La pandémie de COVID-19 s’est traduite par une forte hausse de la consommation de médicaments liés à la dépression.

La survenue de la pandémie a eu un effet choc sur le recours aux prestations de santé parmi les participants de régimes couverts par RBC Assurances.

En avril 2020, le taux d’utilisation des psychologues a connu une baisse de 10,2 %, tandis que celui des autres praticiens paramédicaux a chuté de 29,1 %, indique le rapport sur l’État de la santé mentale des membres de régime, publié par RBC Assurances.

Mais il serait erroné de tirer une conclusion hâtive. « En avril et mai, nous avons remarqué une baisse significative du nombre de personnes qui ont tenté d’obtenir des services, commente Dr Sylvain Roy, psychologue clinique, directeur des initiatives stratégiques chez Strata Health. Mais le besoin était là. »

La moindre utilisation des services des psychologues était à contre-courant de besoins en très forte hausse. « Il y a eu beaucoup de problèmes, cela ne fait aucun doute, affirme Paula Allen, vice-présidente principale de la recherche et du bien-être total chez Morneau Shepell. Les gens vivaient beaucoup d’anxiété et ils étaient moins optimistes. » Malgré cela, le taux d’utilisation  des psychologues a nettement baissé.

À la suite du printemps confiné de 2020, c’est même une vague qui a déferlé sur les prestations de santé. La période de mars à décembre 2020 a donné lieu à une augmentation notable du nombre de demandeurs de règlement pour des services paramédicaux liés à un problème de santé mentale. Les membres des régimes ont été 49,3 % plus nombreux qu’un an plus tôt à recourir aux psychothérapeutes, et 12,34 % de plus à s’adresser aux travailleurs sociaux.

Aussi, le recours aux médicaments a connu une flambée. « En septembre 2020, Express Scripts Canada a signalé une hausse de 20 % du nombre de demandes de remboursement de médicaments liés à la dépression depuis le début de l’année, par rapport à la période de janvier à août 2019 », signale le rapport de RBC Assurances.

Fin août 2020, les demandes de règlement liées à la santé mentale avaient déjà atteint 97 % du nombre total de demandes de règlement de l’année précédente.

Les besoins venaient de s’exprimer clairement, avec un décalage de quelques mois après le confinement du printemps 2020. L’an passé, l’utilisation mensuelle de médicaments a augmenté de 18 % en mai, 29 % en juin et 16 % en juillet, avant de diminuer en août puis de repartir à la hausse chaque mois jusqu’à la fin de l’année.

« L’avenir nous dira si le remplacement du counseling par l’utilisation du régime d’assurance médicaments est là pour durer, pointe le rapport. Les données dont nous disposons en ce moment pourraient suggérer qu’il s’agit de préférences individuelles ou d’un manque d’accès physique à des thérapeutes. »

Si la réponse définitive sera plus claire lorsque les donnée seront disponibles, l’année de l’arrivée de la pandémie pourrait cependant marquer un tournant. En 2020, deux Canadiens sur trois disaient qu’ils consulteraient (assez ou très) probablement un professionnel de la santé mentale pour les problèmes auxquels ils sont confrontés, alors qu’ils n’étaient que 50 % à être prêts à le faire un an plus tôt.

Et les besoins liés à une situation professionnelle ne devraient pas être sous-estimés. Dans les demandes de soutien au titre du programme d’aide aux employés, un appelant sur trois estime qu’il court un risque de surmenage professionnel. « C’est énorme. Toutes les composantes de notre indice indiquent que nous courons un risque très élevé en tant que population », s’inquiète Paula Allen.