
Le suivi technologique des émotions sur le lieu de travail fait peser des risques sur le bien-être des travailleurs, met en garde un rapport.
Les systèmes de reconnaissance des émotions sont de plus en plus déployées sur les lieux de travail, souvent avec l’objectif d’améliorer la sécurité, la productivité et le bien-être des employés.
Or, l’utilisation de ces technologies basées sur l’intelligence artificielle (IA) représente une menace potentielle sur le bien-être des travailleurs, selon une étude britannique de l’Institute for future of work (IFOW), rapporte Workplace Insight.
L’étude s’appuie sur des recherches, des entretiens et des enquêtes pour établir ce constat.
L’utilisation de ces technologies consiste à surveiller les états physiologiques et émotionnels des personnes, pour alimenter en données les systèmes de gestion algorithmique. Cela permet à l’organisation d’éclairer les décisions sur la répartition des tâches, l’évaluation des performances et même l’embauche ou le licenciement.
Ces technologies permettent désormais mesurer la charge cognitive, de détecter les émotions et de suivre le stress, la fatigue et les niveaux d’attention. Bien que l’adoption de ces outils promette d’optimiser l’efficacité du lieu de travail, elle inaugure également une ère de surveillance et de contrôle sans précédent sur les travailleurs, prévient l’étude.
L’étude révèle notamment que moins de 10 % des répondants pensent que ces technologies ont un impact positif sur leur santé, leur sécurité ou leur bien-être. Au contraire, environ 45 % des travailleurs interrogés sont en désaccord, signalent un stress accru et disent manquer d’un environnement de travail favorable.
Les auteurs de l’étude appeler à un encadrement légal du déploiement de ces dispositifs, afin que ces outils soient utilisés de manière responsable. Les travailleurs devraient ainsi être protégés contre la surveillance excessive des fonctions cognitives et émotionnelles. Les employeurs devraient faire preuve de transparence sur la manière dont ils utilisent les données.
De telles technologies peuvent contribuer à atteindre des résultats favorables au bien-être des employés, à condition que la réglementation écarte les risques, pointent les auteurs de l’étude. Par exemple, les outils de surveillance de la fatigue peuvent prévenir les accidents; de même que l’analyse émotionnelle peut aider les employeurs à concevoir de meilleurs environnements de travail.