell.

Le score s’établissait en décembre à -11,8 par rapport au score de référence de 75 antérieure à la crise de la COVID-19. La situation s’est donc légèrement détériorée depuis novembre, où ce score était de -11,1. Plusieurs scores secondaires comme l’optimisme et l’isolement ont également enregistré une baisse marquée, ce qui les place maintenant à un niveau inférieur à ceux atteints lors du sommet de la première vague, en avril.

« Notre santé mentale collective est très compromise, soutient Stephen Liptrap, président et chef de la direction de Morneau Shepell. Il est plus essentiel que jamais de faire un effort conscient pour être solidaires les uns envers les autres et, dans le cas des employeurs, de mettre l’accent sur la santé mentale et physique afin d’assurer que les employés se sentent écoutés et soutenus, puisque la pandémie ne s’essouffle pas. »

Les employés ne sont pas seulement inquiets pour leur propre santé psychologiques, 36 % d’entre eux se disent aussi préoccupés par celle de l’un de leur collègue. Faisant face à la tension supplémentaire associée à la gestion dans une période de turbulence prolongée au travail, 35 % des superviseurs indiquent être inquiets de la santé mentale des employés. Plus du quart d’entre eux soutiennent en outre que leurs employés sont moins productifs qu’en 2019.

Selon Morneau Shepell, ces données suggèrent qu’il pourrait y avoir des effets nuisibles et durables sur la santé psychologique de la main-d’œuvre canadienne.

Manque de repos

En raison des restrictions liées aux voyages et au télétravail qui complique la conciliation travail-famille, près de la moitié des répondants (46 %) indiquent ne pas avoir pris tous leurs jours de vacances en 2020, comparativement à seulement 36 % qui les ont tous utilisés. Or, les employés qui n’ont pas droit à des congés payés obtiennent le score de santé mentale le plus faible.

« Bien que nous voyions des chiffres globalement positifs pour la productivité, il est important de comprendre qu’ils résultent de nombreuses heures supplémentaires, prévient Paula Allen, directrice mondiale et première vice-présidente, recherche et mieux-être global à Morneau Shepell. Si on se penche sur les détails, on voit qu’en fait, la productivité diminue. »

Les données montrent en effet que les employés qui ont moins de temps pour se reposer et prendre soin d’eux sont plus susceptibles de souffrir de troubles de santé mentale et d’être moins productifs. Les résultats financiers des entreprises finissent eux aussi par souffrir d’une telle situation, poursuit Mme Allen.

Le rapport souligne finalement que plus de la moitié des consommateurs (57 %) sont très sensibles à la façon dont les entreprises traitent leurs employés.